Notre couverture du FNC 2023 se termine aujourd’hui, avec ces deux magnifiques films.
Les herbes sèches – Une question de détail
« Tout ce qui est beau dans ce monde semble s’accrocher aux toiles qu’on tisse nous-mêmes et jamais parvenir jusqu’à nous. »
Comment confronter la réalité? Comment se confronter à SA propre réalité? Comment encaisser le choc des désillusions d’idéaux qu’on a chéri et qui construisent notre perception de la vie?
Si Les herbes sèches n’était pas un film, il serait fort probablement un essai sociologique voire philosophique sur la perception qu’on a de la vie et de nous-mêmes. Œuvre fleuve de 3h30, Les herbes sèches dresse le portrait de Samet (Deniz Celiloglu), jeune enseignant dans un village reculé d’Anatolie. Alors qu’il attendait depuis plusieurs années sa mutation à Istanbul, une série d’événements lui fait perdre tout espoir. Jusqu’au jour où il rencontre Nuray (Merve Dizdar) jeune professeure comme lui…
À travers l’histoire de ce jeune professeur, Nuri Bilge Ceylan, un brin nostalgique et mélancolique, dépeint une immense toile aux multiples aspérités qui ouvrira son champ vers la découverte d’une galerie de profiles qui, par leurs parcours, dresse des sortes de fables sur la valeur de l’enseignement, les répercussions psychologiques de l’éloignement ressenti, le sentiment d’isolement, l’aliénation et l’exclusion.
Des trames qui s’entrecroisent et s’entrechoquent offrant une œuvre introspective où Samet est un jeune professeur désireux de quitter l’Anatolie pour Istanbul, mais aussi un élève apprenant à faire face aux déclins de ses ambitions avec son colocataire Kenan (Musab Ekici) et Nuray.
Samet (Deniz Celiloglu) et Nuray (Merve Dizdar)
Oui, l’Anatolie est belle, voire exceptionnelle, de par sa diversité ethnique et ses paysages oniriques, sublimé par une photographie qui ne cesse de donner corps aux images. Mais l’œil du désespéré ne verra que ruine et ce village authentique se transforme par le temps en une prison étouffante dont il est devenu nécessaire de s’en extraire! Mais s’en extraire pour quelle raison?
Nonobstant, Nuri Bilge Ceylan garde espoir et nourrit une réalisation qui veut rendre la rédemption et le pardon possible. À Samet et ses amis, comme à nous d’ailleurs de pouvoir les trouver et avec de grandir pour ne pas devenir des herbes sèches perdus au milieu de la nature.
Les herbes sèches est présenté au FNC les 7 et 11 octobre 2023.
Bande-annonce
Fiche technique
Titre original : About Dry Grasses Durée : 197 minutes Année de production : 2023 Pays : Turquie / France / Allemagne Réalisé par : Nuri Bilge Ceylan Scénario : Akin Aksu, Ebru Ceylan et Nuri Bilge Ceylan Note : 8/10
Monster – L’enfer c’est les autres
« Être heureux n’est pas réservé qu’à certains, être heureux est à la portée de tout le monde »
Après ses pérégrinations en France et en Corée du sud, Kore-eda revient dans sa terre natale pour narrer l’histoire de Minato (Soya Kurokawa), un jeune garçon, a un comportement de plus en plus préoccupant, en cours comme à la maison. Sa mère, Saori (Sakura Ando), décide d’en parler avec l’équipe éducative de l’école. Hori (Eita Nagayama), son professeur, semble être à l’origine de tous les problèmes. Mais à mesure que le mystère se résout, la vérité s’avère plus complexe que prévu.
Le mystère tourne autour d’un évènement tout aussi symbolique que dramatique : un incendie dans un immeuble situé dans une ville japonaise où ses braises lient 3 histoires : celles de Saori, Hori et Minato. Via un son regard poétique teinté d’empathie, Kore-eda dissèque le destin de Minato en faisant s’entrechoquer les destins de ses protagonistes.
Protagonistes qui, en confrontant leurs limites, craintes et doutes vont découvrir que parfois la monstruosité, peut se cacher dans les détails les plus simples, dans les questionnements les plus innocents. En développant son intrigue selon 3 points de vue, Kore-eda traite des thématiques comme le harcèlement scolaire, la différence, la monoparentalité via une approche très simple qui soulève des problématiques bien plus complexes et nuancées.
Saori (Sakura Ando)
Dans Monster, il y a un élégant appel à l’acceptation de la différence sous toutes ses formes et au dialogue sans jugement sous peine de voir sa vie s’écrouler, sous peine de s’interdire d’être heureux.
In fine, qu’est ce qu’un monstre? Est-ce bien la personne désignée comme telle ou plutôt la personne qui l’a décrit comme un monstre?
Monster est présenté au FNC les 7 et 12 octobre 2023.
Bande-annonce
Fiche technique
Titre original : 怪物 Durée : 126 minutes Année : 2023 Pays : Japon Réalisateur : Hirokazu Kore-Eda Scénario : Sakamoto Yûji Note : 7.5
