Tornare – Quand le passé te retrouve

« Non c’è passato, non c’è presente, non c’è futuro. Il tempo è solo un modo per misurare il cambiamento. »
[Il n’y a pas de passé, pas de présent, pas de futur. Le temps n’est qu’un moyen pour mesurer le changement.]

Tornare - afficheNaples, années 1990. Alice McNellis, une journaliste de 40 ans, rentre d’Amérique pour les funérailles de son père. Après la cérémonie, Alice et sa sœur prennent la décision de vendre leur maison d’enfance désormais vide. Tout en débarrassant tous les objets accumulés au cours de leur vie, elles découvrent que leur maison n’est pas aussi vide qu’elles le pensaient. Une rencontre plutôt insolite avec une belle et mystérieuse femme vivant dans la maison appartenant à la famille d’Alice et une rencontre tout aussi inattendue avec Marc Bennet, un personnage fascinant, intrigant et pourtant obscur, ouvriront un nouveau monde à Alice, qui fera la lumière sur son passé, son identité et son existence.

Avec Tornare (qui signifie « revenir »), Cristina Comencini offre un thriller psychologique se déroulant à trois époques différentes. C’est aussi l’occasion de donner une place de choix aux femmes – qui occupent tous les rôles principaux du film – , afin de montrer le peu de place qui leur était souvent laissée.

Superpositions d’époques

Tornare - Superposition des époques
Les trois version d’Alice

Afin de créer le mystère, la réalisatrice a choisi de superposer trois époques. On voit donc Alice à l’époque actuelle (années 90), puis à ses 18 ans et finalement vers l’âge de 8 ans. Mais plutôt que de faire sauter le spectateur d’une époque à l’autre, Comencini fait interagir Alice avec elle-même. On voit donc la femme de 40 ans discuter avec celle de 18 ans. Cette façon de faire porte à confusion au début, mais on comprend rapidement comment tout cela s’entremêle pour permettre à Alice de comprendre son passé et, du coup, son présent. 

Ces échanges entre les trois versions d’Alice créent une belle intrigue. Les indices s’imbriquent lentement et le spectateur devient le témoin d’une histoire dure. Cela dit, les conversations sont parfois un peu illogiques. Les révélations que se font les différentes Alice donnent parfois l’impression d’avoir été juste insérées afin de créer un mystère. Si on est prêt à pardonner ces dialogues, on se retrouve avec un bon thriller psychologique et une fin étonnante.

Caché au fond de l’esprit

Tornare - Caché au fondAu-delà du suspense, c’est la manière dont la réalisatrice utilise le mystère afin de signer un pamphlet sur la place des femmes dans la société italienne. Ou plutôt sur le traitement qui leur est réservé. On a beau savoir que les femmes ont longtemps (et je pourrais parler au présent) été traitées comme inférieures aux hommes, il est bon parfois de se le faire rappeler. Ici, c’est surtout sur le plan familial et sexuel qu’on l’illustre. La jeune Alice et sa mère n’ont rien à dire quand le père est à la maison. Il est dans l’armée, donc toujours absent. Mais dès qu’il arrive, il est le seul maître à bord. Et même lorsque les enjeux sont spécifiquement féminins…

Puis, il y a la Alice de 18 ans, autour de qui tourne le grand mystère. Je ne peux malheureusement pas entrer dans les détails afin de ne pas le divulgâcher. Disons que la relation entre les deux versions adultes d’Alice montre tout le dommage que peut causer le refoulement.

Mais encore…

foto di scena film "Tornare" di Cristina Comencini, produzione Lumierefilm, con Giovanna MezzogiornoOn ne peut pas dire que Tornare est un grand film. L’histoire comporte des faiblesses scénaristiques qui dérangent. Il y a aussi le jeu de la fillette qui n’est pas toujours convaincant. Mais il s’agit d’un film qui se regarde bien.

Si vous me lisez régulièrement, vous connaissez mon amour du cinéma italien. J’en ai vu beaucoup dans les sept dernières années. Malheureusement, celui-ci ne restera pas sur ma liste de films à voir. 

Note : 7/10

Tornare est disponible pendant le ICFF, du 30 novembre au 8 décembre 2020.

Bande-annonce

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