« Casser le jouet, c’est jouer encore plus. »
À Belo Horizonte, au Brésil, des visages anonymes se déplacent discrètement dans la ville, à la recherche d’une nuit de plaisirs fugaces. Un parc d’attractions aux couleurs éclatantes se mue en un espace de liberté où les conventions sociales sont mises à l’épreuve dans un cadre public.
Avec Amusement park (Parque de Diversôes), Ricardo Alves Jr. Propose un film entre fiction et documentaire, qui se lit comme un cri d’émancipation et une ode sensuelle à une communauté marginalisée.
Ce qui frappe dans Amusement park, c’est tout d’abord la qualité de l’image. Visuellement, c’est impeccable. La pénombre mélangée aux lumières de villes parfois orangées et parfois bleutées créent une ambiance veloutée et intrigante qui sied parfaitement au thème principal du film.
Tout est fait pour ne pas trop en montrer au début et progressivement transgresser les règles pour tout montrer. Les corps et les visages sont d’abord partiellement dans l’ombre, laissant au spectateur des questionnements à savoir si les personnes que l’on voit simulent ou si le sexe est réel.
S’ajoute à ça une musique assez typique de ce qu’on peut imagine dans une scène d’orgie queer. Une musique certes clichée, mais très efficace qui place l’ambiance. Cette musique techno rythme les rapports entre les personnages qui semblent tous savoir exactement où aller et qui rencontrer.
Mais ce film laisse aussi place à beaucoup de questions et même, par moment, place aux jugements. Le problème est que le film ne donne aucun contexte ni explication. Cela crée un certain mystère, ce qui n’est pas mauvais, mais laisse aussi beaucoup trop de choses ambigües.
Si ce n’était du résumé sur le site des RIDM, on se demanderait s’il s’agit effectivement d’un documentaire ou plutôt d’une fiction. Est-ce une reconstitution de ce qui se passe effectivement dans ce parc ou dans d’autres parcs, ou est-ce simplement un genre de fantasme mis en images afin de contester les règles trop dures envers les communautés LGBTQ du pays?
Puis viennent les jugements du genre : « on dirait qu’ils ne se protègent même pas ». « C’est un peu triste quand même d’aller dans un parc la nuit pour avoir du sexe avec des inconnus ». Ainsi, il aurait été pertinent d’avoir plus de contexte sur les raisons de la présence de ces gens à cet endroit et s’il s’agit d’un documentaire, d’une reconstitution ou simplement d’une fantaisie documentée.
Amusement Park, qui est une œuvre underground à la forme performative, présente une distribution de comédien·nes queer, professionnels et amateurs, qui explorent ensemble ce microcosme où les corps, dénués de toute pudeur, se laissent uniquement guider par leur désir.
Ricardo Alves Jr. réagit au climat conservateur de la société et provoque avec un avec cette œuvre d’émancipation.
Amusement park est présenté aux RIDM les 29 et 30 novembre 2024.
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