« Never have I ever been under review at medical school for allegations of… »
[Je n’ai jamais fait l’objet d’un examen à la faculté de médecine pour des allégations de…]

Kyle (Peter Sarty) est le frère de Justin (Taylor Olson), Zeke (Cavell Holland) est le colocataire de Justin, Lily (Deborah Castrilli) est la plus grande fan de Justin, Sophia (Katelyn McCulloch) est la critique de Justin et Ayda (Marlee Sansom) est le premier amour de Justin. Ce groupe d’amis d’enfance, maintenant dans la vingtaine, partage leur weekend de semaine de relâche traditionnel et est obligé d’affronter l’éléphant dans la pièce – Justin.

Avec Bystanders, Koumbie ose poser la grande question qui persiste avec les agressions sexuelles : maintenant on fait quoi? Elle offre un film qui sort de la norme tout en restant accessible au grand public.

L’après #MeToo

Selon certaines études, il semblerait que 1 femme sur 4 subira une forme de violence sexuelle au cours de sa vie. Cela signifie qu’il y a une très forte probabilité que vous connaissiez un homme qui a commis une forme de violence sexuelle, si ce n’est vous-même. 

Il existe de nombreuses histoires sur les victimes, les survivants, les auteurs et les agresseurs. Le film de Koumbie ne parle pas d’eux. C’est plutôt l’histoire des gens qui connaissent un agresseur. Les observateurs, les spectateurs, les mouches sur le mur — les bystanders.

Ce que le mouvement #MeToo a réussi à faire, c’est d’attirer l’attention sur le problème et surtout de montrer son importance. Mais maintenant, plus de 5 ans après, on fait quoi avec ça? Beaucoup de comportements ne sont plus socialement acceptés. Des actions qu’on ne voyait pas comme problématique avant sont maintenant jugées autrement. Cela étant dit, les choses ne sont pas plus simples pour autant. En fait, parfois on dirait que c’est même beaucoup plus compliqué. 

Dans Bystanders, la réalisatrice utilise la fameuse thématique du groupe d’amis qui se réunit et où une chicane éclate, révélant des secrets terribles. Sauf qu’ici on va bien au-delà de la découverte qu’une personne a couchée avec une autre. En plaçant le spectateur au centre d’un conflit bien monté par le scénario et la réalisation, le spectateur se sent mal à l’aise. 

Ces 6 amis se connaissent depuis la petite enfance. Ils sont tissés serré et ils sont comme une famille, même encore plus proche. Dans ce genre de situation, on réagit comment lorsqu’on apprend qu’un des nôtres aurait commis une agression sexuelle? Pas un viol brutal. Plutôt une situation dans laquelle un couple est en plein ébat et que pour une raison qu’on ne connait pas, la fille demande d’arrêter, mais son chum continu. L’enjeu ici n’est pas de savoir si c’était bien ou mal, mais plutôt de se questionner à savoir comment, en tant qu’ami, que famille, on doit réagir à ce genre de situation.

Famille, amitié, destruction

La mise en scène est parfaite. Le début du film laisse présager un film léger dans lequel une bande d’amis se réunissent pour faire le party. L’atmosphère est légère, les 5 ont du plaisir. On voit la proximité des membres du groupe. Ils se sautent dans les bras, se collent, se baignent à poils, tous ensemble, sans aucune gêne. Puis tout change avec l’arrivée soudaine de Justin. 

L’image s’assombrit légèrement, juste assez subtilement pour qu’on le perçoive, les dialogues sont moins fluides. Mais le film devient réellement intéressant lorsque le spectateur à un plaisir coupable à les voir commencer à se chicaner lors du jeu « Je n’ai jamais, jamais fait… » lors duquel la bombe explose. 

Zeke révèle au groupe que Justin a de gros problèmes à l’école de médecine. Puis Justin finit par confesser. Mais c’est là que le film est fort. Le jeune homme – selon sa version des faits –  n’a pas violé sordidement une femme. Il aura « juste » poursuivi la relation sexuelle alors que sa copine lui avait possiblement demandé d’arrêter. 

À ce moment, chacun des 5 autres personnages devient un type de réactions tout à fait réalistes qui se produit régulièrement dans ce genre de situation. Tout au long de la longue nuit, un débat très chargé fait rage et leur image toute rose de qui est Justin — en fait, qui ils sont tous – s’embrouille lentement. L’avenir de leur ami étant en jeu, ils débattent de ce qu’il faut faire avec cette nouvelle information.

Faire comme si rien n’était arrivé? Après tout, Justin est une bonne personne. Le dénoncer sur les réseaux sociaux comme étant un gros écœurant? N’est-ce pas la meilleure chose à faire afin qu’il soit « cancellé »? Le soutenir dans cette épreuve? Il est notre ami, notre frère après tout. À moins que son ex ne fasse une grosse histoire de presque rien? Tsé, peut-être qu’elle n’a pas été vraiment claire sur le fait qu’elle ne voulait plus avoir ce rapport sexuel… Le film réussit à mettre le spectateur dans ce même état de questionnement. Quelle est donc la meilleure chose à faire ici? Parce que c’est clair que chaque situation doit être évaluée de façon unique. 

Un peu plus…

Koumbie réussit quelque chose d’assez improbable. Elle offre un film poignant, dur, qui force le spectateur à l’introspection. Et en même temps, elle propose une œuvre accessible à n’importe quel public âgé d’au moins 13-14 ans. 

À une époque où le terme « agression sexuelle » est très large, on ne sait parfois plus comment réagir. Bystanders est, dans cette situation, un excellent film, montrant que plusieurs positions existent, et que ce n’est pas toujours simple de décider, par soi-même, laquelle est la meilleure. 

Bande-annonce