« I can’t deny his story. »
[Je ne peux pas nier son histoire.]
Le documentaire célèbre la vie et l’héritage du chef Vincent Yellow Old Woman et le spectacle de danse New Blood, une production théâtrale pour lycéens inspirée d’un poème écrit sur sa vie et ses expériences dans les pensionnats, sa lutte contre la toxicomanie lorsqu’il était jeune homme et son accession au poste de chef de la nation Siksika.
Dans New blood, nous voyons les petits-enfants de Vincent et la prochaine génération de jeunes Blackfoot donner vie à son histoire à travers le spectacle de danse, des conversations avec des anciens Blackfoot et la musique de Peter Gabriel.
Le documentaire d’Adam Solway et d’Austin Ladouceur s’interroge sur la puissance de l’art pour guérir des blessures du colonialisme. Par des échanges touchants et sensibles entre différentes générations, l’histoire du chef Blackfoot Vincent Yellow Old Woman rappelle qu’après la noirceur, l’espoir demeure possible.
La proposition du documentaire est particulièrement intéressante. En effet, le réalisateur Adam Solway pose sa caméra sur sa propre nation siksika et sur New Blood, spectacle qui allie danse, théâtre et musique de Peter Gabriel. Alternances entre extraits du spectacle, entretiens entre participant.es et adresses à la caméra, les images donnent à voir des relations marquées par des souffrances collectives, mais aussi par une volonté de faire autrement. La danse, le théâtre et la littérature deviennent une façon de raconter une histoire difficile, celle du chef Vincent Yellow Old Woman, mais par les yeux, les voix et les corps d’une autre génération. Le spectacle New Blood est une création de Deanne Bertsch. Joué une première fois en 2004, c’est Hayden Yellow Old Woman, petit-fils du chef Vincent, qui tenait le rôle de son grand-père.
De son propre aveu, le jeune Hayden ne comprenait pas l’importance d’une telle pièce à l’époque. Plus mature dans le documentaire, il reconnaît maintenant toute la puissance et la portée d’une telle œuvre. Une particularité de la proposition de Solway est la place occupée par les échanges intergénérationnels. À plusieurs occasions, les aînés posent des questions aux jeunes alors qu’à d’autres moments, c’est l’inverse.
Le documentaire s’ouvre sur un poème du chef Vincent Yellow Old Woman récité par Trinity Pretty Young man.Regard fixant l’horizon, la femme répète les vers qui sont entendus depuis maintenant dix ans : « They wash away childlike innocence trying to kill the Indian in her. » [Toute trace d’une enfance innocente lui a été dérobée alors qu’ils cherchaient à tuer l’Autochtone en elle.] La pièce New Blood devient une façon de raconter, une manière de partager avec le public. C’est une manière de rejouer l’histoire coloniale tout en insistant sur la résilience et sur la force des personnages. La figure religieuse ne rôde jamais bien loin et les masques blancs que portent les interprètes de frères et de sœurs sont à glacer le sang. La mise en scène semble être une réussite, les tensions traversent l’écran.
Documentaire qui souligne le poids des responsabilités, à la fois collective et individuelle, mais qui démontre bien la force du théâtre comme guérison : « You can never kill the Indian, the Indian and the child. » [Vous ne pourrez jamais tuer l’Autochtone, l’Autochtone et l’enfant.] Bien que les histoires relatées soient difficiles, leur partage s’inscrit dans un processus, une démarche commune entre les aînés et les jeunes.
Bande-annonce
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