Miséricorde – Recherche de pardon

Affiche de MiséricordeThomas (Jonathan Zaccaï), genevois, a passé les trois derniers mois à pêcher au Québec. Sur le chemin du retour, il arrive sur le lieu d’un accident : Muk, un Amérindien de 13 ans vivant dans une réserve à proximité, gît sur la route. Le chauffard vient de commettre un délit de fuite. Bien que Thomas soit attendu chez lui, il décide de reporter son départ, promettant à la mère de Muk (Marie-Hélène Bélanger Dumas) de retrouver le coupable. Par ses recherches, Thomas éveille les soupçons de la policière locale, Laurie (Charli Arcouette-Martineau), qui ne le perd pas de vue. Qui est cet homme réservé qui semble ne pas faire grand cas de sa personne et qu’est-ce qui le pousse à se mêler d’une affaire qui ne le concerne pas?

Miséricorde de Fulvio Bernasconi oscille entre le drame psychologique et le road-movie, puisqu’une bonne partie du film se passe sur la route. On joue beaucoup sur le non-dit, sur les silences, sur une quête qui peut d’abord sembler insensée.

Le réalisateur est même allé jusqu’à dire que, pour lui, il s’agit d’une sorte de « western contemporain et psychologique » : « On retrouve beaucoup des thèmes classiques du genre, mais revisités dans le monde d’aujourd’hui. Il y a ce “poor lonesome cowboy”, seul face à la nature, à la recherche de la justice. Il y a ces paysages gigantesques, infinis, parfois hostiles. Et puis il y a les “Indiens”! Enfin… Une étiquette reste une étiquette. (Rires). »

Voyage dans le Grand Nord

Camion qui roule sur une route, dans MiséricordeCe qui frappe d’abord, ce sont les paysages du Grand Nord canadien, de sa portion québécoise pour être plus précise. Des routes empruntées par de nombreux camionneurs, principalement par eux, pour transporter différents matériaux. De longues étendues de routes entourées d’arbres à perte de vue, d’autres plans d’une mine à ciel ouvert… De l’espace à ne plus savoir quoi en faire.

Mais c’est aussi un aperçu de la vie sur une réserve amérindienne. Pour Fulvio Bernasconi et Antoine Jaccoud, qui ont coécrit le scénario de Miséricorde, ce devait être fidèle. Ils ne voulaient pas non plus tomber dans le misérabilisme. Ils ont d’ailleurs fait lire leur scénario aux chefs de la réserve qui leur ont donné leur accord. C’étaient pour les auteurs très importants.

Thomas assis dans un bar routier, dans Miséricode
Thomas assis dans un bar routier

Ce qu’on y dépeint a ainsi plus de poids. Le réalisateur expliquait que, « [c]omme on peut le voir dans le film, selon la tradition amérindienne, le corps d’une victime ne peut être enterré avant que l’assassin ne soit revenu en arrière pour demander pardon. » L’engagement que Thomas prend auprès d’Alice, la mère de Muk, est donc lourd de conséquences s’il ne parvient pas à trouver le coupable (lui qui a une longueur d’avance sur la police).

Mais…

Le film présente ainsi des éléments intéressants, mais il y a un « mais ». Vers la fin, les aveux fusent de toutes parts, un peu trop facilement me semble-t-il. Quand tout un chacun tente de préserver son secret et accepte finalement de l’avouer (parfois même sans rien qui le contraint), ça peut paraître forcé. Thomas, le chauffard et un autre personnage témoigneront tous de leur « crime » contre des innocents. La recherche d’un pardon, l’espoir de pouvoir continuer à vivre sans un poids qui pèse constamment sur soi, est ici centrale.

Thomas, dans Miséricorde
Thomas (Jonathan Zaccaï)

Heureusement tout de même, ces aveux ne sont pas faits pour faire la paix avec un être suprême. Ce qui m’embête, c’est la simplicité où les « coupables » se résignent à assumer leur responsabilité. Et peut-être plus encore, celle par laquelle Thomas parvient à retrouver la personne fautive. Le côté un peu moralisateur de Thomas est aussi dérangeant, lui qui n’a pas encore demandé pardon pour ses propres fautes…

Miséricorde reste un film qui s’écoute bien, qui montre des paysages impressionnants et un pan de la réalité québécoise qui est souvent occulté.

Note : 6/10

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