« Le taux de criminalité est nul, ici! »
Par une nuit noire, un père de famille est témoin d’un événement singulier : des hommes font entrer deux filles de seize ans dans une voiture et roulent ensuite vers la jungle. Le lendemain, l’une de ces filles est retrouvée morte, tandis que la deuxième est portée disparue. Rien de tel ne s’était jamais produit auparavant dans cette petite ville des Philippines. Sise au bord de la mer dans la province de Batangas, Matangtubig est un endroit serein et la criminalité y est pratiquement inexistante (ou peut-être pas tout à fait). C’est un choc pour la population. On organise des recherches et des vigiles. Les médias arrivent de Manille afin de faire la lumière sur la criminalité montante à Matangtubig. Et l’unique témoin oculaire, dans tout ça? Il a une grave décision à prendre : garder le silence ou bouleverser sa communauté pour toujours…
Le troisième long métrage de Jet Leyco, Town in a lake, est un thriller à l’atmosphère étrange.
Bien que l’on parle de film de genre, ici, il y a tout de même une certaine critique sociale dans Town in a lake. Le réalisateur s’en prend au grand cirque médiatique (et même politique) qui se met en branle sitôt que survient une tragédie comme la disparition d’un enfant.
Et dans le cas qui nous intéresse, les journalistes sont particulièrement envahissants, voire méchants. Ce qui reflète malheureusement bien la triste réalité. Il ne s’écoule pas une semaine sans qu’un journaliste trop zélé aille voir une pauvre mère éplorée ou une personne qui vient de perdre un proche afin d’avoir ses « impressions ».
Malheureusement, ce n’est pas le volet social qui transcende dans Town in a lake. C’est son mystère, plutôt intéressant, au dénouement garroché. Hé oui. C’est à croire que Leyco ne savait pas trop quoi mettre entre son revirement de situation et son dénouement. Et qu’il a donc choisi de ne rien mettre…
C’est dommage. Surtout que cette fameuse fin est… « poche ». Je ne veux pas trop en dire, car le film sera présenté pour le public dans les jours à venir, mais, pour moi, ça gâche tout.
Disons qu’après 75 minutes à élaborer une intrigue tout de même intéressante et surtout à bien nous amener à nous questionner sur ce qui a bien pu arriver à cette pauvre fille, on est en droit de s’attendre à plus.
Somme toute, Town in a lake, c’est l’histoire d’un deuil et de tout le sensationnalisme médiatique qui peut s’y attacher. Lorsque des journalistes s’en prennent à une pauvre femme qui vient de perdre sa fille afin de savoir si cette dernière n’avait pas une relation homosexuelle avec la fille qui vient d’être retrouvée morte et violée… ça lève le cœur. Voilà ce qui est effrayant ici.
Note : 6.5/10
* Le film sera projeté à Fantasia les 25 et 27 juillet.
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