« — Does that make me a bad person?
— No! You’re not a bad person. You got me nachos. And drugs. »
[— Est-ce que ça fait de moi une mauvaise personne?
— Non! Tu n’es pas une mauvaise personne. Tu m’as donné des nachos. Et de la drogue.]
Casper (Rhys Darby) vient du futur. Il atterrit dans une banlieue de l’Ontario, en 2020. Les informations qu’il détient sur cette époque ne lui sont pas très utiles et il se retrouve sans ressources et sans repère. Par chance, il croisera le chemin de Holly (Gabrielle Graham), une activiste désabusée, qui cherche un sens à sa vie. Casper lui révèle alors son plan : trouver de l’argent et sauver le monde.
Mais les choses seront-elles aussi simples que ça?
Le premier long-métrage du réalisateur (inspiré par son premier court-métrage du même nom), est une bouffée d’air frais dans l’univers cinématographique canadien. Ce récit de science-fiction est d’une simplicité et d’une honnêteté rafraîchissante. Les actions des personnages, leurs questionnements, leurs défauts, leurs aspirations, etc. sont tous très tangibles et réalistes dans une intrigue complètement farfelue. Cet amalgame donne une désinvolture à ce film sans prétention, et qui est également le cœur de la comédie du film.
Pour les abonnés des films de science-fiction hollywoodiens, soyez avertis! Les effets spéciaux numériques sont comparables à ceux qu’on voyait dans un téléfilm du début des années 2000. Il est clair que ce film à petit budget n’a pas un CGI comparable à un film Marvel. Heureusement, le réalisateur a fait le choix judicieux d’utiliser ce genre d’effets au minimum, ce qui fait qu’on oublie rapidement la piètre qualité.
Malgré l’histoire simple du récit (trouver de l’argent et sauver le monde), l’univers présenté est riche et aurait gagné à être davantage exploité. Car si le présent est bien établi dans le film, le futur reste quant à lui très mystérieux. Des éléments sont introduits ici et là, mais peu de contexte est donné. Par exemple, des terroristes du futur sont arrêtés durant le film par l’agente Doris (Janine Theriault). Mais aucun détail n’est donné sur les motivations et les impacts de ces fameux terroristes. Cela se ressent surtout dans les dernières 30 minutes du film, où on est bombardés d’informations qui semblent sorties de nulle part et qui donnent presque l’impression d’un cheveu sur la soupe. Même si le tout reste cohérent, je pense qu’une meilleure préparation ou introduction de certains éléments aurait donné une meilleure révélation (setup-payoff, comme on dit dans le jargon).
Cartes sur tables, je suis une fan de l’acteur principal Rhys Darby. Bien connu en Nouvelle-Zélande, le grand public a pu le découvrir avec la série Flight of the Conchords et au cinéma avec les films Yes Man, What we do in the Shadow, Jumanji 1 et 2 et une myriade d’autres films. Il a aussi fait plusieurs apparitions dans des séries télé et fait des voix dans plusieurs films et séries animées. Le genre d’acteur de soutien caméléon où on dit : « Ah oui! C’était lui!?! ».
En 2022, il a eu le rôle principal dans l’excellente série Our Flag Means Death (disponible sur Crave, également en français, mais ne vous gâchez pas le plaisir et écoutez-la donc en anglais). Il était d’ailleurs la raison principale de mon achat de billet pour la première mondiale en 2022 à Fantasia de Relax, I’m from the future, gâchée par un test positif de COVID.
Et puis, un an, un mois et 25 jours plus tard (oui! J’ai compté! Je sais, je suis intense), ce fut un plaisir de voir Rhys Darby dans un rôle principal au cinéma. On lui doit le succès du film en grande partie, car il a un talent et un charme fou. Il rend Casper, un anti-héros qui aurait facilement pu être désagréable, complètement attachant. Il a un talent comique inné, tout en sachant quand laisser place au sérieux et à sa vulnérabilité. Il vole clairement la vedette, malgré le fait qu’il est entouré d’excellents acteurs, tels le chevronné Julian Riching et la nouvelle venue Gabrielle Graham. Si chacun parvient à briller lorsqu’ils sont à l’écran, dès que Rhys Darby apparaît, il capte systématiquement l’attention.
Il ne faut pas croire que le film n’offre aucune réflexion, au contraire! Ce n’est pas un hasard que le personnage qui aura le plus de développement et qui prendra le plus action dans le film est Holly. Avec son intersectionnalité de jeune femme noire queer, elle représente une vaste proportion des gens marginalisées, qui souhaite voir changer le futur.
Son parcours narratif représente bien la jeune génération, qui a commencé pleine d’espoir et d’énergie, pour se retrouver désabusée et apathique par ce qui l’entoure. Suite à la rencontre de Casper, elle se tournera vers la facilité, croyant avoir trouvé le moyen de vivre aisément tout en aidant à sauver le monde. Cependant, lorsque le plan de Casper se révèlera de plus en plus, elle sera confrontée à ses valeurs morales et à faire un choix : laisser le futur défilé ou réécrire le futur.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième