Teki Cometh - Une

[TJFF] Teki Cometh – Préparer sa mort

「敵が来ると言って、皆が逃げ始めています。」
[Ils disent que l’ennemi arrive et que tout le monde commence à fuir.]

グレー枠

Gisuke (Kyozo Nagatsuka), professeur de littérature française à la retraite et veuf, passe ses journées à s’occuper de sa maison et de son jardin, et à profiter des visites de ses anciens élèves, notamment de Yasuko (Kumi Takiuchi), pour qui il prépare des repas raffinés. Avec seulement six ans d’économies, il projette secrètement de se suicider, laissant juste assez d’argent pour ses funérailles. Un jour, Gisuke tombe sur un message sur Internet indiquant : « Un ennemi arrive du nord. » Il l’ignore, mais plus il le voit, plus il sent un sentiment inquiétant grandir.

Avec Teki Cometh (敵), Daihachi Yoshida offre un film lent, doux et sombre, imaginant comment la vie peut se terminer pour une personne qui préfère prévoir les choses que de les laisser décider de sa fin.

Fin de vie

Gisuke Watanabe, 77 ans, a quitté l’université il y a dix ans et vit modestement seul dans la vieille maison familiale située dans les quartiers chics de Tokyo, depuis le décès de sa femme Nobuko il y a vingt ans.

Il tire de maigres revenus de conférences et d’écrits, calculant combien d’années ses économies dureront – et ainsi combien d’années il lui reste à vivre. Gisuke croit que connaître sa fin donne un but à sa vie, plus que de vivre trop longtemps par rapport à ses moyens. Il ne veut pas dépendre du gouvernement, car ce n’est pas ce qu’un gouvernement attend de ses citoyens.

Teki - Fin de vie
Yasuko (Kumi Takiuchi) et Gisuke (Kyozo Nagatsuka)

Il est méticuleux dans tous les aspects de sa vie : l’heure de son réveil, le contenu de ses repas, ses courses, la vaisselle qu’il utilise, ses dépenses, les livres de sa bibliothèque, et même la préparation de sa mort. Il a accumulé dans une malle des savons offerts en cadeau, en quantité bien supérieure à ce qu’il pourrait utiliser, et les a laissés à l’abandon dans un débarras. Ces savons deviennent un peu l’image de la vie du commun. On accumule une tonne de choses – tant physiques qu’intellectuelle – qui au final ne serviront à bien peu puisqu’à la fin de notre vie, tout ça sera perdu.

C’est ainsi que le film questionne la vie et ce qu’elle représente. Et questionne aussi la mort en tant que concept ultime de la vie. Si on prépare notre vie, on devrait aussi préparer notre mort et ainsi ne pas devenir un poids mort pour la société ou les proches. Bien qu’au début on trouve un peu ridicule le raisonnement de Gisuke, à mesure que le film avance et que l’homme répète et explique son raisonnement, on en vient presque à croire qu’au final, il a bien raison. 

Mais ce que le film montre aussi, c’est qu’à un moment donné, on risque fort de perdre le contrôle, même si notre vie est réglée au quart de tour. 

Le vrai du faux

Car oui, en vieillissant, la santé risque de faiblir, et les choses de s’embrouiller. Et à mesure que les choses s’embrouillent pour le personnage principal, le spectateur commence à douter un peu plus à chaque scène. 

Le réalisateur joue vivement sur le mélange entre le vrai et le faux, sans réellement donner toutes les clés au spectateur. Des indices, ici et là, laissent le spectateur se questionner sur ce qu’il voit. Est-ce que cette rencontre s’est réellement déroulée ainsi? A-t-elle seulement eu lieu? Est-ce que Gisuke sombre dans la démence, ou se passe-t-il de drôles de choses? Est-ce qu’il est simplement atteint d’une grande tristesse nostalgique? Sa façon d’agir est-elle complètement innocente, ou est-il dans une constante tentative de séduction envers les étudiantes en littérature française?

Le changement de cap dans le récit se produit lorsqu’un jour, un message inquiétant apparaît sur l’écran de son ordinateur : « L’ennemi arrive ». Mais qui est cet ennemi? Voilà la question à laquelle le spectateur devra trouver une réponse… par lui-même. C’est cet élément qui rendra le film excellent pour certain et mauvais pour d’autres. 

Teki - Le vrai du faux
Gisuke et sa femme Nobuko

Ainsi, la vie méticuleusement ordonnée de Gisuke, où les monologues sont devenus plus fréquents, commence à se fissurer, et sa conscience s’embrume. Bientôt, sa femme apparaît fréquemment dans sa tête, rendant difficile de distinguer le faux du vrai. 

De là, la présence de son ancienne élève, Yasuko Takamasa, commencera à devenir source de questionnement pour le spectateur. Même chose pour ses visites au bar Yakan Hikō (Vol de nuit où il rencontre la jeune Ayumi Sugai, une étudiante en littérature française qu’il y a rencontrée. Quelle est la relation réelle entre l’homme et les deux jeunes femmes?

Un peu plus…

En présentant un personnage comme Gisuke, qui s’efforce de rester en bonne santé en surveillant son alimentation, se montre sous son meilleur jour devant les femmes pour éviter d’être blessé, réprime ses désirs secrets, pense à sa défunte épouse et médite sur l’idée de mourir sans déranger personne, il amène le spectateur à réfléchir sur le sens de la vie et de la fin de la vie.

Le résultat est un film qui provoque une certaine tristesse. Mais en même temps, il y a de magnifiques scènes qui semblent laisser un message positif. La fin de la vie est-elle d’une grande tristesse, ou quelque chose qui apporte son lot de bonheur? 

Non, Teki Cometh ne donne pas de réponse. Mais il donne l’occasion à ceux qui poseront le regard sur cette œuvre de prendre le temps de réfléchir à leur propre vie et à celle de leurs proches. 

Teki Cometh est présenté au Toronto Japanese Film Festival, le16 juin 2025.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Durée
108 minutes
Année
2024
Pays
Japon
Réalisateur
Daihachi Yoshida
Scénario
Daihachi Yoshida
Note
7.5 /10

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Fiche technique

Titre original
Durée
108 minutes
Année
2024
Pays
Japon
Réalisateur
Daihachi Yoshida
Scénario
Daihachi Yoshida
Note
7.5 /10

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