Daisy (Marianna Fontana) et Viola (Angela Fontana) sont des sœurs jumelles siamoises qui auront bientôt 18 ans et qui vivent dans la banlieue de Naples (Napoli). Elles sont bénies avec de belles voix et grâce à leurs performances lors des mariages, des communions et des baptêmes, elles gagnent de quoi permettre à toute la famille de subsister. Isolées du reste du monde par leur père (Massimiliano Rossi) qui les exploite pour gagner de l’argent, leur vie est complètement chamboulée quand l’une d’elles tombe amoureuse pour la première fois et découvre qu’elles peuvent être séparées.
Indivisibili se démarque de la majorité des films se déroulant en Italie. On ne voit pas une Italie douce, belle où la vie s’écoule lentement. Edoardo De Angelis — qui est, selon le maître serbe Emir Kusturica un « talent visionnaire » — nous amène plutôt à Castel Volturno, dans un coin pauvre en banlieue de Napoli.
Le cadre familial (et professionnel) des jumelles se résume à leur père poète autoproclamé et addict au jeu, à leur mère qui est toujours saoule ou gelée, et à deux oncles qui aident à préparer les spectacles des filles.
Le père profite de la faiblesse de sa femme et de la naïveté de ses filles, qui ont de belles voix et sont très jolies, mais n’ont pas eu une grande éducation. En plus d’avoir été élevées dans un environnement très religieux, les jumelles croient aveuglément en leur père, malgré qu’il soit évident qu’il n’est pas net. C’est malheureusement souvent le cas. Comment un enfant peut-il réellement croire en la malhonnêteté d’un parent envers lui?
Mais la vérité finit presque toujours par éclater. C’est à ce moment que tout basculera pour Viola et Daisy.
Le père n’est malheureusement pas le seul à abuser des jumelles. Le curé local, un escroc de première, ne se gêne pas non plus. C’est souvent avec l’aide du père qu’il utilise les filles pour s’enrichir. Utilisant la naïveté des bonnes gens, il laisse croire que de toucher des jumeaux siamois porte chance. Il fait donc régulièrement venir les filles dans son église afin d’y amener la masse, qui donne généreusement afin de pouvoir « toucher un peu de chance ».
Il veut même bâtir une église dans laquelle les deux filles seront le centre de la foi. Un peu à l’image de la vierge Marie, les jumelles, qui sont encore pures, devront y être représentées afin de mener les bons croyants… Mais évidemment, lorsque les jeunes femmes lui demandent un coup de main en retour, il les vire de bord subito presto.
Afin d’illustrer l’importance de la religion dans cet univers, De Angelis utilise l’image de la pomme et d’Êve. Le père, lorsqu’il est à la maison, épluche et mange des pommes. Il en offre régulièrement à ses filles, mais celles-ci refusent à chaque fois. Mais la tentation viendra-t-elle à bout d’une des filles?
C’est ici le thème principal de Indivisibili. La douleur que peut causer une séparation est bien connue. Mais imaginé si vous aviez été collé à une personne que vous aimez plus que tout pendant 18 ans. Le manque physique doit être très fort, mais le manque psychologique doit être terrible. C’est d’ailleurs ce qu’explique le docteur qui leur apprend qu’il serait possible de les séparer.
Afin d’illustrer l’idée que pour grandir, il faut parfois souffrir, le réalisateur cherchait une idée. C’est là qu’il a pensé aux jumelles siamoises. Il explique ceci : « Ho cercato un’immagine che rappresentasse al meglio questo concetto e l’ho trovata: due gemelle siamesi appena maggiorenni che scoprono di potersi dividere. Due ragazze attaccate per il bacino che, guardate singolarmente, dovevano essere belle per permettermi di realizzare quell’equilibrio tra attrazione e repulsione che è la linea guida estetica di ogni inquadratura che compongo. Io vedo il mondo così: sempre in bilico tra la bellezza e la bruttezza. » [Je cherchais une image qui représente le meilleur de ce concept et j’ai trouvé : des jumelles siamoises, à la veille de leurs 18 ans, qui découvrent qu’elles peuvent être séparées. Deux jeunes filles attachées par le bassin, extrêmement belles et désirables, mais en même temps repoussantes. J’ai essayé de créer un équilibre entre attraction et répulsion dans chaque plan de ce film. Je vois le monde ainsi : toujours dans l’équilibre entre la beauté et la laideur.]
En fait, le désir de Daisy est simple. Elle veut une vie normale : elle veut pouvoir prendre une crème glacée avec un amoureux, elle veut voyager, elle veut aller danser, elle veut pouvoir prendre un verre de vin sans que sa sœur se sente saoule, elle veut faire l’amour. Elle veut être une femme…
Note : 8/10
Chanson thème du film
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