« The vibration of Buffalo hooves was once felt in our bones. The silence when they were gone cut us deeply. Indigenous peoples have experienced waves of trauma, including epidemics and genocide. What is often called the disappearance of the buffalo hides the truth. It was genocide of the buffalo People done to clear us both off the land and replace us with cattle and settlers. »
[Les vibrations des sabots des bisons étaient autrefois ressenties jusque dans nos os. Le silence lorsqu’ils sont partis nous a profondément blessés. Les peuples autochtones ont connu des vagues de traumatismes, incluant des épidémies et des génocides. Ce qui est souvent appelé la disparition du bison cache la vérité. C’était un génocide du bison. Ils ont cherché à se débarrasser de nous et à nous remplacer par du bétail et des colons.]

À une époque où l’environnement est en grande dégradation et où règne l’incertitude, le bison peut nous conduire vers un avenir meilleur. Après une histoire récente sombre, les troupeaux de bisons d’Amérique du Nord attendent leur retour, aidés par des militants, des dirigeants et des communautés autochtones dévoués, dont la cinéaste crie primée Tasha Hubbard (nîpawistamâsowin : We Will Stand Up). En collaboration avec l’aîné pied-noir Leroy Little Bear, Hubbard tisse une histoire intime des liens de l’humanité avec le bison et révèle avec éloquence comment leur retour dans les Grandes Plaines peut effectivement inaugurer une nouvelle ère de durabilité et d’équilibre. Au cours de son voyage, Hubbard explore les défis auxquels sont confrontés les alliés du bison et partage les mesures positives déjà prises vers l’objectif ultime – mais incertain – du rapatriement des bisons. 

Richement visualisé et profondément édifiant, Singing Back the Buffalo est une réinvention épique de l’Amérique du Nord à travers le prisme de la conscience du bison et un rêve puissant de ce qui est à notre portée.

Le documentaire réalisé par Tasha Hubbard, Crie originaire de la Première Nation Peepeekisis, pose un regard majestueux sur le bison et sur la place occupée par celui-ci dans la vision du monde des peuples autochtones des Prairies, notamment. 

Un horizon pour nous rappeler notre petitesse

L’introduction du documentaire évoque un pelage en mouvement plongeant ainsi le public d’emblée dans le cœur du propos. Dans Singing Back the Buffalo, il est question de réappropriation, de retour aux traditions et aux valeurs ancestrales liées à la place du bison dans les Premières Nations, notamment celles des Prairies. 

Les plans sont grandioses et nous placent devant un territoire qui s’étend sans jamais atteindre l’horizon. Les couleurs évoquent une nature intouchée, qui n’appartient à personne et qui s’inscrit dans un cycle d’interdépendance, de réciprocité. Plusieurs témoignent de la place du bison dans leur culture se remémorant avec tristesse des chants, des sons qui semblent avoir disparu depuis trop longtemps.

Buffalo People

À l’instar des peuples autochtones au Canada, les peuplements de bisons ont subi un sort semblable. Plus précisément, pour de nombreuses personnes intervenant tout au long du documentaire, les bisons et les peuples autochtones ont été à la merci de différentes politiques gouvernementales dont l’intention était de faire disparaître deux peuples – les Buffalo People et les peuples autochtones. 

Le documentaire insiste sur la force des communautés alors que celles-ci s’allient afin de signer le traité du bison en s’engageant à faciliter la circulation fluide des bisons des deux côtés de la frontière – américaine et canadienne. Les efforts communs visent le retour des bisons sur les terres ancestrales.

Un retour au territoire

Tout au long du documentaire, la caméra suit différentes hardes de bisons. Celles-ci sont réintroduites dans leurs territoires ancestraux, ceux desquels différentes instances – gouvernementales et militaires – les ont dépossédé. Les bisons sont montrés dans leur quotidien, ce qui rappelle leur rôle crucial dans un écosystème fragile. Des transports sont organisés par les communautés pour un déplacement sécuritaire et dans le respect des bêtes. Celles-ci sont des êtres du territoire qu’elles ont occupé pendant des siècles avant l’arrivée des colons. Redonner la liberté au bison passe par l’accès au territoire qui a été coupé, souvent damé par des limites politiques. 

Une longue lutte mise en lumière par le documentaire permet d’observer le bison qui reprend graduellement sa place dans le territoire, ramenant ainsi un espoir pour un équilibre à chérir.

Bande-annonce