« I swear I will never, ever, love anyone else. »
[Je jure que je n’aimerai jamais, jamais quelqu’un d’autre.]
Carey (Adelaide Clemens), une professeure de musique, organise un concert d’anniversaire pour son mari, Simon (Patrick J. Adams), qui ravive les réminiscences de leur passé. À travers la comédie, la musique et la mémoire, nous suivons l’histoire de la relation entre Carey et Simon, la naissance de leur enfant… et le mensonge qui menace de tout foutre en l’air! À parts égales d’humour et de chagrin, il raconte deux histoires d’amour à la fois — explorant les bénédictions et les défis de la romance, du mariage, de la parentalité, de la perte… et de passer à autre chose.
Utilisant une stratégie narrative audacieuse, Lindsay MacKay, avec The Swearing Jar, soutient que le véritable amour persiste – parfois douloureusement, parfois de façon exaltante –, peu importe comment nous ou nos situations changeons.
The Swearing Jar est spécialement conçu pour que le public ait accès à la façon dont les personnages se connectent, comment ils se rapportent les uns aux autres et à la romance entre eux. Le public découvre les choses comme les personnages les vivent sans connaître la durée. Il est d’une importance cruciale pour l’intégrité des relations que le spectateur découvre l’histoire sans aucune coloration émotionnelle. Il voit Simon et Carey à des moments de leur vie où ils sont vraiment heureux, quand ils attendent un enfant, alors qu’ils traversent les hauts et les bas habituels des changements hormonaux de la grossesse. Mais on le voit tel qu’il se passe, non teinté par le caractère rétrospectif du concert autour duquel le film est construit.
Le film promène donc les spectateurs dans le temps, sans définir le moment exact de chaque action. Ainsi, MacKay et Hewlett peuvent semer des indices sur ce qui se passe vraiment. L’imbrication, voire, le montage du long métrage en fait sa force. The Swearing Jar est un puissant exemple qu’une histoire tout à fait banale, vue 5000 fois, peut devenir forte, originale et déstabilisante lorsqu’elle est bien écrite et réalisée.
Certains films sont plus difficiles à classer dans une case que d’autres. The Swearing Jar, c’est par moment une romance, un drame, une comédie et une comédie musicale. C’est aussi un film qui m’a pris par surprise. D’ailleurs, l’aspect musical est spectaculaire. Kate Hewlett est incroyable. Non seulement elle a écrit le scénario adapté de sa propre pièce de théâtre (primée), mais elle a aussi écrit toutes les chansons.
The Swearing Jar se trouve être un film indépendant de prestige, avec un énorme attrait pour le grand public, avec un impact émotionnel incroyable et un style visuel magnifique. Sans oublier la musique. Puisque le film est construit en fonction des chansons que Carey et Owen (Douglas Smith) interprètent, le choix des mélodies et des textes était crucial. La performance de Clemens, qui n’est pas chanteuse, est parfaite. Quant à son acolyte sur scène — qui est la troisième pièce de ce genre de triangle amoureux —, il démontre tout son talent de musicien, mais aussi d’acteur.
Pour revenir au mélange des genres, il faudrait ajouter le thiller amoureux. Le scénario de Hewlett — superbement mis en scène par MacKay — ne se contente pas de simplement engager le public, il se permet de jouer avec lui. Par exemple, au tout début du film, Carey annonce à Simon qu’elle est enceinte, au même moment où celui-ci allait annoncer quelque chose à son amoureuse. Ni Carey ni le public ne découvrent ce que Simon allait dire ce jour-là – jusqu’au moment où son secret devienne le cœur de l’intrigue. Il y a beaucoup de dialogues et d’émotions complexes dans ce long métrage. Pour garder ces scènes captivantes pour le spectateur, MacKay utilise sa caméra de façon efficace en s’installant derrière des portes ou en utilisant des réflexions. Elle bloque des cadres afin de créer une impression de secrets et de faire vivre le spectateur dans ce monde de mensonge et de lui faire ressentir ces secrets. Puis, elle place ses personnages ensemble, mais sans qu’ils communiquent autrement que par des regards : Simon regarde Carey quand elle joue ou dans la cuisine lorsqu’elle cuisine. Carey va à la librairie et regarde Owen alors qu’il travaille.
Ces éléments qui appartiennent plus au thriller s’intègrent à merveille dans cette romance.
Au-delà de ce trio amoureux, il y a le personnage de Bev, la mère de Simon. Un personnage crucial qui est merveilleusement interprété par Kathleen Turner.
C’est une femme en colère, coincée quelque part dans le passé lorsque son mari l’a quittée après de multiples aventures. Elle ne s’en est jamais remise. Elle a besoin d’une cible pour sa rage, sa déception, mais elle n’a jamais vraiment trouvé quoi que ce soit de satisfaisant. Et parfois, elle s’en prend à son fils, Simon. Mais il ne faut pas se méprendre, il y a de l’amour entre Simon et Bev. Mais son amertume envers les hommes s’est aussi transmise dans sa relation avec son fils (un homme). À un moment, elle dit cette phrase terrible à sa bru : « men will always leave, one way or another ». Elle lui dit ça alors que la jeune femme est enceinte de Simon, le fils de Bev.
The Swearing Jar est une romance musicale complexe sur ce qu’un couple fera par amour : de jurer de ne pas jurer, de garder des secrets qui changent la vie, de s’accrocher aux sentiments plus longtemps que la plupart ne s’y attendrait.
C’est un film à la fois beau et horrible, à l’image de ce que les relations amoureuses peuvent souvent être.
The Swearing Jar est présenté au TIFF, les 11, 12 et 15 septembre 2022.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième