« La mort cessera d’être absolue. »
Il y a 130 ans, les frères Lumière inventaient le cinéma. Tout était déjà là, les plans, les travellings, le drame, la comédie, le jeu des acteurs… Grâce à la restauration de plus de 120 vues Lumière inédites, le film nous offre le spectacle intact du monde au début du siècle et un voyage stimulant aux origines d’un cinéma qui ne connaît pas de fin.
Avec Lumière, l’aventure continue, Thierry Frémaux offre un retour sur la création du cinéma et l’héritage des frères Lumière. Un héritage qui, selon le cinéaste, va au-delà de la simple création du septième art.
À l’instar du premier opus, Lumière, l’aventure continue est un essai dont l’image est exclusivement composée de films Lumière, afin que ces « vues cinématographiques » prennent toute leur importance sur le grand écran. Aussi, cette fois-ci, le réalisateur met l’accent sur des films moins connus de la cinématographie Lumière, qui contient près de 1 500 films de cinquante secondes.
Évidemment, le réalisateur débute par le début, même si la Sortie des usines est connu de tous. Mais pour la première fois, on regarde ce film en proposant une théorie intéressante : il y aurait 3 versions de ce même film. C’est avec cette analyse que débute le film, retraçant l’œuvre des Lumière de 1895 à 1905, lorsque Louis Lumière laissa le cinéma pour se consacrer à l’invention de la photographie en couleur.
Ainsi, ce sont quelques 120 « vues » qu’utilise Frémaux pour nous présenter l’œuvre des inventeurs d’une façon nouvelle. Ce choix permet d’approfondir la connaissance de l’œuvre Lumière, en dévoilant des films stupéfiants de beauté. Ici, nombreux sont les films qui font la preuve de l’imagination et de l’audace remarquables de Lumière et de ses opérateurs. Et contrairement à ce qu’on peut penser, il semblerait que ces premiers cinéastes étaient bel et bien des cinéastes.
« Lumière et ses opérateurs se posent des questions de mise en scène, celles de milliers de réalisateurs qui viendront après eux : le rôle de la caméra, la force d’un sujet, l’idée d’un mouvement. »
Cette mise à scène occupe une partie du film, ce qui est franchement intéressant pour une personne qui connaît le langage du cinéma, mais peut-être moins pour une personne qui s’y connait moins.
C’est là que le principal point négatif de ce long métrage arrive. Par moment, le cinéphile type risque fort de s’ennuyer, alors que Frémaux pousse encore et encore la théorie de l’image. Ainsi, ce film s’adresse plus à un public qui connaît le cinéma d’un point de vue de la création de l’image.
Il y a la narration qui, aussi, risque de rebuter quelques curieux. Le ton monotone entre en contradiction avec l’intérêt qu’on ressent dans le propos. L’utilisation d’un narrateur expert aiderait à garder le spectateur concentré. Mais ici, par moment, on ressent le besoin de s’arrêter afin de ne pas partir dans la lune.
Mais on ne peut qu’apprécier la rigueur démontrée par le réalisateur.
La musique issue de l’œuvre de Gabriel Fauré est un élément essentiel de mise en scène et de la mise en valeur des films qu’on nous montre. Fauré a été choisi – comme Camille Saint-Saëns précédemment pour Lumière, l’aventure commence – parce qu’il était un contemporain de Louis et Auguste Lumière. Ce détail ajoute une touche d’authenticité à l’œuvre.
Lumière, l’aventure continue a été découpé en 11 chapitres distincts proposant un angle d’analyse différent. Ce choix permet de ramener le spectateur qui pourrait être en train de décrocher.
Le résultat est un film qui, malgré ses longueurs et son ton monotone, réussit à intéresser et à faire découvrir des œuvres qui ne sont pas assez connues. Et honnêtement, des œuvres qui sont visuellement très intéressantes. Beaucoup plus qu’on pourrait l’imaginer, étant donné qu’il s’agissait, après tout, des débuts d’un nouveau médium.
Bande-annonce
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