« I mean, Lorne, 90 minutes of live television by a group of 20-year-olds who’ve never made anything! Do you ever stop and wonder why they said yes? A counterculture show starring total unknowns with zero narrative and even less structure! They want you to fail. » [Seigneur, Lorne, 90 minutes de télévision en direct par un groupe de jeunes dans la vingtaine sans expérience! Est-ce que tu t’es déjà arrêté pour te demander pourquoi ils ont dit oui? Une émission de contre-culture mettant en scène des inconnus avec aucune narration et encore moins de structure! Ils veulent que tu échoues.]
Saturday Night Live, ou SNL, fêtera bientôt son 50e anniversaire. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, l’émission a un statut culte et est connue à travers le monde. Plusieurs acteurs et comédiens américains ont été révélés au public sur les planches de SNL, que se soit Chevy Chase ou Dan Aykroyd (interprétés dans le film par Cory Michael Smith et Dylan O’Brien respectivement dans le film) en passant par Eddie Murphy, Mike Myers, Adam Sandler, Tina Fey, Amy Poehler, Jason Sudeikis ou Andy Samberg, pour n’en nommer que quelques-uns. L’émission a aussi permis la création de quelques films, comme Blues Brothers, Une nuit au Roxbury, Wayne’s World, les Coneheads, etc.
Mais avant de devenir l’émission qu’elle est aujourd’hui, avant ses productions, sa réputation et son legs, il y a eu la première émission diffusée à la télé. Ce film relate les 90 minutes avant le début de cette émission.
Filmer le chaos
Pour quelqu’un qui n’a jamais été sur un plateau de tournage, de film ou d’une série télé, il est parfois difficile d’expliquer l’ambiance qui peut y régner. Or, la réalisation de Jason Reitman retranscrit avec brio le stress, l’excitation et l’énergie qui émane de ce genre d’environnement. Même les connaisseurs ne pourront que se laisser entraîner par cette caméra fébrile, toujours en mouvement, qui suit ses personnages à travers les couloirs et pièces du fameux 30 Rockeffeller Plaza.
Les décors, l’éclairage et le fait de tourner en pellicule 16 mm, donnant ainsi un petit aspect vieillot à l’image, capture bien le style et l’ambiance des années 70, où les gens fumaient partout, les mœurs étaient plus libertines et où la drogue était clairement un outil de création pour les gens de SNL.
La musique de Jon Batiste (qui a également le rôle du musicien Billy Preston dans le film) accompagne très bien le rythme frénétique du film, sachant garder la tension au fur et à mesure que l’heure avance.
Ode au capitaine
Jason Reitman, le réalisateur et coscénariste du film, est le fils de Ivan Reitman, connu principalement pour avoir réalisé les films Ghostbuster. Ivan Reitman a souvent collaboré et travaillé avec des acteurs et actrices qui ont foulé les planches de SNL. Il n’est donc pas surprenant que son fils, Jason Reitman, ait une affection particulière pour cette émission et les gens qui y ont travaillé.
Cette affection est particulièrement visible avec le personnage de Lorne Michaels (joué par Gabrielle LaBelle), à qui on doit la création de SNL. Si Jason Reitman donne le temps à chaque personnage d’avoir son moment de briller, jamais la lumière ne qui Lorne Michaels, qui tient la barre de son navire malgré la tempête qui ne cesse de grossir, au fur et à mesure que l’heure fatidique de 11h30 approche. Il est impressionnant de voir la force, la volonté et la foi que cet homme avait envers sa vision, parfois à ses dépens. Judicieusement, le réalisateur ne met pas son personnage principal sur un piédestal. On le voit hésiter et manquer d’assurance par moment comme lorsqu’il est incapable de choisir comment couper son émission qui a 3h de contenu à seulement 1h30, s’engueuler avec les membres de l’équipe ou ne pas être capable de faire signer le contrat d’un de ses acteurs.
C’est dans ces moments de faiblesse de Lorne Michaels que les autres personnages peuvent se permettre de briller, en tentant de trouver des solutions, en aidant Lorne à se calmer et focuser ou en tenant tête à la responsable de la censure. Permettant ainsi de montrer que SNL n’est pas l’œuvre d’un seul homme, mais qu’il a toute une équipe avec lui, qui croit en son projet et qui veut le voir réussir.
Si parfois Lorne Michaels voyait trop grand, cela n’empêchait pas les gens autour de lui de tout faire pour concrétiser sa vision et ce dernier leur donnait la liberté de le faire.
« The show doesn’t go on because it’s ready; it goes on because it’s 11:30. » [L’émission ne commence pas parce qu’elle est prête. Elle commence parce qu’il est 11:30.]
Lorne Michaels
Cette citation célèbre de Lorne Michaels représente bien le film. Elle représente l’effervescence de la création, la prise de risque et la foi en son projet. Un bon film qui peut plaire à tous ceux et celles qui connaissent ou non Saturday Night Live.
