Après avoir enfin osé tracer leur propre voie, Henri (Frédéric Pierre) et Myrlande (Catherine Souffront) doivent faire face aux aléas de leurs choix. Croyant être comblé par le succès de son resto, Henri est surpris de plutôt se trouver dans une spirale d’anxiété. Il devra comprendre la véritable source de sa condition s’il veut la régler. Myrlande, qui vient de quitter son poste d’avocate dans un prestigieux cabinet, recherche une nouvelle perspective de carrière, tout en jonglant avec la présence accrue de son père dans sa vie. En plus de gérer leurs tracas personnels, le couple Honoré-Prospère doit aussi jongler avec les enjeux du reste de la famille. Tous seront finalement forcés de comprendre que ce qu’on ne règle pas revient nous hanter, nous ou les générations suivantes.
Retrouvez le clan Honoré-Prospère pour une nouvelle saison de la comédie dramatique Lakay Nou, dès le jeudi 23 janvier sur ICI TOU.TV EXTRA!
L’année dernière, Radio-Canada — nous disait le Premier Directeur de la fiction et des longs métrages André Béraud — prenait le pari que Lakay Nou saurait plaire au Québec. À pari tenu, pari rendu; voilà que la série revient pour une deuxième saison tellement la réception de la première par le public était bonne. De toute évidence, la gageure ne s’arrête pas là puisqu’on double maintenant la mise en annonçant qu’une troisième saison est déjà prévue pour 2025-2026. Monsieur Béraud tenait aussi à préciser que les fictions originales sont souvent des paris puisque la possibilité d’un épisode pilote est pratiquement impossible au Canada. La première saison est souvent le pilote en soi, il est donc toujours très rassurant de voir qu’on avait misé juste.
Probablement l’une des meilleures comédies de la décennie (et oui, je prends aussi en compte les cinq années à venir), Lakay Nou nous promet une deuxième saison inoubliable. Coécrit par Frédéric Pierre, Catherine Souffront et Angelo Cadet ainsi que la réalisation attentive de Ricardo Trogi, la série double en puissance après avoir su doucement se creuser une place dans nos foyers. L’histoire de la famille Honoré-Prospère sait rejoindre son public avec simplicité et style tout en permettant de présenter des personnages et des péripéties rocambolesques auxquelles il est facile de s’identifier peu importe notre provenance. C’est la beauté dans tout ça, car comme le disait si bien le président des États-Unis, interprété par Leslie Nielsen (acteur canadien, en passant) dans Film de Peur 3 : We are not so different after all. J’aurais bien voulu vous trouver la version traduite au Québec avec laquelle j’ai grandi, mais, parenthèse, vous trouvez pas que c’est difficile de trouver ce qu’on a doublé ici dans les cinquante dernières années sur les moteurs de recherche ou YouTube et compagnie?
C’est aussi très rafraîchissant de revoir des visages familiers qu’on voit trop peu sur nos écrans ainsi que de nouveaux que l’on espère revoir. En plus de Catherine Souffront et Frédéric Pierre, la série met aussi en vedette Fayolle Jean, Mireille Métellus, Yardly Kavanagh, Marcel Joseph, Stanley Exantus, Kiara Gaudin, Catherine-Audrey Volcy, Richardson Zéphir et Sam-Éloi Girard. Cette saison, on pourra également voir Linda Malo, Cindy Charles, Alex Barima, Galiam Bruno Henry, Michelle Furtado, Jonathan Diad Daniel, Marie Yannick Dutelly, Vlad Alexis et Yulica Laamme. C’est à ne pas manquer.
Le titre se traduit littéralement par « chez nous » en créole; deux mots avec un sens apparemment si évident, mais qui demande à être reconsidéré avec un peu plus de complexité aujourd’hui.
Le rythme plus solennel de la première saison se transforme en une véritable tirade comique nous gardant entre le sourire et les éclats de rire. Les problèmes intergénérationnels ne datent pas d’hier; je veux dire que les plus jeunes ont toujours proclamé que les aînés n’y comprennent rien de la même façon que nos aînés disent toujours que tout était mieux avant. L’époque dans laquelle nous vivons nous confronte à des vagues de changements constants à l’échelle du globe créant des écarts générationnels et encore davantage pour ceux issus d’autres cultures.
Frédéric Pierre explique aussi comment le concept d’une première fois se retrouve au centre de l’œuvre. Pour certains, les premières fois sont aussi les secondes chances, fait que l’on constate au début de la deuxième saison de Lakay Nou, et tout y est pour qu’on puisse l’expérimenter au premier rang, mais toujours dans l’humour. Est-ce que Myrlande Prospère aura cette deuxième chance de la part de sa communauté après la mauvaise réputation qui s’est construite autour d’elle avec le crime organisé; et pour Henri Honoré et son restaurant, saura-t-il honorer la deuxième chance? Tenter une nouvelle expérience, c’est se jeter en terre inconnue, il est donc normal que l’on puisse trébucher. Après tout, apprendre à se relever n’est- ce pas la leçon des premiers pas?
Selon moi, Lakay Nou vient combler un vide laissé derrière par le départ de classiques comme La Petite Vie. L’iconique série écrite par Claude Meunier, réalisée par Pierre Séguin, avait non seulement la capacité de tous nous rassembler autour d’une identité commune, mais aussi de le faire sans avoir peur du ridicule ou d’avoir honte ou d’être déplacé; c’est entre autres cela que j’applaudis chez Lakay Nou. De plus, n’est-ce pas un coup du destin si l’humoriste Richardson Zéphyr reprend aussi son rôle en tant que père Moïse; ce même Richardson qui incarna Richard dans la dernière saison de La Petite Vie en tant qu’unique petit-fils de la famille Paré? Et pour Catherine Souffront, ne joue-t-elle pas un rôle dans la série L’Oeil du cyclone? Un autre bon présage, qui sait.
Cette saison Lakay Nou amène un sujet très tabou, m’a-t-on dit, dans la communauté haïtienne. L’aide psychothérapeutique est mal vue, on y reconnaît même un signe de faiblesse. Ce genre de pensées peuvent facilement dégringoler à de la stigmatisation, mais pour les génies à l’écriture c’est une chance d’en parler avec humour et légèreté; au mieux, d’améliorer les mentalités. Il ne faut pas se le cacher, ce n’est toujours pas si différent pour un grand nombre de nos « pures laines ». Bien entendu, on sensibilise et on met en place des programmes d’aide, toutefois est-ce que les actions de l’État et l’image qu’elle renvoie de sa société vont toujours de pair avec la mentalité de ses citoyens? La réalité sociale entourant les préjugés de l’aide thérapeutique revient sensiblement à la même chose; c’est-à-dire que c’est peut-être bon pour l’autre, mais certainement pas pour soi.
Que l’on aime ça ou pas, ça devient à la mode de parler de ses émotions ici et cela permet de passer tranquillement à l’étape suivante; bien le faire. Une psychologue (ou peu importe le terme que vous voulez employer) sert principalement à cela. Personne n’accuse personne de ne pas avoir d’intériorité, mais pour mieux nager à travers notre émotivité, il faut être capable de mettre un pied dans l’eau d’abord. Si vous saviez le nombre de conflits qui pourraient être évités si seulement les gens s’ouvraient un peu plus et osaient dévoiler leur vulnérabilité sans avoir peur d’être faible; au contraire, n’est-ce pas en la confiance que réside notre puissance.
Pour ma part, je n’ai rien à redire; que voulez-vous, ça arrive. Ce n’est pas une comédie cinglante comme un film avec Adam Sandler, mais plutôt un humour appréciable duquel il est impossible de se lasser. Je suis déçu d’avoir écouté tous les épisodes d’une traite, car pareil à un bon plat cuisiné avec amour, j’aurais souhaité qu’il m’en reste pour plus tard. Si les secondes chances m’ont appris une chose, c’est la patience. Dans la précipitation des premières passions, nous commettons tous des actes naïfs ou irréfléchis. Alors, prenez le temps d’aller déguster Lakay Nou sur les ondes de Tou.TV EXTRA.
Bande-annonce
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