« Something awakens. »
[Quelque chose se réveille.]

La vie d’un jeune couple est bouleversée quand le mari (Lee Sun-kyun) devient somnambule et se transforme en quelqu’un d’autre la nuit tombée. Sa femme (Jung Yu-mi), submergée par la peur qu’il fasse du mal à leur nouveau-né, ne trouve alors plus le sommeil…

Il s’agit du premier long-métrage de Jason Yu, jeune réalisateur sud-coréen ayant déjà plusieurs courts-métrages à son actif. Sleep reprend les codes du film de genre de façon habile, un sentiment d’angoisse survenant de façon progressive au sein d’une réflexion autour du couple et de la parentalité.

Vivre à deux

Hyun-Su et Soo-Jin forment un couple solide. Lui est un acteur couronné déjà de plusieurs prix, elle travaille dans un domaine resté secret. Par ailleurs, Soo-jin attend un enfant. Sous cette surface d’apparence sereine se cache une difficulté relativement commune, qui deviendra au fur et à mesure problématique : Hyun-Su est atteint de somnambulisme. L’inquiétude survient lorsqu’il commence à mettre les autres, ainsi que lui-même, en danger. 

Le film commence par la plainte d’une de leurs voisines, qui décide de déménager : des bruits étranges surviennent, la nuit, de leur appartement,  l’empêchant de dormir. Le scénario mêle des éléments de comédie dramatique, de film d’angoisse, ainsi que des réflexions psychologiques et sociétales sur la vie de couple. La peur provient ici de l’intérieur, et le long-métrage fonctionne quasiment comme un huis clos. La plupart des scènes sont filmées dans l’appartement de Hyun-Su et Soo-Jin, et lorsque celui-ci propose à sa femme d’emménager à côté de chez eux le temps que ses crises de plus en plus effrayantes diminuent, elle refuse. Selon Soo-Jin, ils doivent rester soudés, malgré toutes les difficultés pouvant survenir…

(Se) préserver?

Lorsque le comportement de Hyun-Su, la nuit, devient problématique, un médecin les accueille et les écoute, mais semble minimiser les faits et surtout les conséquences quant aux symptômes. Par ailleurs, la mère de Soo-Jin propose à sa fille l’aide d’une chamane. 

Un incident dramatique survient dans la première moitié du film, qui met à mal la relation de couple. Une cassure survient alors entre eux, juste avant que la jeune femme accouche. Il ne s’agit donc plus seulement de se protéger tous les deux, mais également de prendre soin de leur fille. Le film devient alors plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord : est-il préférable de se libérer de cette angoisse, et donc quitter sa compagne ou son compagnon, ou préserver sa vie de couple et de famille, peut-être au détriment de sa santé mentale? Cette réflexion s’ajoute au comportement somnambulique de Hyun-Su, le spectateur ne sachant à quoi s’attendre au fur et à mesure de l’avancée du scénario. Le réalisateur parvient à diversifier les registres, les niveaux de lecture, et l’interprétation reste bordée de doutes et d’interrogations. 

Sleep est une réussite, un premier long-métrage prometteur, avec un scénario et une mise en scène riches et finement pensés.

Bande-annonce