« Mama, help me. »
[Maman, aide-moi.]
Une mystérieuse transmission extraterrestre contenant les plans d’une technologie extraterrestre avancée est interceptée et déchiffrée sur Terre. La majorité des richesses accumulées grâce à cette découverte sont contrôlées par l’élite. Cependant, un marché noir souterrain prospère également. Dans ce royaume de voleurs et de contrebandiers, nous rencontrons Shel, une messagère de bas niveau qui a un talent particulier pour détecter et déverrouiller la marchandise. C’est une profession dangereuse et impitoyable à laquelle elle veut désespérément échapper, mais le coût de la thérapie médicale onéreuse de sa fille l’empêche de se réfugier dans le droit chemin. Elle ne sait pas que la technologie a ses propres objectifs et que la clé pour la déverrouiller est enfouie en elle.
Je sais, vous vous demandez probablement pourquoi je traite d’un roman graphique. Je vais vous répondre par une question. Connaissez-vous Vincenzo Natali?
Natali vient du cinéma et il a contribué à former le cinéphile que je suis, et continue à alimenter mon plaisir. Il est un des rares créateurs qui réussissent à m’intéresser à la sci-fi. C’est pendant ma couverture du dernier Fantasia qu’on m’a proposé de lire son roman graphique. Le créateur recevait le prix Trailblazer de la part du festival.
Fantasia projetait, pour l’occasion, un film culte qui m’a beaucoup marqué à l’adolescence : Cube. Ainsi, Natali a fait irruption sur la scène cinématographique en 1997 avec son thriller de science-fiction surréaliste à petit budget, Cube. Ce film énigmatique raconte l’histoire d’un groupe de personnes qui tentent de s’échapper d’un labyrinthe cubique obscur où un faux pas accidentel entraîne leur démembrement complet par le cube lui-même. Le film a impressionné les spectateurs et les critiques par la capacité de Natali à repousser les limites du cinéma avec un budget restreint, et est devenu un film culte. Et clairement une inspiration pour la série Saw.
Plus récemment, et de façon plutôt ironique puisque je suis en ce moment en train de regarder cette série, il a créé The Peripheral, disponible sur Prime Video.
Ainsi, avec Tech, Natali offre un Roman graphique de Science-fiction et crime noir visuellement magnifique, à l’intrigue poignante.
Pourquoi un réalisateur décide-t-il de faire un roman graphique?
« Tech réalise mon rêve d’enfant d’écrire et d’illustrer mon propre roman graphique en suivant les traces de mes héros Jean Giraud (Moebius) et Enki Bilal. »
Vincenzo Natali
Cette histoire dystopique trainait dans la tête de Natali depuis plusieurs années. Au départ, il voulait en faire un film. Mais ce genre de récit demande un gros budget et surtout une grosse équipe. C’est pendant la pandémie et les grèves qui ont suivi que le réalisateur a finalement décidé de se lancer dans ce projet. Il avait du temps et un tout nouveau iPad pro qui lui offraient exactement ce dont il avait besoin pour faire la majorité du boulot par lui-même.
Il n’est pas un étranger à la narration dystopique. Chacun de ses six longs métrages plonge des personnages ordinaires dans un monde sombre régi par une logique apparemment impénétrable et suit les sujets dans leur lutte pour s’adapter à leur environnement. À travers ses efforts créatifs, Natali montre une étude passionnée de la condition humaine et de notre place dans l’univers.
Ici, il creuse l’idée des luttes de classe et de la destruction de notre monde par le capitalisme et le désir des hommes de prendre toujours plus de pouvoir. Les dessins sont très stylés, avec des lignes souvent peu définies. Les teintes bleues plongent le lecteur dans un univers glacial dans lequel peu d’espoir semble exister.
Natali a débuté dans l’industrie en tant que dessinateur de storyboard (sur Ginger Snaps) et est depuis longtemps un passionné de bandes dessinées. Écrit et illustré par Natali, le projet a débuté il y a cinq ans entre des projets de cinéma et de télévision. Grâce à Procreate, il a pu le dessiner, l’encrer, le colorier, créer toutes les mises en page et le lettrage. Il a passé trois mois à l’écrire, 10 à 14 heures par page, 200 pages, ce qui représente un total d’un an de son temps.
Et bien que je n’étais pas convaincu au tout début de ma lecture, le résultat final est superbe. Pas de texte inutile, des images incroyables et une histoire qui n’est pas trop loin de la réalité pour que ça reste passionnant. Voilà ce qui attend le lecteur de Tech.
Le lecteur peut avoir besoin de passer à travers le premier 50 pages avant de vraiment accrocher, mais le reste se dévore.
Franchement, une belle lecture!
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