« Être un professionnel et exécuter les ordres. »
Gérald Gallant a été élevé par une mère dure et sévère qui n’hésitait pas à le diminuer aux yeux de tous. L’homme bègue à la santé fragile mène désormais une existence paisible dans un quartier tranquille avec sa femme. Pourtant, cette façade sans histoire cache de graves péchés. En effet, Gérald Gallant est l’un des tueurs à gages les plus prolifiques de Montréal…
Ce long-métrage à allure de polar est une œuvre de fiction basée sur des faits réels. Réalisée et interprétée par Luc Picard, acteur et cinéaste québécois reconnu, elle relate les faits et gestes de Gérald Gallant. Cet homme à l’apparence tranquille s’avère appartenir à un groupe de mafieux redoutés au Québec, durant la période de la guerre des motards, des années 90 aux années 2000.
Comment cet homme à l’apparence tranquille, rabaissé par sa mère durant son enfance, a-t-il pu développer une telle trajectoire et commettre des crimes aussi terribles?
Ce long-métrage est parsemé de flashbacks, de voix off, de scènes de gangs et de tueries.
Les premières scènes donnent le ton : une voix off, des images de violence dans un bar, une femme effondrée… et Gérald Gallant, qui vient de commettre une nouvelle tuerie.
Retour en arrière, dans les années 60, à Chicoutimi. Une scène de famille à table, où la mère de Gérald parle de lui de façon dévalorisante, devant les frères et sœurs. Son père essaye de le défendre, mais l’image de cet adolescent semble atteinte.
« Rester professionnel », accomplir les ordres, puis rentrer à la maison. Telle sera la vie de ce tueur à gages, vingt ans plus tard. Retrouver sa femme et son quotidien. Sa femme dont il redoute parfois la réaction et qui ne cherchera pas à connaître davantage sa vie cachée.
La police mettra plus de vingt ans à rassembler les preuves nécessaires pour son arrestation finale, malgré plusieurs braquages de banques et des séjours en prison.
Gérald Gallant n’hésite pas à accomplir les « ordres » de son groupe de mafieux, mais également à sauver sa peau, quitte à vendre ceux qui l’entourent. Comme si ce personnage réussissait à « passer entre les balles », avec un regard presque extérieur sur les actes qu’il commet.
Tueries par balles, règlements de comptes : Gérald Gallant semble commettre ces actes sans remords. Luc Picard interprète ce personnage de façon nuancée, cependant la froideur du personnage fait froid dans le dos. En effet, la méthode semble faire partie de son quotidien, même au sein d’actes des plus terribles.
Au cours de ces règlements de comptes organisés par le groupe de mafieux, Gérald est parfois accompagné d’un de ses acolytes, Donald Lemaire, interprété par David La Haye.
Ce duo apporte un rythme au film, de par le caractère opposé des deux personnages. Alors que Gérald est froid, sec et taciturne, Donald est excentrique, émotif, parfois moqué par ses « pairs ». Ce long-métrage parvient même à prendre des allures de comédie lorsque Donald décide de participer à une tuerie, travesti en femme, subissant la réprobation de son comparse.
La mort de Carlo, amant de Donald, et les tensions qui la précèdent ne feront que confirmer la complémentarité de ce duo insolite.
Enfin, la vie paisible au sein de son quotidien de façade et son identité cachée de tueur à gages ne suffiront plus à Gérald Gallant. Jocelyne Lacroix, interprétée par Sandrine Bisson, sera donc sa « Bonnie », le temps de quelques escapades et voyages d’affaires en Europe ou au Canada… Une amante, donc, qui vient s’ajouter à la complexité de cette double vie.
Lorsque ce personnage sera interrogé, alors que Gérald Gallant sait qu’il va réellement être condamné, elle le décrira de la façon suivante : « incomplet ». Finalement, peut-être est-ce cela, le mystère Gérald Gallant.
Ce long-métrage est efficace, un film grand public sans temps morts et où les personnages prennent le temps d’exister. La trajectoire de cet homme laisse songeur, la difficulté de l’enquête également. Ce qui subsiste : le portrait d’un grand manipulateur, l’un des tueurs à gages le plus meurtriers du Québec, qui a réussi à contrôler ses pairs ainsi que les deux facettes de son existence pendant plus d’une vingtaine d’années…
Confessions est présenté à Cinéfranco, le 12 novembre 2022.
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