Épisode 5 de 5
Nous y voici! Le dernier épisode de cette superbe série qui nous aide à mieux comprendre le passage du temps chez les animaux. Et, du coup, chez l’humain…
Dans ce dernier épisode, nous explorons les facteurs qui conduisent au dernier repos : maladies, blessures, prédation, sécheresse, famine. Certaines espèces, comme le rat-taupe nu, ne sont pas immortelles, mais semblent pouvoir se prémunir efficacement de certaines maladies comme le cancer. Nous abordons ici un sujet sensible qui, en filigrane, nous ramène à notre propre finitude. Pouvons-nous tirer quelques enseignements des animaux? Nous tentons aussi de comprendre les comportements d’espèces qui réagissent fortement à leurs défunts, tels les éléphants et les corneilles. Nous suivons des animaux dans leurs derniers souffles, non pas en voyeurs, mais en spectateurs attentifs au renouveau de la vie.
Évidemment, où il y a vie, il y a mort. Il s’agit de la plate réalité. Mais il semble que nous ne sommes pas les seuls à être sensibles à la perte d’un « proche ». Alors que pour d’autres, la mort n’est pas appréhendée, mais un simple fait, sans questionnement.
Ce saumon du Pacifique nage vers son destin. Il est gras et plein d’énergie, prêt à se reproduire. À partir de son entrée dans sa rivière natale, il ne mangera plus et vivra un vieillissement galopant. Son corps rougira. Sa mâchoire se déformera. En deux-trois semaines, il sera devenu un vieillard à l’article de la mort. Et comble de l’ironie, il mourra de noyade. Mais entre-temps, il se sera reproduit.
Drôle de fin pour un poisson que de se noyer. Ce saumon se comporte d’une façon difficile à imaginer pour nous, humains. À sa première occasion de reproduction, il se lance dans une lutte effrénée qui le mènera possiblement à la reproduction, mais surtout à une mort certaine. Il déploiera toute l’énergie qui lui est possible d’aller chercher, et cessera de se nourrir pour atteindre l’objectif final. Puis, quelques mois après, une nouvelle génération prendra la relève et se dirigera vers l’océan afin de revenir quelques saisons plus tard et poursuivre cette étrange tradition.
La bête impressionne. Malgré sa taille et sa force, l’orignal est une proie. Sa chair est prisée des chasseurs et quand il s’en sort vivant, les loups le pourchassent. Mais son pire ennemi est le froid et la neige. S’il n’a pas accumulé une bonne réserve de graisse, il ne passera pas l’hiver. Mais sa mort n’est pas vaine. Dans la nature, rien ne se perd, tout se transforme.
En effet, l’orignal sert de nourriture à une grande quantité d’espèces du Nord canadien. Les loups l’aiment lorsqu’il est frais, tout comme l’homme qui le chasse pour sa chair ou par simple plaisir (malheureusement). Lorsqu’il est moins frais, ce sont les corbeaux et autres charognards qui s’en chargent.
L’animal est unique. Il vit sous terre, comme une taupe. Sa peau est nue, comme celles des humains. C’est le seul mammifère qui vit comme les abeilles, les fourmis et les termites. Encore plus étrange, il ne semble pas connaître le cancer. Des scientifiques croient avoir trouvé son secret.
Oui, il est incroyablement laid! Mais il vit aussi incroyablement longtemps : 30 ans pour ce genre de mammifère, c’est une éternité. Et, comme les abeilles, c’est la femelle qui est la reine et qui possède son harem de mâle. Est-ce là le secret? 😉 J’en doute…
Depuis 10 000 ans, depuis la fin de la dernière glaciation, le béluga nage dans le Saint-Laurent. Mais ces jours semblent comptés. De 10 000 au début du vingtième siècle, ils ne sont plus que 1000. Et dernièrement, les jeunes meurent de causes mal définies. On pointe du doigt la pollution, l’augmentation du trafic maritime et les changements climatiques. Cette population pourrait bien disparaître à jamais du grand fleuve. Une mort annoncée?
Ce grand nageur n’est aucunement une menace pour l’humain. Mais, pourtant, il semble que nous « voulions » sa disparition. Encore aujourd’hui, tout est mis en œuvre pour lui nuire. Alors qu’il nage dans une zone protégée, le gouvernement libéral du Québec a donné le feu vert aux compagnies pétrolières pour forer dans la partie du fleuve où le béluga se reproduit. Tout ça pour enrichir les riches avec une industrie qui ne devrait plus exister.
Dans l’esprit populaire, la corneille est associée à la mort. Son plumage noir, son croassement lugubre peuvent expliquer cette sombre réputation. Il y a une autre raison. La corneille fait partie du club très sélect des animaux capables de reconnaître la mort d’un des leurs. La biologiste Kaeli Swift s’apprête à nous en faire la démonstration.
Ce volet est probablement le plus intrigant de toute la série. On y voit une personne masquée qui se promène avec une corneille morte dans les mains. Lorsque les oiseaux l’aperçoivent, ils se mettent à croasser de façon vraiment intense. Puis, lorsque la même personne revient, mais sans le cadavre cette fois, les oiseaux semblent la reconnaitre et se remettent à crier. C’est à en avoir la chair de poule…
Les éléphants ont souvent été aperçus près des ossements, explorant avec attention et délicatesse les restes d’un congénère. Si l’individu faisait partie du clan, la réaction est intensifiée. Ils s’arrêtent, semblent se réconforter les uns les autres. On pourrait croire au recueillement d’une famille.
Les éléphants auraient-ils des sentiments? Seraient-ils capables de sympathie? Ce sont de belles questions que les chercheurs tentent d’élucider. Malheureusement, on a trop peu de détails pour le moment.
Chez le peuplier faux-tremble, les sexes sont séparés. Les arbres sont soit mâles soit femelles. Et plus bizarre encore, un individu peut se reproduire en se clonant. Il peut produire, à partir de ses racines, des petits peupliers qui sont sa copie génétique conforme. En Utah, on retrouve Pando, c’est-à-dire une forêt qui couvre 43 hectares et existe depuis des milliers d’années. Le problème : il n’y a plus de jeunes pousses. Cet organisme qui a traversé les siècles pourrait bien disparaître à jamais.
Qui est le responsable de ce déclin? Plusieurs sources peuvent faire partie de la cause. L’humain, les herbivores, la nature… Quoi qu’il en soit, cette forêt qui n’a même jamais brûlé se voit aujourd’hui menacée. Mais tout de même, quel organisme intrigant…
La vie prend fin, le 5e et dernier épisode de Vieillir dans la nature, clos de façon magnifique cette série sur le temps qui passe dans le règne animal.
De la naissance à la mort, en passant par la reproduction et les jeux de pouvoir, on découvre des comportements caractéristiques de chaque espèce. De plus, les images sont très belles et la narration facile à comprendre malgré que certains thèmes puissent être plus complexes. Ma seule déception sur Vieillir dans la nature est qu’il n’y ait pas plus d’épisodes…
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