« You know what? I don’t know how to say “pussy” in French. »
[Vous savez quoi? Je ne sais pas comment dire « pussy » en français.]
Depuis 17 ans, Marie Losier capture l’essence dynamique et provocatrice de Peaches, la pionnière et icône queer féministe.
Ce portrait intime offre une plongée profonde dans la vie d’une artiste inspirante et qui brise les tabous. Découvrez les concerts électrisants de Peaches, son lien étroit avec sa sœur et comment son énergie débordante, son exploration sans peur sur scène et en dehors ont transformé chaque phase de sa vie en une œuvre d’art captivante.
Avec Peaches goes bananas, Marie Losier propose plus qu’un portrait d’une femme, une artiste, une pionnière, une icône de la culture punk.
Je crois qu’il n’y a rien qui démontre mieux la force qu’est Peaches en concert que l’extrait du film, à la 19e minute, où elle fait Fuck the pain away, filmé lors de différents spectacles, tous aussi fou, intense, débordant d’énergie les uns que les autres.
Lors des Hot Docs, au printemps, j’ai eu la chance de voir un autre documentaire sur cette artiste incroyable, The teaches of Peaches, et j’en arrivais à cette même conclusion quant à la force de cette chanson et au fait qu’elle est devenue une hymne punk pour tous les gens qui débordent de la ligne sociétale de base.
Comme pour l’autre documentaire, une des choses qui ressort est l’ouverture de Merrill Nisker à se livrer et à être simplement qui elle est. Depuis plus de 25 ans, elle a le désir de ne pas se soumettre aux normes destructrices de la société. Et ça commence par ses concerts dans lesquels on peut la voir inviter des spectateurs sur scène pour chanter, danser et faire des folies avec elle et son équipe.
Mais cette fois-ci, la réalisatrice entre plus profondément dans la vie de Peaches en nous présentant sa sœur, atteinte d’une maladie dégénérative, et ses parents.
Bien que la caméra qui bouge constamment et qui saute d’un point à l’autre permette de créer ce sentiment d’intimité et de proximité avec le sujet, ça crée aussi une sorte d’étourdissement chez le spectateur. La scène d’ouverture est le plus bel exemple. Le montage est tellement saccadé qu’on a l’impression que ça skip.
Il y a aussi un autre truc qui dérange. C’est cette lumière orangée qui apparait par moments sur le bord de l’image. Ce genre de déchet qui apparait dans les bords de la pellicule lorsqu’elle est trop vieille ou abimée par l’eau. Et ça revient souvent au point de se demander s’il ne s’agit pas d’un choix stylistique. Je peux vivre avec ce genre de défectuosité dans un documentaire de terrain. Mais ici, c’est trop fréquent et ça devient agaçant.
Mais l’utilisation du 16 mm reste intéressante. Je crois que ce format donne une impression de proximité. Et dans ce cas-ci, ça vaut de l’or.
D’ailleurs, la réalisatrice avoue qu’au début, elle ne savait pas encore réellement comment filmer efficacement, ce qui explique peut-être certaines images moins gagnantes.
Pour réaliser son film, Losier a suivi Peaches pendant 17 ans (avec des temps morts évidemment), dans plusieurs villes dont : New York, Toronto, Berlin, Bruxelles et Amsterdam.
Le film commence par une conversation sur le corps vieillissant de Peaches. Et le corps a toujours fait partie de l’œuvre de la chanteuse. La réalisatrice qui avoue aussi avoir une relation amour-haine avec son corps s’est probablement retrouvée avec le meilleur des sujets possibles pour se permettre de changer sa relation avec elle-même.
Ainsi, c’est grâce à des images d’archives et à des images tournées en temps réel que Marie Losier montre l’intime et le flamboyant de notre artiste canadienne la plus punk. Les costumes que porte Peaches évoquent souvent les absurdités de notre monde, en leur donnant vie. « Si vous pensez que mes costumes sont absurdes, vous devriez aussi considérer à quel point la vie réelle peut être absurde. Je juxtapose les deux : l’art et la réalité. »
Et contrairement à la majorité des chanteurs et groupes, lorsqu’elle porte un costume, Ce n’est pas seulement quelque chose qu’elle porte pour le style. Ils sont porteurs d’action, de quelque chose qui vous fait réfléchir, que ce soit au niveau de la forme du corps, du mouvement ou autre chose.
Bien que Peaches goes bananas soit loin d’être parfait, il montre bien l’importance de l’artiste, ses combats et l’influence qu’elle a dans les cultures marginales.
Peaches goes bananas est présenté au FNC les 12 et 14 octobre 2024.
Bande-annonce
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