À tout prix - Une

À tout prix (saison 2) — Des abeilles et des chandelles | TouTV

« Savais-tu ça toi que c’est 12 ans d’attente pour l’adoption régulière au Québec? »

Laurence (Pascale Renaud-Hébert) et Charles (Mickaël Gouin) ont depuis longtemps abandonné l’idée d’avoir un bébé de manière amusante. Les deux ont aussi finalement renoncé, après plusieurs essais, à avoir un bébé par des moyens médicaux invasifs. Mais bien que leurs composants génétiques ne soient pas suffisants pour concevoir un enfant, Laurence et Charles refusent d’abandonner leur rêve d’être parents ensemble. Jusqu’où sont-ils prêts à aller pour devenir parents? À tout prix est une adaptation de la comédie canadienne de Wendy Littner, How to Buy a Baby. 

Deux idées font un bébé

Laurence et Charles sont plongés dans un processus d’adoption marqué par la paperasse, les cours d’éducation parentale, les inspections de la maison et les décisions difficiles à prendre… Un nouveau défi qu’ils traversent avec toujours autant de sensibilité et d’humour. Retrouvez Pascale Renaud-Hébert et Mickaël Gouin dans la deuxième saison de la comédie dramatique À tout prix, dont les 8 épisodes de 8 minutes seront disponibles dès le mardi 4 mars dans la section VÉRO.TV d’ICI TOU.TV EXTRA. Pascale Montpetit, Catherine Paquin-Béchard, Noémie Leduc-Vaudry, Roger Larue, Charles-Aubey Houde, Alphé Gagné, Marie Eve Morency, Steve Laplante et Hélène Bourgeois-Leclerc font également partie de la distribution de la série, qui est réalisée par Julie Hogue et produite par KOTV.

À tout prix - Deux idées font un bébé
Laurence (Pascale Renaud-Hébert) et Charles (Mickaël Gouin)

Les adaptations, c’est toujours bien parce que ça permet souvent de mettre des comédiens de l’avant et en faire davantage une performance sans avoir à se concentrer sur l’histoire; un peu comme une improvisation comparée ayant pour thème un épisode de Watatatow, tout le monde sait où il s’en va. Je me rappelle que durant mes études, on a fait plus qu’aborder la question de l’adaptation d’une œuvre par un autre scénariste; sujet tout de même épineux. Devons-nous reproduire le plus fidèlement possible chaque scène afin de ne pas dénaturer l’intégrité de ladite œuvre, pareille à Lord of the Rings, ou vaut-il mieux plutôt tenter de focaliser sur l’impression et les émotions véhiculées par celle-ci comme avec The Godfather? Peut-on faire les deux comme avec Misery? Et si on ne suit aucune de ces règles, comme ça l’est pour Blade Runner, est-ce encore considéré comme une adaptation?

Rendu maintenant à sa deuxième saison, (parents) À tout prix se détache de plus en plus de l’œuvre originale pour continuer sur sa propre route; la pomme ne tombe pas loin de l’arbre, mais elle peut rouler et s’en éloigner. Là où la première saison ne prenait pas trop de risque — sauf pour le type d’interprétation afin de mieux permettre aux actrices de se mouvoir dans leur rôle —, la deuxième prend encore plus de liberté avec le scénario et la réalisation. Une tentative réussi qui a ses pours et ses contres.

Un rire vaut mieux que deux tu l’auras

Bien entendu, un des points forts de l’adaptation québécoise sont les personnages très bien ajustés à leurs interprètes. Un peu de fraîcheur sur un produit fini qui risquait de devenir monotone ou surjoué à force de vouloir imiter, en mieux, sans apporter du nouveau. Le premier épisode de la première saison de How to buy a Baby ainsi que celui de À tout prix étaient pratiquement identiques. Évidemment, Pascal Renaud-Hébert et Mickaël Gouin apportent leurs touches respectives aux rôles qu’iels incarnent, mais leurs performances semblent obstruées par un carcan, et ce, tout au long de la première saison. 

À tout prix - Un rire vaut mieux que

Cette fois-ci, le couple de Laurence et Charles reviennent avec une plus grande unicité ainsi qu’un scénario qui leur sied davantage. La prémisse reste effectivement la même que dans la deuxième saison de son homologue anglophone How to buy a Baby dont elle est inspirée, toutefois, on sent immédiatement qu’on n’ira pas nécessairement dans le même sens. L’humour est particulier et le ton aussi. Cependant, certains dialogues sont quelques fois rallongés pour nous expliquer en détails quelques aléas de la fécondation in vitro ou de l’adoption (et autres faits divers), mais est-ce le propre d’une mini-série humoristique ou bien d’un documentaire? C’est ce pourquoi, à mon avis, on compense quelques fois par des blagues plus grossières et faciles, comme de la moquerie.

Est-ce que le plaisir et l’humour peuvent servir à autre chose qu’à promouvoir les bonnes choses? Je mentionne souvent Lord of the Rings à titre d’exemple ou pour paraphraser, mais c’est, après tout, une œuvre débordante de sagesse. En gros, j’ai l’impression que nous sommes devenus des Hobbits, insouciants et oisifs, et je ne veux pas seulement dire dans le bon sens. Il m’arrive de me sentir comme Frodo alors qu’ils se rendent à Rivendell et campent pour la nuit sur le flanc de Weathertop. Leurs vies sont en danger et pourtant, ils allument tout de même un feu pour faire des tomates, de la saucisse et du bacon bien grillé. Peut-être qu’effectivement malgré qu’on nous trouve accueillant, qu’on ne soit pas reconnu pour notre grâce légendaire, disons comme un elfe. 

De la cendre sur mes tomates

Ce que j’entends ci-dessus; c’est que de nos jours, on vante souvent ses propres bassesses et ses caprices, comme de vouloir un second petit-déjeuner, par exemple, au nom de notre individualité. Certes, le duo interprété par Meghan Heffern et Marc Bendavid dans How to buy a Baby ne sont peut-être pas les parangons des bonnes valeurs de l’humanité, mais ils en sont conscients et restent tout de même des gens respectables. En revanche, Laurence et Charles penchent souvent vers une attitude débauchée ou dévergondée; peut-on dire caricaturale? Là où la série originale joue avec l’auto-dérision et les malaises, la version québécoise préfère un ton plus sarcastique et mesquin. 

À tout prix - De la cendre sur mes tomates

J’ai remarqué qu’il y a une tendance au Québec, celle de l’éloge du pathétisme, non pas en son sens tragico-dramatique, mais bien à la glorification d’actes suscitant la consternation par leurs natures lamentables ou pitoyables. C’est un peu le retour du balancier de l’adoration démesurée et parfois hypocrite que l’on porte à nos idoles en édifiant chacun de leurs faits et gestes comme étant des exemples de grâces et de beautés intérieures. C’est selon moi à travers un rejet de ces concepts archaïques du temps des précieuses qui pousse la culture ici — qui, avouons-le, n’a jamais eu comme quête principale celle du sensationnel et du superficiel — à se complaire dans un marasme moralement opaque donnant un autre sens à l’expression « heureux comme un cochon dans la boue ».

Peut-être préfère-t-on un certain réalisme ou plutôt une vision de la réalité plus proche de nous qu’une vertueuse plus difficile à atteindre? Je l’ai souvent dit, on a de bien bons recherchistes et on aime ça montrer qu’on a fait nos recherches, qu’on sait de quoi on parle. On a ça en commun sans doute; victime de l’effet Dunning-Kruger, on tend à vouloir aller au-delà de ce que l’on attend de nous. J’admets en être probablement un exemple pour plusieurs. J’amène mes critiques parfois loin de leur point d’origine, néanmoins on n’atteint pas de nouvelles frontières en faisant du surplace.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
À tout prix
Durée
8 minutes
Année
2024
Pays
Québec (Canada)
Réalisateur
Julie Hogue
Scénario
Tamara Lagrandeur
Note
7 /10

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Fiche technique

Titre original
À tout prix
Durée
8 minutes
Année
2024
Pays
Québec (Canada)
Réalisateur
Julie Hogue
Scénario
Tamara Lagrandeur
Note
7 /10

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