Une année difficile

Une année difficile – Des galères écoresponsables 

« J’aimerais pousser un cri d’alarme. »

Une année difficile - Affiche

Si on fait le parallèle avec la situation socio-économique du Québec et du Canada en général, on peut dire que le film tombe à point nommé. Que ce soit au vu de son titre (oui 2023 était une année difficile) ou au niveau des thématiques abordées. Le tandem Éric Toledano et Olivier Nakache a le sens du timing.

Oui, l’année a été difficile pour tout le monde et surtout pour Albert et Bruno. Deux surendettés, qui, via un concours de circonstances, croisent des jeunes militants écolos. Plus attirés par la bière et les chips gratuites que par leurs arguments, ils vont peu à peu intégrer le mouvement, sans conviction…

Devenir écolo pour être moins endetté? 

Sans conviction, c’est bien là le moteur du film. On y voit les deux comparses voguer avec le groupe d’une manifestation à une autre en essayant tant bien que mal de marier leur galère avec leur nouvelle lubie. Une lubie, qui s’est transformée, pour Albert, en un parcours de séduction Cactus et de chasse à la gratuité pour Bruno. 

Une année difficile - Devenir écolo 1

La réalisation met un point d’orgue à avoir la caméra toujours en mouvement. À transformer les déplacements de foule et les diverses confrontations en un ballet que le montage s’échine à en faire monter la sauce dramaturgique et émotionnelle. Cette méthode est savamment utilisée lors de la scène d’ouverture, qui voit deux visions du monde s’entrechoquer.  

Une sauce durant laquelle les deux endettés sont toujours filmés en plan serré, comme deux corps étrangers à cette mouvance. L’humour noir de leurs répliques et échanges sert dans la majeure partie du temps comme un sas de compression. Rien que la dégaine de Jonathan Cohen et son personnage, qui est une serpillère à force d’avoir des problèmes plein le dos, sont une source de rire.  

Des moments de légèreté qui servent un film dont la teinte est très marquée socialement. Cet ancrage social se fait dans majeure, une bonne partie du temps, via le personnage de Cactus, qui s’inscrit en porte à faux du duo et qui, toujours par opposition, est filmé à la courte focale, toujours entouré des autres militants. 

C’est en faisant cohabiter ces deux articulations que le film essaye de s’étendre. Une approche et signature spécifique au tandem de réalisateurs français. Faire jouer les différences pour, in fine, les abolir et au passage offrir des moments comiques aux spectateurs.

Une année difficile - Devenir écolo 2

C’est dans cet aspect que le film pêche un peu. En voulant faire du « en même temps », la réalisation peine à faire se rejoindre les deux entités qu’elle fait cohabiter. D’une part, parce que la complémentarité des deux thématiques principales du film peine à voir le jour. D’une autre part, les deux comparses finissent par s’investir avec les militants de manière désintéressée, mais ils n’ont pourtant pas opéré une conversion idéologique ou du moins ils n’ont pas pris pleine conscience de ce qu’ils faisaient. D’autre part, l’aventure dans laquelle ils se sont engouffrés ne les aide pas vraiment avec leur situation et leur sert de fuite. Cette « aventure écolo » qui, dans un certain sens, évacue complètement la dimension sociale du film et vide son propos de tout son sens. Il en résulte, que rien n’est pris vraiment au sérieux. Ni, les problèmes pécuniaires d’Albert et Bruno, ni les revendications écologiques de l’organisation. 

Habituellement, et si l’on compare avec les précédents films d’Éric Toledano et Olivier Nakache, c’est dans la galère que le film tire sa force d’articulation. Que ce soit dans Hors Norme ou plus flagrant encore dans Intouchables, l’abolition des différences des deux mondes (représenté via les personnages ou les situations) s’effrite très vite. Premièrement, pour que les défaillances des personnages servent comme source comique. Deuxièmement, afin que la réalisation puisse synthétiser le tout en un seul flux dramatique. Mais, dans Une année difficile, le mécanisme ne marche pas, ou plutôt se grippe assez rapidement, pour ne donner que quelques rares moments où les émotions peuvent donner libre cours à leur expression. 

De ce flou, artistique, émerge cependant une question : pour être moins endetté, faut-il devenir écolo? 

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Une année difficile
Durée
120 minutes
Année
2024
Pays
France
Réalisateur
Éric Toledano et Olivier Nakache
Scénario
Éric Toledano et Olivier Nakache
Note
6.5 /10

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Fiche technique

Titre original
Une année difficile
Durée
120 minutes
Année
2024
Pays
France
Réalisateur
Éric Toledano et Olivier Nakache
Scénario
Éric Toledano et Olivier Nakache
Note
6.5 /10

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