« Is it scary being an FBI agent? »
[Est-ce effrayant d’être agent du FBI ?]
Longlegs, le dernier thriller horrifique d’Osgood « Oz » Perkins, promet de révolutionner le genre. Avec Nicolas Cage et Maika Monroe (It Follow) en tête d’affiche, un scénario intrigant et une campagne marketing percutante, le film a tous les ingrédients pour devenir un classique instantané.
L’histoire suit Lee Harker, une agente du FBI novice (incarnée par Maika Monroe), qui traque Longlegs, un tueur en série opérant selon un modus operandi aux connotations sataniques. Lee semble étrangement si liée à la psyché du meurtrier qu’elle doit l’arrêter avant qu’il ne fasse d’autres victimes parmi des familles innocentes.
Pourtant, comme souvent à Hollywood, les attentes élevées ne correspondent pas toujours à la réalité.
Dès les premières minutes, Longlegs nous plonge dans une atmosphère oppressante et anxiogène. Une petite fille, intriguée, sort de sa maison isolée pour inspecter une voiture mystérieuse garée à la lisière de la forêt. La tension est palpable.
Osgood Perkins crée une ambiance lugubre dès le début, avec des choix de cadrage qui mettent en valeur l’isolement et le danger imminent. Nicolas Cage, en tueur en série surnommé « Longlegs », fait son apparition sans que l’on voie son visage, sa voix seule suffisant à nous glacer le sang.
Longlegs se distingue par sa mise en scène et son atmosphère oppressante. Andres Arochi, le directeur photo, maîtrise remarquablement les techniques cinématographiques pour créer une expérience immersive et angoissante. Dès les premières minutes, la lente progression de la caméra instaure une ambiance lugubre. Arochi utilise la lumière de manière inventive, jouant avec les ombres et les reflets pour ajouter une dimension presque surréaliste à chaque scène. Les mouvements de caméra ajoutent à la tension, permettant aux spectateurs de s’immerger pleinement. La caméra explore les espaces avec une fluidité hypnotique, chaque plan étant conçu pour maximiser l’angoisse et l’inconfort du spectateur.
Les décors minutieusement choisis renforcent cette sensation de malaise. Des maisons isolées aux granges décrépites en passant par les routes désertes, chaque lieu contribue à l’atmosphère étrange et inquiétante du film. Le son est utilisé de manière subtile, mais efficace pour intensifier l’angoisse. Les silences jouent un rôle tout aussi important, plongeant le spectateur dans un calme inquiétant qui rend les moments de rupture encore plus percutants.
Longlegs tente d’explorer plusieurs thématiques profondes, et c’est là que le film montre son ambition. La connexion entre Lee Harker et le tueur Longlegs est censée symboliser la dualité du bien et du mal, et comment ces deux forces peuvent coexister dans une même personne. Cette tentative de réflexion sur la nature humaine et ses contradictions est louable et ajoute une couche intéressante au récit. Une autre thématique récurrente dans le cinéma de Perkins est la confrontation avec soi-même. Lee Harker, tout comme les héroïnes des films précédents de Perkins (The Blackcoat’s Daughter et I Am the Pretty Thing That Lives in the House), est forcée de faire face à ses propres démons intérieurs autant qu’à l’horreur extérieure.
Cette introspection ajoute une dimension psychologique au film, invitant le spectateur à s’interroger sur la nature des peurs et des traumatismes personnels.
Cependant, ces explorations thématiques manquent souvent de profondeur et de nuances. La connexion entre Lee Harker et Longlegs, bien que conceptuellement intrigante, reste superficielle et sous-exploitée. La dualité du bien et du mal, au cœur de cette relation, n’est jamais pleinement développée, laissant un peu une impression d’inachevé.
Nicolas Cage est connu pour ses performances excentriques et son style de jeu souvent qualifié de « Kabuki ». Ici, il pousse cette approche à l’extrême, créant un personnage à la fois captivant et déroutant. Dans le rôle de Longlegs, Cage incarne un tueur en série qui semble tout droit sorti d’un cauchemar. Dès son apparition, son look unique – des lèvres pastel pêche, une peau pâle et des vêtements sombres – capte immédiatement l’attention. Cette transformation physique est accentuée par des mouvements et des gestes exagérés qui ajoutent une dimension théâtrale à son personnage. Ses gestes, souvent amples et délibérés, créent une impression d’étrangeté, comme s’il évoluait dans un monde parallèle au nôtre.
Cage utilise également sa voix de manière singulière pour donner vie à Longlegs. Ses intonations varient entre des chuchotements glaçants et des cris soudains, créant une atmosphère de tension constante. Cette modulation vocale contribue à l’aura d’imprévisibilité du personnage, mais elle peut aussi sembler forcée et artificielle, détournant l’attention de l’intrigue principale.
Avec ce personnage, Cage propose une performance audacieuse et excentrique qui suscite à la fois fascination et perplexité. Son approche unique donne au personnage une dimension surréaliste, mais elle met également en lumière les faiblesses du scénario. Que l’on considère Cage comme un génie incompris ou comme un acteur exubérant s’amusant avec un rôle improbable, il est indéniable que sa présence marque durablement ce film.
Qu’on l’adore ou qu’on la déteste, la performance de Cage dans Longlegs est inoubliable.
Au final, la véritable question est : la performance excentrique de Nicolas Cage dans Longlegs renforce-t-elle ou affaiblit-elle l’impact émotionnel et narratif du film?
Le principal défaut de Longlegs réside dans son scénario. Malgré une mise en scène ambitieuse et une direction artistique impeccable, l’histoire reste aussi superficielle qu’une flaque d’eau après la pluie. Le marketing avait vendu ce film comme un thriller psychologique complexe, à la manière de The Silence of the Lambs. Cependant, là où le chef-d’œuvre de Jonathan Demme brillait par sa profondeur et ses personnages bien développés, Longlegs échoue à livrer une intrigue cohérente. Les personnages manquent de substance, et les motivations du tueur restent floues et mal définies.
Malgré ces faiblesses, Longlegs dégage une certaine audace et une volonté d’explorer des territoires inédits. Le film présente une mise en scène soignée et une atmosphère unique, rappelant parfois le travail d’un réalisateur en début de carrière, avec toutes les maladresses et les ambitions démesurées que cela implique. Cependant, il serait un peu injuste de ne pas reconnaître les qualités indéniables de ce film. Longlegs est actuellement en salle. Allez-vous vous laisser tenter?
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MAKE YOU SMILE
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FRIEND OF A FRIEND
OF A FRIEND
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième