« Don’t go. Don’t leave me. »
[Ne t’en vas pas. Ne me laisse pas.]
Une note d’aide inquiétante et sanglante se retrouve sur le bureau d’un enquêteur chevronné (Tomas Boykin) en matière de lettres mortes dans un bureau de poste du Midwest des années 1980. Alors qu’il commence à reconstituer les origines de la lettre, elle le conduit sur un chemin violent et imprévu vers un ingénieur clavier kidnappé (Sterling Macer Jr.) et son associé excentrique (John Fleck).
Avec Dead Mail, Joe DeBoer et Kyle McConaghy proposent une œuvre intelligemment placée à l’aube de l’ère numérique – cette période vague à cheval entre la fin des années 1970 et le début des années 1980. Il offre ainsi un thriller imprégné d’analogique qui confine son drame psychologique principal au sein d’un groupe unique de détectives amateurs, chacun contribuant avec enthousiasme à résoudre le mystère.
Acclamé pour sa première au festival South by Southwest, Dead Mail distingue le duo de cinéastes Joe DeBoer et Kyle McConaghy comme des stylistes accomplis qui imprègnent leurs personnages d’un sens désarmant de l’authenticité.
Pour illustrer les années 80 du Midwest, les réalisateurs utilisent une image granuleuse typique de l’époque, ce qui ajoute de la crédibilité à leur histoire un peu abracadabrante. Les personnages qui marchent sur la fine ligne entre normalité et extravagance rappellent certaines œuvres des Frères Coen, dont Fargo.
Et bien que les conflits destructeurs qui émergent de leur interprétation des trajectoires archétypiques rappellent des thrillers comme Misery et Silence of the Lambs, leur projet est autant une étude sur la solitude humaine qu’un amalgame méticuleux et chargé de technologie représentant une certaine incompréhension de l’univers par ses personnages.
Dead mail commence par une belle scène qui place les éléments : sur une route déserte du Midwest, un homme noir ligoté rampe vers une boîte postale isolée, réussissant à glisser un message d’appel à l’aide taché de sang dans la fente avant qu’une silhouette paniquée ne se rapproche de lui.
La note arrive au bureau de poste du comté et atterrit sur le bureau de Jasper, un enquêteur chevronné en matière de « lettres mortes », chargé d’enquêter sur les courriers perdus et de les renvoyer à leur expéditeur. Alors qu’il enquête plus avant, Jasper rencontre Trent, un homme étrange, mais sans prétention qui a élu domicile dans la maison de retraite où vit Jasper. Lorsque Trent se présente de manière inattendue au bureau de Jasper, il devient évident qu’il a un intérêt direct dans la note et qu’il ne reculera devant rien pour la récupérer…
Aidé de ses deux courageux collègues (Micki Jackson, Susan Priver) et d’un hacker scandinave (Nick Heyman), il s’ensuit une aventure qui dépasse les genres. Plus l’intrigue avance et plus on développe une forme d’empathie pour le méchant de l’histoire. Tel un Norman Bates, il est clair que la grande solitude dans laquelle il vit a fait de lui ce qu’il est maintenant. La solitude peut mener à de bien sombres desseins.
Le résultat est un film efficace, sans longueurs et divertissant. Le mélange de drame et de suspense permet à n’importe quel spectateur d’embarquer dans l’histoire et de se laisser balader par l’intrigue.
Pour ceux qui croient que les films de festivals sont toujours lourds et difficiles à suivre, celui-ci est un beau contre-exemple. Bien qu’il s’agisse d’un film intelligemment monté, il reste accessible pour un large public.
Une belle sélection de la part des programmateurs du TIFF.
Dead mail est présenté au TIFF, les 8, 12, 13 et 14 septembre 2024.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième