« J’aimerais contribuer à un monde meilleur, où les gens s’acceptent tels qu’ils sont, et utilisent leur plein potentiel. »
Essai philosophique décalé autour de cette profession en plein essor qu’est le coach de vie, véritable miroir des valeurs de notre époque. Dans une forme qui joue la distance pour cadrer l’intime, la trame explore de manière ludique la nouvelle sacralisation de l’émancipation individuelle. Entre regard empathique et dévoilement de l’absurde, Le Plein potentiel est une réflexion cinématographique sur l’universelle et perpétuelle quête de sens de l’être humain à la sauce du jour : croire en soi.
Avec son documentaire, Annie St-Pierre observe ces gens qui rencontrent des coachs de vie afin d’avancer dans leur propre vie. Un film qui manque de point de vue et qui laisse le spectateur s’éloigner tranquillement et finir par se détacher de l’œuvre.
Avec Le Plein potentiel, la réalisatrice observe le phénomène du coaching de vie à travers une lentille neutre, voire passive. Trop passive, je dirais. Il est toujours plus intéressant d’avoir un point de vue lors d’un documentaire. On veut faire plus que simplement regarder. Surtout lorsqu’il y a un grand nombre d’individus qui défilent à l’écran.
J’imagine que l’objectif est que le spectateur ne s’attache pas réellement aux divers protagonistes. Mais à un certain moment, on reste tellement détaché que ça devient fondamentalement ennuyant.
C’est dommage, car la scène d’ouverture est prometteuse et frappante. Vous pouvez voir l’image en début de texte pour vous donner une idée de la scène. La réalisatrice aurait pu choisir de suivre cette femme d’un bout à l’autre du processus du coaching. Peut-être en y ajouter 2 autres personnes. Ainsi, on peut donner une bonne idée du phénomène sans trop créer d’attachement chez le spectateur. Mais non… On se fait promener d’un groupe à l’autre, sans trop en avoir envie et sans trop comprendre les fonctionnements de chacun.
Depuis quelques années, les coachs de vie qui ont envahi Instagram, TikTok et autres réseaux sociaux, devenant un phénomène abrutissant en soi. Car oui, il y a une profonde dose d’abrutissement dans ce phénomène. Et une bonne dose de gens qui abusent des faiblesses d’autrui.
S’il y a une chose intéressante qui ressort de Le plein potentiel, c’est que le « life coaching » est un peu le remplaçant des sectes des années 90. On voit comment les gourous – pardon, les coachs – utilisent les moments de faiblesse de leurs adeptes – oups… clients – pour leur sucer de l’argent. J’aurais aimé que la réalisatrice pousse un peu plus dans cette direction. Ça aurait augmenté encore plus le sentiment de malaise que suscite l’avènement de la commercialisation d’un certain libertarisme spirituel moderne.
Je serai vu comme très méchant et sans cœur, ici, mais les personnes qui font affaire avec ces gourous modernes sont souvent des personnes à l’esprit un peu faible qui manque de détermination et qui veulent absolument croire en la solution facile. Une solution du genre : je vais voir cette personne qui me rendra instantanément plus fort, plus forte, plus confiant, plus confiante, sans trop devoir y réfléchir par moi-même. Vive les miracles!
Le plein potentiel n’est pas vide d’intérêt. Je crois qu’il sera le premier d’une série de films qui traiteront de ce sujet. L’ampleur que prend le phénomène des coachs de vie fera surement parler pendant plusieurs années encore. Après tout, il y a une grande quantité d’arnaques là-dedans, sans oublier les dérives qui s’y incrustent. On peut penser aux masculinistes qui font aussi du « life coaching ». Et il ne s’agit que d’un seul exemple toxique. Mais il y en aurait beaucoup d’autres.
Au final, ce documentaire m’a laissé bien insatisfait, mais m’a certainement ouvert les yeux sur un phénomène qui pourrait certainement amener des dérives. Et avec un peu de chance, il amènera d’autres cinéastes documentaristes à s’y intéresser.
Bande-annonce
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