
La Semaine de la critique de Montréal vient de dévoiler la programmation de sa deuxième édition, qui aura lieu du 12 au 18 janvier 2026. Fort du succès de sa première édition avec un taux d’occupation de 98%, l’événement se tiendra cette année dans une salle pouvant accueillir près de 300 cinéphiles par séance, soit au Cinéma du Musée. Une sélection de 26 films, courts, moyens et longs métrages, en provenance de 14 pays et rassemblés en bouquets sera présentée au fil de sept jours distincts et complémentaires. Chaque programme sera suivi par une discussion de fond entre cinéastes, auteurs, critiques et publics.
La Semaine de la critique fait la part belle au cinéma local, avec plusieurs premières mondiales de cinéastes québécois et canadiens. En ouverture, le tour de passe-passe magistral qu’est Cauchemar Conseil, le deuxième long métrage de Renaud Després-Larose et Ana Tapia Rousiouk (Le rêve et la radio) suivant Lucie, une doctorante qui cherche à se défaire de l’emprise physique et psychique de sa thèse et de son superviseur. Suivra, dès mardi, la première mondiale de la nouvelle fable d’Olivier Godin (Il n’y a pas de faux métier), le grivois et imprévisible Oublie pas le gruau, mettant en vedette Jean Marc Dalpé. Le cinéaste torontois Christopher Beaulieu dévoilera également Otium, une perspicace étude des non-lieux immobiliers et de la dépossession économique des nouvelles générations. Le tandem Ariane Falardeau St-Amour et Paul Chotel (Douce prisonnière), ainsi que Samuel Terry Pitre (D’époques) dévoileront également leur travail pour une première fois, à l’instar du réalisateur portugais Nuno Pimentel avec son court métrage expérimental I’m Feeling Something.

Finalement, la Semaine se conclura avec la rencontre entre deux vétérans du documentaire : Nicolas Wadimoff, cinéaste suisse diplômé de l’UQAM dont le Qui vit encore (première nord-américaine) donne la parole à un groupe d’exilés palestiniens montant une pièce sur leur expérience du génocide et Robert Morin, dont le Six portraits néoréalistes (première mondiale) montre le quotidien de six migrants africains à Rome tout en questionnant l’héritage du cinéma italien de l’après-guerre – et ce que peut encore être le cinéma dans un monde inondé d’écrans. En début de soirée, la Semaine de la critique accueillera aussi la remise du Prix Luc-Perreault-AQCC décerné annuellement depuis 1974 par l’Association québécoise des critiques de cinéma au meilleur film québécois de l’année.
Cette édition se démarque également par un accent mis sur le cinéma philippin et son engagement politique. Seront projetés deux courts métrages de la relève, Water Sports de Whammy Alcazaren et Objects Do Not Randomly Fall from the Sky de Maria Estela Paiso, ainsi que la restauration 4K de Kisapmata, le chef-d’œuvre de 1981 de Mike De Leon, décédé plus tôt en 2025. Le tout sera complété par une représentation spéciale de Magellan de Lav Diaz, qui débutera cette semaine-là sa sortie régulière sur les écrans du Cinéma du Musée.
Lundi 12 janvier à 18h30
Ce programme réfléchit le cinéma comme ouverture aux possibles, avec des films qui se laissent découvrir comme des continents enfouis, envers et contre toutes attentes et espérances.
A Thousand Waves Away de Helena Wittmann (Allemagne, 10 minutes) – En première canadienne
Cauchemar Conseil de Renaud Després-Larose et Ana Tapia Rousiouk (Canada, 148 minutes) – En première mondiale
Mardi 13 janvier à 18h30
De l’assemblage de trois récits artisanaux (film d’anticipation fiévreux, reconstitution historique hallucinée et comédie grivoise) naît une vision du monde qui transcende la basse existence.
Water Sports de Whammy Alcazaren (Philippines, 19 minutes) – En première québécoise
Revelations of Divine Love de Caroline Golum (États-Unis, 73 minutes) – En première nord-américaine
Oublie pas le gruau de Olivier Godin (Canada, 75 minutes) – En première mondiale
Mercredi 14 janvier à 18h30
Au cinéma, les représentations des hommes et de l’amitié masculine tendent à refléter les clichés de la vie réelle. Or, les films de ce programme offrent une contrepartie saisissante à ces idées reçues, une vision éloquente de la camaraderie affranchie des carcans de la société patriarcale.
La dureté du mental de Charles-André Coderre (Canada, 20 minutes)
Last Night I Conquered the City of Thebes de Gabriel Azorín (Espagne/Portugal, 112 minutes) – En première québécoise
Drunken Noodles de Lucio Castro (États-Unis/Argentine, 81 minutes) – En première québécoise
Jeudi 15 janvier à 18h30
Dans ces trois films, les formes excessives des caméras à notre disposition révèlent la pression concurrentielle qui nous pousse à performer le genre. Le cinéma ose ici poser la question de l’authenticité dans un monde écranique, si un tel concept existe encore.
Abortion Party de Julia Mellen (Espagne, 13 minutes) – En première québécoise
By Design de Amanda Kramer (États-Unis, 91 minutes) – En première canadienne
MACDO de Racornelia (Mexique/Grèce, 118 minutes) – En première canadienne
Vendredi 16 janvier à 14h30
Une rencontre féconde entre le cinéma historique du producteur Albert Serra et le réalisme politique du réalisateur Lav Diaz, Magellan propose une réécriture contestataire du grand récit colonial européen en décrivant la rencontre mouvementée entre le célèbre explorateur portugais et les autochtones philippins.
Magellan de Lav Diaz (Philippines/Portugal/Espagne/France/Taïwan, 163 minutes)
Vendredi 16 janvier à 18h30
La rencontre est salvatrice sous le signe de la lune, ou encore de la plume de Samuel Beckett, dans ce programme des plus ludiques, qui invite un public audacieux à découvrir un cinéma qui assume un évident plaisir à jouer avec la forme et les attentes narratives.
I’m Feeling Something de Nuno Pimentel (Portugal, 13 minutes) – En première mondiale
Bury Us in a Lone Desert de Nguyễn Lê Hoàng Phúc (Vietnam, 62 minutes) – En première québécoise
Pin de Fartie de Alejo Moguillansky (Argentine, 106 minutes) – En première canadienne
Samedi 17 janvier à 14h30
Au cœur de sa focalisation sur le cinéma philippin, le festival soulignera la disparition de Mike De Leon, grand cinéaste décédé le 28 août 2025. Il laisse derrière lui un important cinéma politique, qui continue d’influencer l’engagement de nouvelles générations de cinéastes.
Objects Do Not Randomly Fall From the Sky de Maria Estela Paiso (Philippines, 11 minutes) – En première canadienne
Kisapmata de Mike De Leon (Philippines, 99 minutes)
Samedi 17 janvier à 18h30
Les dérives protectionnistes et les dogmes néolibéraux du Canada contemporain ont fait de la cité une chasse gardée, où viennent s’abîmer les rêves d’accueil et de prospérité d’autrefois. Dans ce programme double consacré à la réalité torontoise, deux âmes errent, embourbées dans une toile labyrinthique de non-lieux et d’entre-deux propres à la précarisation.
Permanent Tourist de Alex Lo (Canada, 67 minutes) – En première québécoise
Otium de Christopher Beaulieu (Canada, 79 minutes) – En première mondiale
Dimanche 18 janvier à 14h30
Cinq courts métrages comme autant de façons de dire adieu, comme autant de réverbérations d’une mélancolie profonde envers ces territoires géographiques et psychiques où les vies s’égarent et se volatilisent face à la disparition de l’horizon des possibles.
Douce prisonnière de Paul Chotel et Ariane Falardeau St-Amour (Canada, 12 minutes) – En première mondiale
Last Evenings on Earth de Ralitsa Doncheva (Canada, 13 minutes)
D’époques de Samuel Terry Pitre (Canada, 46 minutes) – En première mondiale
23 Thoughts About My Mother de Mike Hoolboom (Canada, 32 minutes) – En première québécoise
Blue Stomach de Nathan Donovan (Canada, 4 minutes) – En première québécoise
Dimanche 18 janvier à 18h30
Le voyage s’achève, la curiosité repue et les trésors partagés, mais pourquoi ces deux cinéastes regardent-ils encore avec discernement vers le large? Deux films sur les déplacé•e•s, sur la violence de la dépossession du monde et des possibles. Et, enfin, sur la part que peut encore accomplir le cinéma.
Qui vit encore de Nicolas Wadimoff (Suisse/France/Palestine, 113 minutes) – En première nord-américaine
Six portraits néoréalistes de Robert Morin (Canada, 75 minutes) – En première mondiale
La liste complète des participant∙e∙s aux discussions sera dévoilée le 5 janvier 2026.
Billet individuel (programme double ou triple) : 25$
Billet individuel (projections du samedi PM et dimanche PM) : 15$
Passeport régulier : 140$
Passeport étudiants & 65 ans et + : 100$
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