Make me a pizza - Une

[Fantasia] Make me a pizza – Bien sauceux

« I mean, I don’t think this is unusual, right? Like, pizzas cost money. That’s the usual deal. I’m not being unreasonable. »
[Je veux dire, je ne pense pas que ce soit inhabituel, n’est-ce pas? Genre, les pizzas coûtent de l’argent. C’est le deal habituel. Je ne suis pas déraisonnable.]

MAKE ME A PIZZA - poster

Une femme très affamée (Sophie Neff) dit à un livreur de pizza (Woody Coyote) qu’elle ne peut pas payer la pizza qu’elle a commandée. Mais le sexe qu’elle propose à la place de l’argent peut-il équivaloir à la vraie valeur d’une pizza? Y a-t-il quelque chose qui puisse être digne d’une pizza, en dehors de ce que le marché a décidé? Ensemble, les deux décident que leur seule option est de devenir eux-mêmes l’objet de la pizza, de se transformer mutuellement en pizza, afin de devenir libres.

Avec Make me a pizza, Talia Shea Levin offre ce que l’on pourrait appeler une fantaisie absurde, érotique et anticapitaliste. Mais surtout un sérieux candidat à mon prix WTF pour Fantasia 2024. 

Old fashion

Tournée en 16 mm, avec des effets pratiques, Make me a pizza a clairement un petit côté rétro. Cette façon de faire a malheureusement trop souvent été remplacée par les effets numériques. Je ne dis pas que le numérique n’est pas intéressant. Mais parfois, je reste avec cette impression que c’est la méthode facile. Pas besoin de créer toutes sortes de matériaux sur le plateau. Mais ici, au contraire, on s’est donné du mal pour y arriver. 

Il y a aussi l’apparence des personnages qui laisse un effet rétro. On se demande presque en quelle année se déroule le film. Si ce n’était pas du prix de 29.99$ de la pizza, on croirait que ça se déroule dans les années 90. 

Make me a pizza - Old fashion
La femme (Sophie Neff) et le livreur (Woody Coyote)

Mais revenons aux effets pratiques… La sauce tomate et le fromage sont évidemment dégoulinants à souhait. Ces deux ingrédients sont utilisés, ici, comme on utilise le sang dans les films d’horreur.

« I wanted to use intimacy the way people use violence in horror, to pick under the skin and get to the gooey heart of things. » [Je voulais utiliser l’intimité comme on utilise la violence dans l’horreur, pour fouiller sous la peau et aller au cœur gluant des choses.]

Et il y a le pepperoni et les pointes de pizza. Certaines utilisations et symboliques sont évidentes, et la réalisatrice ne se gêne pas pour les utiliser. Le pepperoni qui devient un mamelon ou la pointe de pizza qui remplace le pubis alors que le livreur commence à manger l’entrejambe à la pizza de la femme. 

Par moment, ça suinte de facilité. Mais certains trouveront ça plutôt drôle. De mon côté, j’ai trouvé ça… osé. L’idée mérite d’être tentée, même si au final, ce n’est pas si gagnant. 

Une critique de la société?

La question qu’on se pose inévitablement en regardant Make me a pizza, c’est : est-ce qu’il y a une critique de la société, ou est-ce juste un film qui sert à amuser ses créateurs?

Make me a pizza - Une critique de la société

On pourrait certainement croire qu’il y a là une critique du capitalisme. Est-ce que la réalisatrice remet en question notre rapport à l’argent? Est-ce qu’elle questionne notre représentation de la valeur des choses?

On peut aussi y voir une façon de dire que le sexe ne devrait pas avoir de valeur marchande, mais plutôt une valeur de partage intense non monnayable. 

Un peu plus…

Je me questionne sur l’idée réelle derrière ce film. Ce n’est pas pour rien. La réalisatrice elle-même définit son film ainsi : 

Make me a pizza - Un peu plus

« Realism is deceit. The artifice and mess of passion and pizza provide a deeper truth, provide generative chaos or, at the very least, provide entertainment – itself a sacred catalyst for hope. » [Le réalisme est une tromperie. L’artifice et le désordre de la passion et de la pizza fournissent une vérité plus profonde, créent un chaos génératif ou, à tout le moins, fournissent du divertissement – ​​lui-même un catalyseur sacré d’espoir.]

Je vous laisse y réfléchir.

Make me a pizza est présenté au Festival Fantasia, le 1er août 2024.

Fiche technique

Titre original
Make me a pizza
Durée
12 minutes
Année
2024
Pays
États-Unis
Réalisateur
Talia Shea Levin
Scénario
Woody Coyote et Talia Shea Levin
Note
6 /10

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Fiche technique

Titre original
Make me a pizza
Durée
12 minutes
Année
2024
Pays
États-Unis
Réalisateur
Talia Shea Levin
Scénario
Woody Coyote et Talia Shea Levin
Note
6 /10

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