Vendredi le 17 mai, j’ai eu l’honneur d’assister à une performance particulière. En effet, Nien Tzu Weng ouvrait son studio au public et partageait avec lui son processus créatif. Je ne vais évidemment pas noter ce à quoi j’ai assisté puisqu’il ne s’agit pas d’une œuvre terminée, mais plutôt d’un travail en développement. 

Mais assister à ce processus est particulièrement fascinant puisqu’on voit d’où part le travail créatif d’une artiste. Ça demande de se placer dans une position de grande vulnérabilité, puisque non seulement elle se met à nu émotionnellement, elle le fait alors que l’œuvre n’est pas encore complète. Et dans le cas présent, elle en est à ses débuts, puisque Nien Tzy n’avait commencé à y travailler qu’une dizaine de jours avant cette belle soirée. 

Déroulement

Le concept de cet « Open studio » ou laboratoire est franchement agréable. La jeune artiste canado-taïwanaise accueille les gens dans son studio avec quelques grignotines asiatiques, puis permet aux gens de s’asseoir dans l’espace de création, ou d’aller dans une seconde pièce où est présenté un film de son dernier voyage à Taïwan. Ce film qui pourrait ressembler à un simple film de famille devient intéressant lorsqu’on réalise qu’en fait, on peut y voir ses inspirations et ses instants créatifs. 

Ainsi, après avoir mangé quelques bonbons (j’adore les Hi-Chew) et avoir bu un bon thé, nous sommes allés voir le fameux film. Mais ce que j’ai probablement le plus apprécié, c’était d’observer Nien Tzu Weng s’étirer, se mouvoir, se préparer mentalement et physiquement à ce qu’elle allait faire un peu plus tard dans la soirée. C’est fascinant d’avoir cet accès privilégié au processus créatif d’une artiste. 

Est ensuite venue la prestation. Évidemment, ce n’est pas un spectacle comme on a l’habitude de voir, puisque Nien Tzu commence à peine à monter ce show qui sera sans aucun doute très original et spécial. Ce qui m’a le plus plu, c’est le désir de cette jeune artiste de repousser les limites et de mélanger les disciplines. 

Et un beau mélange sera ce spectacle que j’espère avoir la chance de voir l’année prochaine. Une partition dansée, des projections, un robot-lumière, un monde virtuel, quelques objets, 4 personnages – reliés entre eux dans un mélange de réalités. 

Ce à quoi nous avons donc assisté est le début d’un processus de création fascinant, par une artiste que je serais trop heureux de rencontrer devant un café afin de jaser de création. Peut-être que ce sera une possibilité à explorer…

Un peu plus sur l’artiste

Nien Tzu Weng est une artiste de danse interdisciplinaire et éclairagiste taïwanaise canadienne établie à Montréal. Elle construit des ponts entre les disciplines avec une approche expérimentale à la performance contemporaine, et une approche de laboratoire à la conception d’éclairage. 

Comme chorégraphe et éclairagiste, elle se concentre sur la présence et l’interactivité. Elle est curieuse des relations entre les pratiques de mouvement et de nouveaux médias. Elle joue sur l’équilibre entre réalité et fantaisie, travaillant avec la lumière et les matériaux multimédias pour agir sur les perspectives. 

Pour Nien Tzu, la performance est un processus de transmission de dialogues entre espaces internes et externes, où la présence et l’image construisent de multiples conceptions du temps qui se chevauchent.

Laboratoire (Open studio) est présenté au Festival Accès Asie les 17, 18 et 19 mai 2024.