S’inspirant des débris de la longue période de transition de la Roumanie, le film parle d’amour et de mort, du corps humain et de sa fragilité, du naturel et du surnaturel et bien sûr, du socialisme et du capitalisme.
Avec Eight Postcards from Utopia (Opt ilustrate din lumea ideală), Radu Jude et Christian Ferencz-Flatz proposent un documentaire réalisé exclusivement à partir de séquences publicitaires roumaines post-socialistes. Un film probablement beaucoup plus facile à apprécier si on a grandi en Roumanie.
100% publicités
Oscillant entre poésie trouvée et encyclopédie désuète, cette œuvre voit Radu Jude s’associer au philosophe Christian Ferencz-Flatz pour une nouvelle critique du métacapitalisme.
Afin de créer une oeuvre qui fonctionne, les deux hommes ont rassemblé les séquences par thèmes allants de « l’homme et la femme » à « Histoire des Roumains », en passant par « Money talks » [L’argent parle]. Ce dernier étant probablement le segment offrant le plus clairement la critique de la société qu’on retrouve dans le film. Cette séquence commence d’ailleurs par un homme qui tourne une publicité dans laquelle il répète encore et encore qu’on cherche tous à multiplier notre argent.
Pour ceux qui connaissent bien la société roumaine tant passée qu’actuelle, ces publicités ont une signification que ce soit simplement un souvenir, ou que ce soit une vision de leur société. Certaines des publicités sont d’ailleurs choquantes lorsqu’on les regarde d’un œil moderne. Et même que certaines auraient choqué les Nord-américains à l’époque.
Pas convaincant
Cela étant dit, le message n’est pas nécessairement clair. De plus, soyons honnêtes, par moment on s’emmerde vraiment à regarder des extraits de publicités pendant 70 minutes. Même pour une personne qui, comme moi, aime beaucoup regarder des pubs par plaisir ou pour les analyser, ça finit par être long.
Le concept est effectivement parfait dans un cadre expérimental. Mais je dirais que l’expérimentation montre qu’il y a une limite à ne pas dépasser lorsqu’on fait un montage de vieux matériel, au-delà duquel il faut ajouter des éléments contextuels, sinon on s’y perd. Je crois que si les réalisateurs avaient ajouté un peu de contexte par moments, le film serait plus en mesure de toucher le public à l’extérieur de la Roumanie. Je ne sais pas non plus s’il touche la cible à l’intérieur des frontières de son pays.
Et comme il s’agit d’archives, on se retrouve avec le même problème qu’on retrouve dans chaque film du genre : l’image est souvent de très mauvaise qualité, ce qui nuit aussi à l’appréciation du spectateur.
Un peu plus…
On ne peut pas dire que Eight Postcards from Utopia est particulièrement bon. Il reste ennuyant et pas assez clair pour qu’on puisse bien saisir. Mais ses huit tableaux restent un bel essai cinématographique.
Mais ce documentaire se retrouve au bon endroit, au FNC, puisqu’il est un bel exemple de ce qu’il est possible d’essayer lorsqu’on n’a pas peur de prendre des risques. Radu Jude est un des réalisateurs les plus éclatés en ce moment, et je continuerai à voir tout ce qu’il produit.
