La majorité des réalisateurs sortent un film tous les trois à quatre ans. Certains comme Yorgos Lanthimos et Luca Guadagnino réussissent l’exploit d’en sortir un par an. Et puis, il y a Takashi Miike. En plus de 30 ans de carrière, il a réalisé près de 59 longs-métrages, sans compter des séries télé, pièces de théâtre et web-série. Entre 2001 et 2002, il a réalisé 14 productions. On ne peut donc pas nier qu’il est très prolifique.
Il est aussi connu pour son style souvent trash, extrême et excentrique que l’on peut voir dans des films comme Audition, Dead or Alive ou bien Ichi the Killer pour n’en citer que quelques-uns, mais également avec de nombreuses adaptations de mangas comme Crows Zero, As the Gods Will et Blade of the Immortal, et quelques fois des œuvres plus intimistes à la First Love. Son style et sa réputation font de Miike un habitué du Festival Fantasia. Juste cette année, il est crédité dans trois films de la programmation, parmi eux, Blazing Fists.
MMA
Ryoma et Ikuto se rencontrent tous les deux dans une prison juvénile. Si certains voient en eux des délinquants sans grand avenir, les deux se sentent inspirés en rencontrant un célèbre combattant de MMA et décident de tourner la page en devenant eux-mêmes des combattants et en tentant de participer à un célèbre tournoi. Ils devront cependant faire face à leur passé rempli de violence, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du ring.
Le film s’inspire de Street Legend, l’autobiographie du combattant Mikuru Asakura, qui joue ici son propre rôle et qui devient lui-même le modèle qui a dû l’inspirer dans sa propre vie. Le concept de rédemption à travers un sport de combat est aussi une thématique à la fois au cinéma (Rocky) que dans la culture japonaise (Ashita no Joe).
Moins d’extravagance
Miike prend un style plus terre-à-terre, beaucoup moins extravagant que dans ses autres films, offrant ici un véritable drame sportif. Il a ainsi l’occasion de surprendre ses fans de la première heure et de se rapprocher d’un public moins familier avec ses films plus extrêmes. Blazing Fists se rapproche d’ailleurs de First Love, notamment pour son protagoniste boxeur, mais surtout pour l’attention qu’il porte pour ses personnages de marginaux. Ici, Ryoma et Ikuto se lancent dans le Kickboxing pour sortir de la vie dans laquelle on les a ancrés, essentiellement Ikuto, dont on rappelle sans cesse que son père est accusé de meurtre, faisant de lui un fils de criminel. Il y a toujours à travers le film cette idée de se reconstruire et d’éviter de tomber plus bas, que ce soit à travers les protagonistes ou leurs rivaux. Une mentalité qui fait très Shonen.
WellGo USA
Cependant, peut-être que c’est à cause du fait qu’il a réalisé plusieurs adaptations de mangas, mais Miike utilise beaucoup de stéréotypes du médium, plus particulièrement les mangas de délinquants. L’utilisation de ce type de clichés va bien avec le style Miike et il offre dans Blazing Fists des moments drôles et excitants. On a même droit à une grande bataille entre gangs de rue. Néanmoins, ce genre d’aspects scénaristiques ne passent pas tellement avec le genre d’histoire que veut raconter Miike. Résultat, le scénario est rempli de clichés plutôt ridicules qui passeraient mieux s’il s’agissait d’une adaptation de manga. Le cinéaste aurait dû rester dans le cadre du film sportif, ce qui aurait fait une expérience intéressante pour lui et pour ses admirateurs.
Takashi Miike est loin de faire son meilleur film avec Blazing Fists. Il offre néanmoins un bon petit divertissement qui plaira à ses fans et au public qui le connait moins, mais qui aurait pu devenir quelque chose de plus grand si mieux abordé.
Blazing fists est présenté au Festival Fantasia le 19 juillet 2025.
