Melody (Lucie Debay), modeste coiffeuse à domicile, est prête à tout pour réaliser son rêve : ouvrir son propre salon de coiffure. Contre une importante somme d’argent, elle accepte de porter le bébé d’une autre et rencontre Emily (Rachael Blake), riche Anglaise qui cherche désespérément à en avoir un.
Melody est le deuxième long métrage de fiction du réalisateur belge Bernard Bellefroid (La régate), qui a aussi réalisé courts métrages et documentaires. En 2014, Melody a remporté le Prix du public (long métrage de fiction) au Festival international du film francophone de Namur, en Belgique. Lucie Debay et Rachael Blake ont quant à elles toutes deux remporté le Prix d’interprétation féminine et le film a été récompensé du Prix du jury œcuménique au Festival des films du monde de Montréal.
La question des mères porteuses a toujours fait l’objet de polémiques. Plusieurs diront : comment peut-on abandonner son enfant après l’avoir porté? D’autres diront que ces femmes ne sont qu’un simple support, que l’enfant qu’elles portent ne leur a jamais appartenu. Cela est peut-être plus simple en théorie que dans la pratique. Quand Melody s’engage dans cette aventure, elle ne s’attend pas à ce qui va suivre. Un enfant bouge et grandit en elle, et cela fait ressurgir son histoire personnelle.
Dans une telle situation, qui est la « vraie » mère de l’enfant? Celle qui le porte ou celle qui l’élèvera? Tout le monde n’a pas la même façon d’envisager la chose. Et c’est une question qui est soulevée dans le film. Le réalisateur ne prend pas pour autant parti pour l’une ou l’autre des deux femmes. Mais il montre très bien ce que cela peut représenter pour chacune d’elles.
Le film présente ainsi deux femmes, deux réalités, deux rêves, le tout dans deux langues. Melody est Française et Emily est Anglaise; la première est assez pauvre et la seconde, très riche; l’une veut un salon de coiffure et l’autre, un enfant; toutes les deux parlent français et anglais, mais n’ont pas la même aisance dans les deux langues. Quand l’émotion prend le dessus, chacune s’adresse à l’autre dans sa langue maternelle. Leur culture n’est pas non plus la même. Pas plus que leur rapport à la famille.
Plusieurs scènes se passent au bord de la mer. Il y a là, selon moi, un lien à établir avec la mer qui a souvent été comparée à la mère originelle. L’eau symbolise le pouvoir féminin. Melody marche longuement sur la plage, s’approche au plus près des vagues glaciales et se recule rapidement. Plus tard dans le film, Emily se joindra à elle : deux femmes face à la mer dont le rapport à la maternité est encore ambigu.
Melody est beau film, touchant et dur sur la filiation.
Et vous, que seriez-vous prêt à faire pour que vos rêves deviennent réalité?
Note : 8/10
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