« Tu es dangereuse. Je ne peux pas te laisser mon fils. »

Michelle (Hélène Vincent), une grand-mère bien sous tous rapports, vit sa retraite paisible dans un petit village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude (Josiane Balasko). A la Toussaint, sa fille Valérie (Ludivine Sagnier) vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour la semaine de vacances. Mais rien ne se passe comme prévu. 

Un an après le réjouissant et vaudevillesque Mon crime, François Ozon nous offre un nouveau film, avec cette fois-ci une ambiance simenonienne à souhait. Si ce réalisateur français parvient toujours à nous surprendre par la diversité de ses registres, il me semble qu’une thématique en particulier revient de façon récurrente au sein de sa filmographie : les relations familiales, plus ou moins apaisées.

Un cadre doux et apaisant 

La tranquillité avant le drame, telle est l’impression que l’on ressent devant les premiers plans de Quand vient l’Automne. En effet, le son des cloches d’une église de village nous amène progressivement à l’intérieur de ce bâtiment, où un prêtre proclame un discours écouté attentivement par Michelle, l’héroïne du film. Nous la voyons ensuite vaquer à ses occupations, du jardinage à la cuisine, ses habitudes entrecoupées d’un appel de sa fille (Ludivine Sagnier), dont la visite avec son fils Lucas (Garlan Erlos) est attendue le lendemain. L’amie de Michelle, Marie-Claude (interprétée par Josiane Balasko), fait ensuite son apparition, alors que la septuagénaire l’amène rendre visite à son fils Vincent (Pierre Lottin), incarcéré dans un centre de détention… 

François Ozon prend le temps dès les premières scènes d’installer à la fois le décor (la Bourgogne, la campagne, la maison de Michelle) et les personnages principaux (ils ont déjà chacun leur place au sein du récit, même si certains d’entres-eux ne sont pas encore visibles à l’écran comme Valérie, Lucas et Vincent). Le lendemain matin, jour de l’arrivée de sa fille et de son petit-fils, Michelle part cueillir des champignons avec Marie-Claude. Elle prévoit d’en cuisiner pour le déjeuner… et les prépare dès son retour à la maison. Cette cueillette qui fera basculer la quiétude des premières scènes en règlement de compte familial sera l’élément déclencheur de l’histoire, avant qu’un événement dramatique ne vienne perturber l’ensemble de façon plus brutale encore. Le réalisateur distille par ailleurs de façon progressive des détails et informations qui serviront d’indices au sein du récit, que les spectatrices et spectateurs les plus attentifs sauront déceler.

Entre apparitions et disparitions

Au cours de la deuxième partie du film, François Ozon joue avec les apparitions et disparitions des personnages. 

Tout d’abord, le fils de Marie-Claude, Vincent, sort de prison et retourne vivre chez sa mère. Sans le sou, il accepte la proposition de Michelle qui consiste à travailler pour lui. Une relation assez forte semble présente entre ces deux personnages, à l’opposé de celle, très tendue, entre Michelle et sa fille Valérie. De même, l’héroïne est désireuse de garder contact avec son petit-fils, alors même qu’elle est contrainte d’être séparée de lui, ce qui consiste en un premier éloignement. Nous comprenons à demi-mot d’abord, puis explicitement ensuite, que des événements du passé de Michelle ont probablement eu des répercussions négatives sur Valérie, dont la dureté nous étonne au premier abord. 

L’intrigue qui s’ajoute ensuite à l’ensemble n’est que le résultat de ces tensions sous-jacentes, libérées en quelque sorte lors de l’événement des champignons. Hélène Vincent interprète de façon subtile ce personnage de femme bien plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord, tandis que Pierre Lottin brille à l’écran par sa présence ambigüe et inquiétante. Par petites touches, et au sein d’un scénario bien ficelé, François Ozon nous prouve une fois de plus qu’il sait passer d’un genre à l’autre sans temps morts et de façon habile, ceci avec une direction d’actrices et d’acteurs irréprochable, au sein d’une mise en scène dynamique et attentive aux moindres détails.

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