« Remember you are loved. »
[Souviens-toi que tu es aimé.]
Suite à l’épidémie du virus de la Rage en Grande-Bretagne, le reste du monde a décidé de mettre la nation en quarantaine, laissant les survivants à eux-mêmes. 28 ans se sont écoulés depuis 28 semaines plus tard, le deuxième opus de la série (le réalisateur et producteur Danny Boyle confirme que deux autres suites sont en production). Une petite île a réussi à survivre et à résister grâce à la ténacité de ses habitants et à la marée qui parvient à les isoler du continent lorsque celle-ci est haute.
Pour Spike (Alfie Williams), c’est un grand jour. Son père, Jamie (Aaron Taylor-Johnson), l’amène faire son premier voyage sur le continent. Malgré son jeune âge, il est assez habile avec un arc pour se défendre et il a l’approbation du village pour vivre son escapade initiatique. Laissant sa mère souffrante à la maison (interprétée par Jodie Comer), Spike découvre un monde laissé à l’abandon, où la nature a repris ses droits et où les infectés ont appris à survivre. Mais les choses ne sont pas aussi simples qu’elles le semblent et plusieurs secrets se révéleront au jeune garçon, qui réalisera que le mal n’est pas toujours là où on le croit.
Danny Boyle (réalisateur) et Alex Garland (scénariste) reprennent leur rôle respectif qu’ils avaient dans 28 jours plus tard pour ce 3e opus de la série. N’ayant pas été aussi impliqué dans le 2e film 28 semaines plus tard (Danny Boyle n’a réalisé que la séquence d’introduction, qui est selon moi le meilleur moment du film, et Garland a fait quelques retouches au scénario pour peaufiner l’histoire) et se contentant principalement d’un rôle de producteur, il est agréable de revoir les deux hommes travailler ensemble dans cet univers qu’ils ont construit ensemble.
Même si l’atmosphère urbaine est troquée pour une campagne sauvage et verdoyante, l’équipe n’a rien perdu de la tension qu’ils ont su insuffler au premier film. Danny Boyle parvient à filmer ses personnages et ses environnements dans des angles intéressants, tantôt en gros plan, pour bien vivre l’émotion, et tantôt large pour comprendre l’ampleur du danger dans lequel se trouvent les protagonistes. Plusieurs plans débullés (les fameux « Dutch angles ») sont aussi utilisés dans certains moments clés pour accentuer le malaise et l’angoisse des spectateurs.
Le film est également principalement tourné avec un iPhone 15 Pro Max, ce qui permet une meilleure mobilité et la possibilité d’aller chercher des prises de vues et des angles qui auraient été plus compliqués à obtenir avec des caméras traditionnelles.
Le montage est saccadé, surtout dans les moments de poursuite, pour montrer l’état de panique et d’urgence des personnages. Le son est aussi bien travaillé, sachant jouer de moments de silence pour maintenir la tension, même si le film a recours à quelques « jumpscares » gratuits qui auraient pu être évités sans rien enlever au récit. Malheureusement, ce genre de pratique dans les films d’horreur est maintenant monnaie courante et il est presque impossible de s’en passer. Quelques effets de montages avec des images d’archives et le choix de montrer une scène en mode « vision nocturne » sont difficilement explicables dans le récit, car si elles sont présentes au début du film, elles disparaissent complètement dès la moitié du film. Cela n’entrave pas le visionnement et donne un certain effet visuel, mais sa pertinence est discutable et cela n’apporte rien de significatif au final.
Si Garland parvient encore une fois à nous présenter des personnages tout aussi attachants que dans le film 28 jours plus tard, il est difficile de ne pas penser au « gars des vues » en voyant certaines scènes du film.
Sans divulgâcher, disons que les crises de la mère, violentes et vocales dans la tranquillité du village, restent sous contrôle une fois sur le continent et ne seront jamais un réel inconvénient pour les personnages. Aussi, je n’ai jamais vu un bébé aussi tranquille, même en situation de danger, ça en est presque miraculeux.
Il est normal qu’un film offre des moments de suspension de crédulité pour faire avancer son récit. C’est quelque chose qu’on accepte lorsqu’on va voir un film. Cependant, lorsqu’il y a un peu trop de moments incrédules, ou que ces derniers sont trop flagrants, cela finit par se remarquer.
Dans 28 jours plus tard et 28 semaines plus tard, il est coutume que le vrai antagoniste du film ne soit pas les infectés, qui sont surtout des obstacles récurrents et voraces, mais les humains. 28 ans plus tard suit dans les traces de ces prédécesseurs, tout en nous offrant quelques subversions, afin d’avoir sa propre identité.
Alfie Williams est une révélation dans le rôle de Spike. Ce jeune acteur, qui avait peu d’expérience, porte le film avec beaucoup de sensibilité et de maturité, tout en parvenant à être du calibre de ses partenaires de jeu plus expérimentés. Il parvient à retranscrire le doute, la colère, la déception et la détermination qui animent Spike, lorsqu’il réalise les mensonges qui l’entourent et la trahison de celui qu’il avait en haute estime.
Le personnage de Ralph Fiennes est mon préféré du récit, mais je ne peux trop en dire, sans gâcher le plaisir de le découvrir. Disons simplement qu’il est un bel ajout dans la franchise, car il est confirmé dans le prochain opus prévu pour 2026 : The Bone Temple.
28 ans plus tard est une bonne suite pour les fans des deux premiers films, ainsi qu’un bon film pour ceux qui ne les ont jamais vus.
Bande-annonce
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