« Au cinéma, on s’oublie. »
Paris, années 80. Élisabeth vient d’être quittée par son mari et doit assurer le quotidien de ses deux adolescents, Matthias et Judith. Elle trouve un emploi dans une émission de radio de nuit, où elle fait la connaissance de Talulah, jeune fille désœuvrée qu’elle prend sous son aile. Talulah découvre la chaleur d’un foyer et Matthias la possibilité d’un premier amour, tandis qu’Élisabeth invente son chemin, pour la première fois peut-être. Tous s’aiment, se débattent… leur vie recommencée?
Mikhaël Hers avait déjà fait preuve, avec Amanda, en 2018, d’une œuvre incroyable de justesse sur le deuil et la vie d’après. Avec ce nouveau film, il convie Charlotte Gainsbourg dans le rôle d’Élisabeth, qui doit s’occuper seule de ses deux adolescents, après le départ de son mari.
D’abord inquiète de sa solitude, elle va révéler force et résilience alors qu’elle décide d’accueillir Talulah, jeune fille errante, au sein de sa famille.
Premières scènes, images de manifestations, la vie politique française sous François Mitterrand. En effet, nous sommes au début des années 80, à Paris. Un fondu enchaîné nous montre le visage d’une jeune fille, absorbée tout d’abord dans la lecture d’une carte parisienne.
Un appartement parisien, une famille, Élisabeth en son centre. L’héroïne interprétée par Charlotte Gainsbourg est inquiète. En effet, elle doit chercher un travail afin de subvenir aux besoins de sa famille alors que son mari l’a quittée et qu’elle n’a que peu travaillé.
Ses enfants sont au lycée. L’aînée, Judith, est en terminale et engagée dans la vie politique. Mathias, quant à lui, débute le lycée et semble davantage intéressé par la composition de poèmes que par les enseignements des professeurs.
Comment s’en sortir au sein d’un quotidien chamboulé depuis l’absence d’un proche? Cette interrogation suffirait à construire un film. C’est sans compter l’arrivée soudaine d’une jeune fille, Talulah, dans la vie d’Élisabeth.
En effet, l’héroïne interprétée par Charlotte Gainsbourg écoute souvent une émission nocturne intitulée Les passagers de la nuit.
Alors qu’une première tentative de travail s’avère non concluante, Élisabeth décide de tenter sa chance afin d’obtenir un poste au sein de cette émission.
Vanda Dorval, interprétée par Emmanuelle Béart, y est animatrice. Elle accepte de donner sa chance à Élisabeth et l’engage afin de sélectionner les personnes souhaitant participer à l’émission.
Alors qu’Élisabeth prend ses marques, une jeune fille prénommée Talulah arrive au studio afin de participer à l’émission, qui recueille des moments de vie et témoignages. Sans domicile et sans le sou, l’héroïne lui propose de l’héberger dans une chambre située au-dessus de son logement.
C’est alors que la vie familiale va connaître une autre dynamique…
Comme dans son précédent film, Amanda, le réalisateur va travailler à partir du thème de la résilience.
Ici, pas de disparition tragique, mais une maladie grave qui sera évoquée à plusieurs reprises, puis une séparation qui amènera une famille à devoir se reconstruire.
Ici, la rencontre avec Talulah va amener Élisabeth à reprendre confiance en elle et à prendre davantage de risques au quotidien.
Dans une scène du film, les adolescents se rendent ensemble au cinéma et vont voir Les nuits de la pleine Lune d’Éric Rohmer, sorti en 1984. Ce film, devenu un classique, a été choisi à bon escient par le réalisateur.
Dans ce film, Louise, interprétée par Bulle Ogier, est une jeune femme libre et indépendante, qui refuse un certain carcan imposé par la société. Pourquoi choisir, lorsqu’on peut vivre librement?
Talulah va être marquée par ce film. Et comme l’héroïne Louise, elle a une certaine indépendance au sein de son sentiment de solitude. Toutes les deux ont cet air en commun d’avoir déjà vécu, mais conservent un sentiment de curiosité face à l’existence.
Élisabeth va parvenir à développer une certaine complicité avec Talulah et les adolescents vont l’accepter au sein de la famille.
Que reste-t-il de la tristesse du début, alors qu’Élisabeth se demande comment mener sa vie à bon escient? Une rencontre, des moments ensemble, une compréhension et de nouvelles expériences.
À travers ce beau film, Mikhaël Hers développe les thèmes de la famille et de ses liens qui se font et se défont, de la résilience, de l’amitié et de l’amour impromptu.
Une réussite, avec un solide scénario et une ville, Paris, filmée de main de maître.
Charlotte Gainsbourg est encore une fois incroyable, accompagnée de jeunes talents forts prometteurs. Un film que je recommande, maîtrisé et qui aborde des questions centrales sur les notions de changements, d’évolution et de résilience.
Bande-annonce
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