« I’m a movie director. I want you to star in my next project. »
[Je suis un réalisateur de films. Je veux que tu sois la vedette de mon prochain projet.]

La vedette du grand écran Shina Mizuhara (Ui MIhara) a perdu sa passion pour le cinéma et est désormais cynique et cruelle. Elle décide de se rendre à New York avec son copain, mais ce dernier la laisse dès leur arrivée. N’ayant ni son portefeuille ni son téléphone, et parlant seulement japonais, sa journée s’annonce pénible. Puis Shina rencontre Jack (Estevan Muñoz), un réalisateur de films à petit budget qui la convainc de jouer dans son prochain film.

Avec I Fell in Love with a Z-Grade Director in Brooklyn, Kenichi Ugana propose sa toute première comédie romantique, laquelle mélange bien les genres et fait rire avec force. 

Nouveau registre pour Ugana

Si vous aimez le cinéma de genre underground japonais, vous connaissez probablement le nom Kenichi Ugana. Si ce n’est pas le cas, peut-être que ce texte vous donnera envie de le découvrir. 

Il crée des œuvres souvent décalées, mélangeant humour et horreur, personnages comiques et étranges, et il offre de bons divertissements tout en gardant une grande dose d’originalité. 

Mais le cinéaste nippon ne fait pas que des films d’horreur comme Visitors : complete edition, ou des ovnis comme Extraneous matter : complete edition. Il fait du cinéma expérimental comme avec The girls, et des comédies de fin du monde comme avec We are aliens. Mais quelque chose qu’il n’avait pas fait jusque-là, c’était une comédie romantique. C’est ce qu’il offre cette année en première mondiale à Fantasia. Et Fantasia est clairement la bonne place pour ce genre de film. 

Mais ne soyez pas berné, ce film respecte tout de même les clichés des comédies romantiques allant de la rencontre fortuite, des petits abus, de la chicane jusqu’à la réconciliation. Mais la touche d’Ugana en fait un film hors-norme complètement fou et jouissif. 

Le cheap au service de la qualité

Cette fois-ci, plutôt que d’utiliser des effets visuels cheaps de façon directe, il les utilise dans son « film dans le film ». Ainsi, le film que tournent les personnages est un nanar de série Z (d’où le titre) avec des effets des plus ratés. On peut penser au vomit vert épais que doit cracher la pauvre Ui MIhara à plusieurs reprises. 

Ce qui nous amène au film principal, pour lequel le réalisateur a une image de qualité. Mais comme on alterne entre une image terrible dans le film de Jack à une belle image dans les autres scènes, on a tout simplement l’impression que l’image principale est extraordinaire. 

De plus, le fait que le film d’horreur cheap est vraiment nul, les nullités habituelles d’une comédie romantique passent sans que ce soit fatigant. Si on ajoute à cela le fait que Jack ne parle pas du tout japonais et que Shina ne parle pas un mot d’anglais, on se retrouve rapidement dans une situation propice aux rires. Mais alors que d’autres auraient misé sur des quiproquos liés à la langue, Ugana utilise cet enjeu afin de faire rire le spectateur qui lui, comprend tout. Ainsi, on se retrouve avec deux personnages qui se parlent seuls, mais qui en réalité parlent aux spectateurs. D’ailleurs, à deux reprises, Shina s’adresse directement au spectateur en brisant le 4^e mur. 

Un peu plus…

Le résultat est une comédie romantique intelligente, hilarante et touchante, où Ui Mihara livre une performance exceptionnelle dans le rôle de Shina, alors qu’Estevan Muñoz incarne parfaitement le charmant et spontané Jack.

Et parce qu’il n’y a rien de « normal » dans les films de Kenichi Ugana, même celui qui déteste les comédies romantiques risque de fortement apprécier I Fell in Love with a Z-Grade Director. 

D’ailleurs, le réalisateur nous a appris une bonne nouvelle lors de la projection. Un distributeur nord-américain distribuera ses films ici. Ne manquez pas cette occasion. 

I Fell in Love with a Z-Grade Director est présenté au Festival Fantasia le 23 juillet 2025. 

Bande-annonce