Le Petit Septième est à nouveau présent au Toronto International Film Festival (TIFF) qui débute aujourd’hui 5 septembre et qui s’achève le 15 septembre. Nous faisons partie pour la troisième fois de la liste des médias accrédités pour couvrir le festival : une occasion rêvée de voir des premières tant attendues et des films indépendants méconnus d’ici et d’ailleurs (c’est souvent dans cette section que l’on découvre des pépites).
Le TIFF fait partie des plus grands festivals du monde et le soutien additionnel du gouvernement fédéral annoncé au printemps dernier à hauteur 23 millions sur trois ans va dans ce sens pour renforcer l’influence et l’image de marque du festival à l’échelle internationale avec la création prévue en 2026 d’un marché officiel pour l’industrie cinématographique canadienne et internationale.
Retour des stars au TIFF
Après une édition à demi-teinte l’année dernière en raison de la grève à Hollywood qui avait privé le festival de la venue de nombreuses stars, cette année vous aurez plus de chance de croiser des célébrités dans et autour des cinémas de la rue King West.
La liste des 700 invité.es présentée par le festival donne le tournis et inclut Cate Blanchett, Andrea Bocelli, Juliette Binoche, Adam Driver, Mark Hamill, Sir Elton John, Angelina Jolie, Nicole Kidman, Bill Murray, Bruce Springsteen, Ben Stiller, Denzel Washington, Julie Delpy, Viggo Mortensen, Denis Villeneuve, Atom Egoyan, Chloë Sevigny, Ed Harris, Isabella Rossellini, Jennifer Lopez, Julianne Moore, Kiyoshi Kurosawa, Mike Leigh, Naomi Watts, Neil Diamond, Pamela Anderson, Paul Schrader, Romain Duris, Ron Howard, Sophie Deraspe, ou encore Steven Soderbergh.
Les films les plus attendus
Une liste titanesque de films (https://tiff.net/films) attend les publics à Toronto avec pas moins de 278 titres pour cette 49e édition. Vous pouvez faire votre programme en consultant le planning des projections ici https://tiff.net/films?schedule.
Quels films succèderont à Solo de la Québécoise Sophie Dupuis qui avait remporté le prix du meilleur film canadien et à American Fiction qui avait été récompensé par le prestigieux prix du public en 2023?
Shepherds (Berger) de Sophie Deraspe – Première mondiale
Canada, France | 2024 | 113 minutes
Vous vous souvenez sans doute du magnifique Antigone de la réalisatrice québécoise Sophie Deraspe qui avait remporté le prix du meilleur film canadien au TIFF en 2019. Son nouveau long métrage fait sa première mondiale au TIFF. Rachid du Petit Septième l’a vu et vous dira ce qu’il en pense.
Mathyas, un publicitaire reconnu en recherche d’un sens à sa vie, décide de quitter son emploi pour devenir berger en Provence. Apprendre le métier de berger dont il ne connaît rien s’avère difficile pour celui-ci. Sa rencontre avec Élise, une fonctionnaire qui a quitté, elle aussi, son emploi, l’aide à traverser les épreuves de la montagne.
Une comédie française au TIFF, c’est tellement rare. Elle est signée par la franco-américaine July Delpy qui avait réalisé il y a quelques années les remarquées comédies romantiques Two days in Paris (2007) et Two days in New-York (2012). Dans Les Barbares, vous retrouverez à l’écran Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte et Julie Delpy.
A Paimpont, l’harmonie règne : parmi les habitants, il y a Joëlle – l’institutrice donneuse de leçons, Anne – la propriétaire de la supérette portée sur l’apéro, Hervé – le plombier alsacien plus breton que les Bretons, ou encore Johnny – le garde-champêtre fan de… Johnny. Dans un grand élan de solidarité, ils acceptent avec enthousiasme de voter l’accueil de réfugiés ukrainiens. Sauf que les réfugiés qui débarquent ne sont pas ukrainiens… mais syriens ! Et certains, dans ce charmant petit village breton, ne voient pas l’arrivée de leurs nouveaux voisins d’un très bon œil. Alors, au bout du compte, c’est qui les barbares?
Cloud(クラウド) de Kiyoshi Kurosawa – Première nord-américaine
Japon | 2024 | 123 minutes
Le cinéaste japonais prolifique de films d’horreur et de thrillers est de retour sur le grand écran. C’est lui qui avait réalisé les terrorisants et fascinants Cure (1997), Séance (2000), Kaïro (2001) et Shokuzai (2012).
RyosukeYoshii est un homme ordinaire, qui subvient à ses besoins en revendant des choses sur Internet. Peu à peu, il s’attire la rancune des gens qui l’entourent et va devoir lutter pour sa vie.
Le dernier opus de l’immense réalisateur britannique, Mike Leigh, de Secrets et mensonges, palme d’or à Cannes en 1996, Naked (1993), Vera Drake (2004) et Be Happy (2008) est attendu avec impatience à Toronto. Hard Truths dépeint les relations familiales dans un monde post-pandémique au carrefour de la comédie et du drame.
Prix spécial du Jury au festival de Cannes 2024, le dernier film du courageux cinéaste iranien Les Graines du figuier sauvage est né en prison où le régime iranien l’a emprisonné dans le cadre d’une vague de répression contre les artistes et leur liberté d’expression qui sévit depuis de longues années.
Iman vient d’être promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran quand un immense mouvement de protestations populaires commence à secouer le pays. Dépassé par l’ampleur des évènements, il se confronte à l’absurdité d’un système et à ses injustices mais décide de s’y conformer. À la maison, ses deux filles, Rezvan et Sana, étudiantes, soutiennent le mouvement avec virulence, tandis que sa femme, Najmeh, tente de ménager les deux camps. La paranoïa envahit Iman lorsque son arme de service disparait mystérieusement.
Grand Tour de Miguel Gomes – Première nord-américaine
L’inclassable et talentueux réalisateur portugais Miguel Gomes (Tabou, 2012) a été récompensé du Prix de la mise en scène au Festival de Cannes avec Grand Tour qui annonce encore une fois un opus ambitieux mélangeant cultures et styles, les images en 16 et en 35 mm, tantôt en noir et blanc, tantôt en couleur.
Rangoon, Birmanie, 1918. Edward, fonctionnaire de l’Empire britannique, s’enfuit le jour où il devait épouser sa fiancée, Molly. Déterminée à se marier, Molly part à la recherche d’Edward et suit les traces de son Grand Tour à travers l’Asie.
Le cinéaste et producteur américain oscarisé Ron Howard débarque à Toronto avec Eden, son nouveau film. Ron Howard qui a reçu l’Oscar du meilleur film et l’Oscar du meilleur réalisateur en 2002 avec Un homme d’exception est un habitué des grands films au box-office. Citons par exemple Splash (1984), Coccon (1985), Willow (1988), Apollo 13 (1995) et Le Grinch (2000).
Un groupe d’individus tournent le dos à la société actuelle. Animés d’un profond désir de changement, ils laissent tout derrière eux et misent leur avenir sur le plus improbable des endroits : le rude paysage des Galápagos.
Emilia Pérez de Jacques Audiard – Première canadienne
France | 2024 | 132 minutes
L’un des meilleurs cinéastes français de sa génération, le grand Jacques Audiard, est présent au TIFF avec Emilia Pérez. Il a signé des œuvres magnifiques qui font partie du patrimoine cinématographique français telles que Regarde les hommes tomber (1993), Sur mes lèvres (2001), De battre mon cœur s’est arrêté (2005) ou Un prophète (2009).
Surqualifiée et surexploitée, Rita use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être.
Megalopolis de Francis Ford Coppola – Première américaine
États-Unis | 2024 | 138 minutes
Le réalisateur des Parrains et de Apocalypse Now signe un film de science-fiction mégalomane sur la destruction d’une ville évoquant New York, qu’il a financé de sa poche et dont le projet est né il y a 40 ans. Il a été présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2024 où il a reçu des commentaires sévères et négatifs lors de sa projection au festival. Est-ce que le public torontois sera plus clément et criera au génie ?
Megalopolis est une épopée romaine dans une Amérique moderne imaginaire en pleine décadence. La ville de New Rome doit absolument changer, ce qui crée un conflit majeur entre César Catilina, artiste de génie ayant le pouvoir d’arrêter le temps, et le maire archi-conservateur Franklyn Cicero. Le premier rêve d’un avenir utopique idéal alors que le second reste très attaché à un statu quo régressif protecteur de la cupidité, des privilèges et des milices privées. La fille du maire et jet-setteuse Julia Cicero, amoureuse de César Catilina, est tiraillée entre les deux hommes et devra découvrir ce qui lui semble le meilleur pour l’avenir de l’humanité.
The Substance de Coralie Fargeat – Première nord-américaine
Grande-Bretagne, États-Unis, France | 2024 | 140 minutes
Prix du scénario au Festival de Cannes 2024, The Substance, film d’horreur écrit et réalisé par la Française Coralie Fargeat, a fait depuis beaucoup parler de lui. La présence de Demi Moore y est sans doute pour quelque chose, miroir et satire de l’industrie hollywoodienne et de ses normes de beauté patriarcales qui dérapent.
Elisabeth Sparkle, vedette d’une émission d’aérobique, est virée le jour de ses 50 ans par son patron à cause de son âge jugé trop élevé pour la suite de sa carrière. Le moral au plus bas, elle reçoit une proposition inattendue, celle d’un mystérieux laboratoire lui proposant une « substance » miraculeuse : si elle se l’injecte, elle deviendra « la meilleure version » d’elle-même, « plus jeune, plus belle, plus parfaite » grâce à une modification cellulaire de son ADN.
Solenne vous proposera sa critique dans quelques jours.
The Shrouds (Les Linceuls) de David Cronenberg – Première nord-américaine
Canada, France | 2024 | 119 minutes
L’immense réalisateur canadien David Cronenberg adoré en France depuis les années 1980 et considéré comme un grand cinéaste de film d’auteur même œuvrant dans l’horreur et le thriller retourne au TIFF, ville d’ailleurs où il réside. Le réalisateur a fait tourner à nouveau l’acteur français Vincent Cassel qu’il avait déjà dirigé dans Les Promesses de l’ombre. Passé en compétition officielle à Cannes, le film annoncé comme une œuvre très personnelle, avec des parties autobiographiques, a divisé sur la croisette.
Karsh, 50 ans, est un homme d’affaires renommé. Inconsolable depuis le décès de son épouse, il invente un système révolutionnaire et controversé, GraveTech, qui permet aux vivants de se connecter à leurs chers disparus dans leurs linceuls. Une nuit, plusieurs tombes, dont celle de sa femme, sont vandalisées. Karsh se met en quête des coupables.
Le plus talentueux des cinéastes espagnols, Pedro Almodóvar signe son premier long métrage en anglais avec pour vedette Julianne Moore. Il a été présenté en compétition à la Mostra de Venise 2024 qui se termine le 7 septembre. Nous verrons comment le style si particulier d’Almodovar sans le verbe ibérique s’accommode avec la langue de Shakespeare.
L’histoire est celle d’une mère très imparfaite et d’une fille rancunière séparées par un grand malentendu. Entre les deux, une autre femme, Ingrid, l’amie de la mère, est la dépositaire de leur douleur et de leur amertume. Martha, la mère, est journaliste de guerre et Ingrid est une romancière autofictionnelle.
Nutcrackers de David Gordon Green – Première mondiale
États-Unis | 2024 | 104 minutes
Le TIFF a choisi Nutcrackers pour l’ouverture de son festival. Le film est signé par le cinéaste David Gordon Green qui a réalisé plusieurs films d’horreur plus ou moins réussis de la franchise Halloween et Joe que j’avais beaucoup aimé à l’époque en 2014. Loin de l’horreur, cette comédie dramatique universaliste sur la famille avec Ben Stiller en vedette promet une salle comble lors de sa première mondiale au TIFF.
Mike, obsédé par le travail, doit à contrecœur se rendre dans l’Ohio pour s’occuper de ses quatre neveux turbulents après le décès de leurs parents dans un accident de voiture.
Presence de Steven Soderbergh – Première internationale
États-Unis | 2024 | 85 minutes
Steven Soderbergh, le réalisateur adoubé au box-office par la série de films Ocean’s avec en tête d’affiche George Clooney, Brad Pitt et Matt Damon sera présent à Toronto lors de la présentation de Presence : film d’horreur dont l’histoire ne semble pas très originale voire téléphonée. On attend de voir si la patte « indie » du réalisateur du génial Sexe, mensonges et vidéo (1989) se sent dans ce nouvel opus.
Une famille découvre qu’elle n’est pas seule lorsqu’elle emménage dans une nouvelle maison en banlieue.
Universal Language (Une Langue Universelle) de Matthew Rankin – Première nord-américaine
Canada | 2024 | 89 minutes
Le film a fait parler beaucoup de lui ces dernières semaines, car il a été choisi pour représenter le Canada à l’Oscar 2025 du meilleur film étranger. Après le surréaliste The Twentieth Century(2019), le cinéaste canadien Matthew Rankin a présenté Une Langue Universelle à la Quinzaine des cinéastes au Festival de Cannes où il a remporté le prix du public. Souhaitons bonne chance à cette coproduction interrégionale Québec-Manitoba dans la course à l’Oscar!
Afin de revoir sa mère malade, Matthew l’introverti quitte Montréal où il travaille pour retourner à Winnipeg où il est né. Entre Téhéran et Winnipeg, l’espace-temps paraît alors bouleversé et, bizarrement, tout le monde parle désormais persan dans la métropole canadienne. Tandis que deux enfants, mettant notamment Matthew à contribution, se lancent dans une quête à la Kiarostami.
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L’équipe du Petit Septème reviendra vous parler de ses coups de cœur, ou déceptions, au cours du TIFF avec plus d’une douzaine de critiques. En attendant, je vous souhaite un excellent festival!
Crédit images : Toutes les images ont été gracieusement autorisées par le TIFF.
