« It’s illegal, right? »
[C’est illégal, non?]
Une mère en phase terminale (Susan Sarandon) s’arrange pour réunir sa famille une dernière fois avant de mourir.
Avec Blackbird, ce remake de Silent Heart (Danemark, 2014), Roger Mitchell offre un film d’une justesse et d’une douceur qui s’approchent de la perfection. Plusieurs films ont récemment traité de suicide assisté (Miele, Euphoria), mais celui-ci se démarque.
Il semble que le sujet du suicide assisté soit inépuisable. Chaque scénariste et chaque réalisateur veut faire sa version… Il semble… Dans la dernière année, ce thème revient encore et encore. Mais Blackbird sort du moule. Ici, pas d’hôtel au milieu de nulle part, pas de grands conflits. Seulement une histoire de famille ressemblant à ce qu’une vraie histoire de famille ressemble.
Aux États-Unis, la légalité de cette procédure varie d’un état à l’autre. Par exemple, l’état de Washington le permet, mais pas le Texas. L’histoire du film de Mitchell se situe dans une zone où le suicide assisté n’est pas légal. Vous l’aurez deviné, l’originalité du film ne vient pas de là. Je n’ai pas souvent vu cette thématique traité dans un endroit qui permet cette pratique.
Mais le grand réalisme proposé au niveau de la trame narrative, tout autant qu’au niveau des personnages et de leurs relations interpersonnelles le rend sublime.
Mais un bon scénario et une bonne réalisation ne servent à rien si les acteurs ne sont pas bons. Pour Blackbird, le réalisateur compte sur de grands noms, qui continuent à être aussi bon d’un film à l’autre, dans un rôle à l’autre. Susan Sarandon et Sam Neill sont parfaits dans ce rôle du couple âgé qui veut mener leur dernier projet ensemble, même si cela mène à un endroit où le mari n’a pas vraiment envie d’aller.
Kate Winslet et Mia Wasikowska offrent des performances subtiles, mais fortes dans leurs rôles de sœurs.
Tout cela mène à de très belles choses. Au niveau de la réalisation, j’ai en tête une magnifique scène qui arrive tôt dans le film. Un moment de belle intimité entre la grand-mère et son petit-fils. L’adolescent révèle son grand secret à sa grand-mère. La scène est filmée de loin. On voit chaque personnage coincé sur le bord du cadre. La moitié opposée du cadre est fermée par une poste de garage. Entre le personnage et la porte s’ouvre un champ au loin. Une magnifique analogie qui présente le côté secret de la déclaration, mais aussi l’espoir d’évasion du jeune homme qui se sent coincé par les visions et désirs que ses parents ont pour lui.
La force du scénario et des dialogues est évidente quand on réalise qu’il ne se passe pratiquement rien dans le premier 3/4 du film. Mais on se fait embarquer dans la vie de ces personnages.L’alternance entre les plans larges et serrés crée l’impression que nous sommes avec eux, mais à titre d’observateurs.
Puis l’introduction d’un événement surprenant, vers la fin, vient créer juste assez de tension pour que l’univers familial soit crédible. Parce qu’il n’y a pas de familles qui n’a pas ses secrets et ses crises.
On dit parfois qu’en cinéma, tous les sujets ont été traités et que c’est la façon de les traiter qui feront qu’un film est bon ou mauvais. J’y crois.
Dans Blackbird, Roger Mitchell et son équipe ont réussi à traiter d’un sujet trop populaire d’une façon à donner l’impression qu’il est le premier à le faire. Je vous encourage à aller voir ce grand film!
Note : 9/10
Bande-annonce
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