C’est le printemps, Fred (Michael Caine) et Mick (Harvey Keitel) , deux vieux amis approchant les quatre-vingts ans, sont en vacances dans un bel hôtel au pied des Alpes. Fred, compositeur et chef d’orchestre, est désormais à la retraite. Mick, réalisateur, travaille toujours. Les deux amis savent que le temps leur est compté et décident de faire face à leur avenir ensemble. Ils portent un regard curieux et tendre sur les vies décousues de leurs enfants, sur la jeunesse flamboyante des scénaristes qui travaillent pour Mick, et sur les autres occupants de l’hôtel… Contrairement à eux, personne ne semble se soucier du temps qui passe. Tandis que Mick s’empresse de terminer le scénario qu’il considère comme son dernier film, Fred, lui, n’a aucune intention de revenir à la carrière musicale qu’il a abandonnée depuis longtemps. Mais quelqu’un veut à tout prix entendre ses dernières compositions et le voir diriger un orchestre à nouveau.
Nommé à Cannes en 2015, Youth (La giovinezza), nouveau film de Paolo Sorrentino, offre des images magnifiques et un scénario à la hauteur des attentes créées par La Grande bellezza. Encore une fois, il est question de beauté, de vieillesse et de solitude parmi la foule. Deux hommes à la fin de leur vie. Deux façons d’aborder ces dernières années.
Sorrentino continu avec les mêmes thèmes, mais dans un contexte différent. Tout au long de Youth, il met en opposition la jeunesse et la vieillesse. Chaque jour, les deux amis se questionnent à savoir lequel des deux a réussi à uriner le plus : « 4 gouttes, dit Fred, et toi? » « Plus ou moins la même chose, lui répond son ami ». Et comme si cette réponse n’était pas assez précise, Fred en rajoute en lui demandant « Plus… ou moins? »
Dans une autre scène, les deux hommes s’amusent à parier sur un couple qui mange au restaurant, chaque soir, en même temps qu’eux. Et, dans une autre scène, ils regardent une jeune femme et laissent sa beauté les transporter.
Youth semble être, en quelque sorte, un hommage à la jeunesse, mais aussi, à la vieillesse. L’un ne va pas sans l’autre, de toute façon. D’ailleurs, Sorrentino rend, à sa manière, hommage au grand Maradona. Le mythique joueur de football argentin est représenté vieux, obèse, asthmatique, ne se déplaçant qu’avec une canne. Pourtant, on sent bien que le cinéaste napolitain aime Maradona. Lors d’une très belle séquence, l’énorme pensionnaire de l’hôtel de remise en forme dans les Alpes suisses se met soudain à jouer avec une balle de tennis pour l’envoyer d’un de ses coups de pied magiques à une hauteur vertigineuse, et ce, à plusieurs reprises sans la laisser tomber.
Avec Youth, le réalisateur nous offre encore des personnages provenant du milieu artistique. Deux hommes qui sont quelque peu blasés et qui, malgré le fait qu’ils sont entourés, sont plutôt seuls. Ce sont aussi deux mauvais pères. Deux hommes qui ont fait passer leur carrière bien avant leur famille. Et leurs enfants (qui forment un couple) le leur laissent bien comprendre.
Youth, le plus récent film de Paolo Sorrentino, est un film d’une grande beauté, avec des personnages forts, des plans majestueux et un scénario écrit de main de maitre. Un film dans lequel se côtoient passé et présent, souvenirs et espoirs…
Note : 9/10
Extrait de “Youth”
© 2023 Le petit septième