« Personne ne va me croire… »
Après-coups délivre du silence des femmes qui, entre résilience et résistance, se battent pour reprendre le pouvoir qui leur revient.
On a beau le dire, mais quand entendrons-nous? L’ONF présente un court documentaire sur les femmes qui reprennent le contrôle de leur vie suite à cette tragédie qu’est la violence conjugale; un processus souvent difficile, et avec raison. Ici, le visionnement est peut-être un peu trop court en comparaison aux efforts que toute une chacune a déployés pour en arriver là. Cependant, cela nous rappelle que ce genre de chemin se fait un pas à la fois et que ce n’est pas une course.
Le travail effectué par Romane Garant Chartrand et Laurie Pominville en est un touchant, nécessaire et libérateur. C’est malgré tout dans une douleur constante et palpable que se déploient les pétales de cette fleur nommée douceur. C’est avec beaucoup de larmes que j’ai réussi à passer au travers, grâce entre autres à cette ouverture et cette force à travers l’obscurité que démontrent toutes celles présentes lors du tournage.
On voit aussi comment l’ONF sait trouver des talents qui ont l’œil pour faire parler les images. Au début, j’ai été marqué par ce gros plan de deux biscuits feuille d’érable légèrement en retrait devant une canette de Pepsi. Il y a aussi ce plan, à la fin, de cette valise de voyage dont la poignée de métal est quelque peu usée par ses périples, mais toujours capable de rouler et d’avancer avec de nouveaux bagages.
Il y a aussi une certaine douceur derrière le fait de ne pas pouvoir voir les visages de chacune. Plus qu’une question d’anonymat (car elles sont tout de même nommées), pour moi c’est aussi une manière de laisser parler celles qui n’ont pas encore trouvé leur voix ou qui l’ont perdu. Si une image vaut mille mots et qu’au cinéma on voit vingt-quatre images secondes; alors, vingt-quatre minutes d’image c’est trente-quatre millions cinq cent soixante mille mots, et c’est loin d’être assez pour nommer le non-sens qui engendre cette souffrance et les raisons pour l’enrayer.
Après-coups parle d’un sujet qui me tient à cœur et que je souhaite que vous aussi le prendrez à cœur. Je suis rarement un homme de peu de mots… mais que puis-je dire qui puisse faire un poids dans la balance? Seulement, face à toute cette sensibilité; cette beauté émanant de l’âme humaine; je n’ai envie que de dire une chose. Messieurs, être sensible c’est beau pour les hommes aussi. Rendons à nos homologues féminins ce qu’elles nous rendent. Travaillons entre nous à développer une atmosphère plus aidante, plus compréhensive, plus saine; et laissons-les être libre non d’un chien! Personne n’aime la violence, moi non plus je n’ai pas aimé ça. Alors, on arrête, s’il vous plaît?
Pour le mot de la fin, je laisse la place au mot de la productrice-associée issue du programme Repêchage de l’ONF : « Essentiellement, ce film se veut un appel à la bienveillance. Que toutes celles et tous ceux qui auront l’occasion de le voir et d’être touchés par le récit collectif de ces femmes puissent faire preuve d’ouverture, de douceur et de compréhension. »
Après-coups est présenté aux RIDM les 23 et 26 novembre 2023.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième