« Est-ce que tu as déjà souhaité que les choses soient différentes? »
Olive (Caroline Bell) et Benny (Ian Ottis Goff) sont en relation depuis plusieurs années, après s’être rencontrés à un mariage. Cependant, lors de leur anniversaire, des objets inhabituels commencent à apparaître dans leur maison, comme une peluche, des aimants sur leur frigo ou un petit wagon de bois. Pire, les deux se mettent à expérimenter des pertes de mémoire et semblent disparaître durant plusieurs minutes, pour ensuite revenir après avoir vu ce qui semblait être une réalité parallèle.
Arianna Martinez, la réalisatrice et co-scénariste , nous offre ici une histoire sur les relations de couple, l’impact de nos choix et la constatation que, parfois, il n’y a peut-être pas de « bonnes » décisions. Malheureusement, le scénario ne parvient pas à nous offrir une histoire cohérente et la fin fait peu de sens.
D’abord les fleurs…
S’il y a une chose qu’on ne peut reprocher à Arianna Martinez, c’est qu’elle a su faire le maximum pour nous offrir un film visuellement beau. Ce film à petit budget parvient à nous offrir un regard à la fois intime et éthéré de la naissance d’un couple jusqu’à la sombre froideur de sa disparition. Lors de la rencontre entre Olive et Benny, la lumière est chaude et douce, surexposant parfois ses personnages, leur donnant l’impression de briller. Au moment où les incidents qui mettent leur relation en péril surviennent, la lumière est plus froide et une nuit éternelle semble les entourer.
Benny (Ian Ottis Goff) et Olive (Caroline Bell)
Et quand Olive semble se retrouver dans une réalité alternative avec Ada (Mallory Amirault), le monde semble redevenir lumineux, plus vif et chaleureux. Les allers-retours temporels et les changements de réalités pourraient nous perdre, mais la réalisatrice utilise judicieusement ce jeu de lumière pour nous permettre de bien suivre le récit.
La performance des acteurs est aussi irréprochable. Caroline Bell porte le film sur ses épaules et offre une performance remarquable pour son premier rôle au cinéma. Elle est définitivement une actrice à suivre et je lui souhaite beaucoup de succès dans sa future carrière.
Ensuite le pot
Malheureusement, le scénario n’est pas à la hauteur. En regardant le film, on ne peut s’empêcher de voir des petites ressemblances avec le film Du soleil plein la tête (Eternal sunshine of the spotless mind) de Michel Gondry. Mais n’est pas Gondry qui le veut.
Arianna Martinez | crédit 📸 Mag Hood
L’histoire met beaucoup l’emphase sur les ruptures et sur comment une personne qui était notre monde peut finir par devenir un souvenir lointain, voir disparaître de notre mémoire. Ce qui semble être ce qui se produit pour Benny, qui s’efface doucement pour Olive. Cependant, l’histoire nous montre que ce n’est pas une rupture, mais une réalité alternative. Donc, cela ne fait aucun sens que Benny disparaisse. Pourquoi les deux réalités ne peuvent-elles pas coexister? Le film nous montre clairement que lors du mariage, Olive avait la possibilité de discuter soit avec Benny ou avec Ada.
Le film aurait eu plus de cohésion avec ses thématiques s’il suivait Olive après sa rupture avec Benny et qu’elle devait faire le deuil de leur amour et accepter qu’il ne soit plus qu’un lointain souvenir, afin de faire de la place pour sa nouvelle relation.
Au final, Do I know you from somewhere reste un début prometteur pour Arianna Martinez, qui nous démontre qu’elle est capable de nous offrir un très beau film, bien dirigé, avec un petit budget. Il serait intéressant de voir ce qu’elle peut faire, si elle avait une histoire un peu plus cohérente.
