« I believe we’re in a crisis. »
[Je crois que nous vivons une crise.]
Lors de leur sommet annuel du G7, les sept dirigeants des démocraties libérales les plus riches du monde se perdent dans les bois, la nuit, alors qu’ils tentent de rédiger leur déclaration provisoire.
Avec Rumours, Guy Maddin, Evan Johnson et Galen Johnson offrent un film qui rebondit entre comédie, horreur apocalyptique et feuilleton quétaine. Probablement le film le plus fou produit au Canada dans les dernières années.
Si plusieurs films se sont amusés à moquer les dirigeants de divers pays, aucun ne l’a fait avec autant de créativité que Rumours. Chacun des dirigeants présentés est une sorte de caricature de ce qu’on voit à la tête de ces pays ou dans les traits typiques des peuples qu’ils représentent. C’est avec des performances hilarantes des acteurs que chacun de ces pathétiques dirigeants prend forme. Ces soi-disant dirigeants deviennent ainsi des spectacles d’incompétence, luttant contre des obstacles de plus en plus surréalistes dans les bois brumeux alors que la nuit tombe et qu’ils réalisent qu’ils sont soudainement seuls.
Maxime (Roy Dupuis), le premier ministre canadien au tempérament suave et au caractère séducteur, rumine ses propres pensées suicidaires et s’enfuit dans les profondeurs de la tourbière. Il semble avoir un problème alors qu’il se dit fièrement féministe, mais qu’il semble incapable de résister à toutes femmes qui l’effleurent.
Hilda (Cate Blanchett), la chancelière allemande directive et raciste sur les bords qui éprouve une attirance pas si secrète pour Maxime, le suit dans l’espoir d’apaiser son désarroi, désarroi dont Cardosa (Nikki Amuka-Bird), la première ministre britannique un peu mélangée dans ses propres pensées, sait qu’elle est elle-même en partie responsable. Après tout, elle et Maxime se sont « rencontrés » lors du précédent sommet du G7 à Rimini, sans oublier la jeune Célestine (Alicia Vikander), présidente de la Commission européenne, avec qui il a aussi eu une liaison.
Se joignent à eux Sylvain (Denis Ménochet), le président français, un gros bonhomme philosophe de pacotille; Tatsuro (Takehiro Hira), le président japonais toujours calme malgré la situation folle; Edison (Charles Dance), président des États-Unis qui s’endort au milieu de ses phrases; et Antonio (Rolando Ravello), le président italien qui lèche les bottes du président américain. J’ai un peu plus de difficulté à le cerner celui-là.
Ainsi, cette troupe de lurons tente de comprendre et de survivre à cette apparente fin du monde, tout en tenant à réaliser la tâche pour laquelle ils sont là. Il ne faudrait pas oublier de rédiger ce discours important malgré les créatures étranges qui les poursuivent… ou pas.
Il y aurait tant à dire sur ce film. Je pourrais certainement écrire une bonne dizaine de pages sans effort. Mais afin d’éviter de vendre des punchs, je m’arrêterai en ajoutant qu’à un moment s’ajoute un chatbot qui doit repérer les prédateurs sexuels. Ai-je mentionné qu’il y avait aussi une orgie de morts-vivants? 😉
Satire sur l’inaptitude politique à travers les genres, dernier film des incomparables réalisateurs Guy Maddin, Evan Johnson et Galen Johnson, est un voyage absurde au cœur du pouvoir et de l’échec institutionnel dans un monde qui brûle.
Rumours est présenté au VIFF les 1er et 4 octobre 2024.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième