Kusturica, Bejo et Personnaz

Au Bonheur des ogres – Bouc émissaire professionnel

Au bonheur des ogres - AfficheDans la tribu Malaussène, il y a quelque chose de curieux, de louche, d’anormal même diraient certains. Mais à y regarder de près, c’est le bonheur qui règne dans cette famille joyeusement bordélique dont la mère sans cesse en cavale amoureuse a éparpillé les pères de ses enfants. Pour Benjamin Malaussène (Raphaël Personnaz), bouc émissaire professionnel dans un grand magasin et frère aîné responsable de cette marmaille, la vie n’est jamais ennuyeuse. Mais quand les incidents surviennent partout où il passe, attirant les regards soupçonneux de la police et de ses collègues de travail, il devient rapidement vital pour lui de savoir pourquoi, comment, et surtout qui pourrait bien lui en vouloir à ce point là? Benjamin Malaussène va devoir mener sa propre enquête aux côtés d’une journaliste intrépide surnommée Tante Julia (Bérénice Bejo) pour trouver des réponses.

Au bonheur des ogres (Nicolas Bary) est une adaptation de l’œuvre mythique de Daniel Pennac. Bary n’est pas le premier à vouloir adapter le roman, mais l’auteur n’a jamais trouvé un réalisateur qui lui proposait une idée qu’il aimait. D’ailleurs, il disait, en entrevue : « Je n’ai jamais pensé qu’on puisse adapter les Malaussène et d’ailleurs je n’étais pas très chaud. Les quelques propositions de scénario reçues pendant ces vingt ans me paraissaient platement fidèles jusqu’au jour où Nicolas Bary, à la sortie d’un théâtre où je lisais le Bartleby de Melville, m’a sauté dessus en s’exclamant qu’il voulait porter à l’écran Au bonheur des ogres. Il y avait une si joyeuse détermination dans cette agression que j’ai immédiatement dit oui. Une brève conversation m’a suffit pour comprendre que ce jeune était plein d’images. »

Il faut dire que le film de Bary est un conte très drôle, à l’humour français mordant, avec une image qui oscille entre le réalisme et la fantaisie. Du début à la fin, le réalisateur nous transporte dans un monde complètement fou, où la famille Malaussène est totalement sautée. Une œuvre visuellement sublime du tout début du film jusqu’à la fin du générique qui nous offre des images lumineuses et créatives. Raphaël Personnaz est génial dans son rôle de jeune homme un peu coincé.

Au bonheur des ogres nous montre une famille particulière, dans laquelle le grand frère fait office de figure paternelle et où la plus vieille fille fait office de figure maternelle. Le reste de la famille est tout sauf normal. L’autre fille de la famille passe ses journées à lire les cartes et à y voir toutes sortes de choses plus tragiques les unes que les autres. Le garçon de 12 ans est un futur pyromane en puissance et le plus jeune voit constamment ses aînés couper son appareil auditif pour pouvoir s’engueuler sans qu’il n’entende les vilains mots qu’ils se disent. Au-delà de la famille Malaussène, il y a la belle Tante Julia, interprétée par la ravissante Bérénice Bejo. Personnage amusant d’une femme fonceuse et entreprenante, qui nous rappelle que les hommes français ont quelques difficultés à performer devant ce genre de femme.

 

Au bout du compte, Au bonheur des ogres est un film drôle et disjoncté qui saura certainement illuminer ce froid mois de février. Il prendra l’affiche, au Québec, le 21 février.

Note : 8/10

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