« Pourtant c’est la vie que vous avez choisi. »
« Non, c’est la mort qui n’a pas voulu de moi »
De sa naissance au Caire en 1933 à son premier Olympia en 1956, de son mariage avec Lucien Morisse (Jean-Paul Rouve), patron de la jeune radio Europe N.1 aux soirées disco, de ses voyages initiatiques en Inde au succès mondial de Gigi l’amoroso en 1974. Le film Dalida est le portrait intime d’une femme absolue, complexe et solaire… Une femme moderne à une époque qui l’était moins… malgré son suicide en 1987, Dalida (Sveva Alviti) continue à rayonner de sa présence éternelle.
Dalida, le plus récent film de Lisa Azuelos, est le biopic d’une figure mythique de la musique. Mais comme l’explique la réalisatrice, « Dalida n’est pas qu’une femme de records – artiste française la plus récompensée du show-business, 170 millions de disques vendus, 2000 chansons enregistrées, 70 disques d’or, etc. – c’est un personnage hors du commun. » Une femme au destin tragique.
Si Dalida avait été un homme, elle aurait possiblement été ce que l’on appelle un « homme à femmes ». Elle était une femme de passions. Et c’est avec passion d’elle vivait ses rapports amoureux.
Évidemment, dans les années 50-70, qu’une femme fréquente un homme après l’autre était très (très, très) mal vu. Bon, en fait, ce l’est encore un peu aujourd’hui, mais c’était bien pire à cette époque. En plus, comme elle préférait les hommes plus jeunes, voire beaucoup plus jeunes, ça provoquait encore là tout un émoi. Aujourd’hui on dirait juste qu’elle est une « cougar ». Et, peut-être aurait-elle pu avorter dans des circonstances différentes, ce qui aurait (peut-être) évité son triste sort.
Mais sa grande mélancolie avait probablement une source plus profonde. Comme on le voit dans le film d’Azuelos, Dalida n’aura pas eu une vie facile. Dès sa naissance, le destin a commencé son long acharnement sur la petite fille qu’elle était. Très jeune, elle doit subir deux opérations aux yeux à la suite d’une maladie mal soignée, l’obligeant à porter des lunettes durant son enfance et son adolescence. Ce qui n’était certainement pas évident à une époque où personne n’en portait ou presque. Et une cause de moqueries de la part des autres jeunes.
D’ailleurs, une des scènes qui m’a particulièrement touché nous montre Dalida, encore bébé, qui pleure, dans son berceau, avec un chiffon sur les yeux, étant incapable de supporter la lumière. La seule chose qui la calmait étant la musique de son père, un violoniste de grand talent.
Il y a ensuite l’arrestation de son père pour cause « d’être rital ». Disons que le rôle de l’Italie dans la Seconde Grande Guerre n’aura pas aidé ici. À son retour il ne sera évidemment plus le même homme.
Mais un de ses grands rêves était d’être mère et d’avoir une famille. C’est probablement ce manque qui lui aura causé le plus de tristesse. Ça, lié au fait que 3 de ses grands amants se sont donné la mort. Disons que ça, ça fait en sorte que n’importe qui se serait remis en cause.
Dalida est monté de façon originale. Chaque séquence du film est mise en contexte par une ou deux chansons de Dalida. Par exemple, les débuts torrides de sa relation avec Richard Chanfray sont illustrés par Parole, parole.
On se promène ainsi à travers la discographie de la chanteuse et on revisite ses plus grands succès. Des débuts plus heureux avec Madona et Bambino, aux moments plus sombres avec Je suis malade et Pour ne pas vivre seule, aux années disco avec Gigi in paradisco, le film montre les hauts et les bas de Dalida de sa naissance à sa mort.
De monter le film par les chansons est une bonne idée, car ça permet de montrer le caractère passionné de la femme qui vivait à travers ses chansons. Ça nous offre aussi un beau panorama d’une artiste qui a chanté en français, en italien et même en arabe.
Un petit bémol doit s’ajouter ici. Les choix émotifs de la réalisatrice m’ont dérangé. Il y a trop de moments où l’on veut créer de l’émotion. Ça devient trop mélo à mon goût. Et c’est évidemment monté de façon très classique et très « Hollywood ». On tombe dans la simplicité afin de plaire au public le plus large possible. Dommage, car le reste du film est très intéressant.
Mais comment se fait-il que ça ait pris tant d’années avant qu’un film sur Dalida se fasse? Tout simplement parce qu’Orlando n’avait rien trouvé qui ait été à la hauteur de sa sœur. C’est après deux échecs dus à « des scénarios sans âme ni finesse » que le projet avait été abandonné. C’est Julien Madon, le producteur qui n’a jamais abandonné et qui a ramené le projet dans les mains de Lisa Azuelos.
Puis il y a eu le long et difficile choix de l’actrice qui devait jouer Dalida. C’est seulement après plus de 200 auditions, et une rencontre entre Sveva Alviti et Orlando que le projet pouvait réellement aller de l’avant. L’actrice a eu 9 mois pour se préparer avant de se lancer dans un tournage de 3 mois. La jeune femme ne parlant pas français, ne sachant pas réellement chanter ni danser partait, disons, de loin. Mais son charisme et sa personnalité ont convaincu Azuelos et Orlando qu’elle « était » Dalida.
Dalida c’est donc une histoire de passion brulante, d’une vie difficile, d’une femme montrant une joie de vivre alors qu’elle mourait tranquillement à l’intérieur. Et c’est avec une simple note, comme 3 de ses anciens amants, qu’elle quitta le monde en 1987 : « La vie m’est insupportable. Pardonnez-moi. »
Note : 7.5/10
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