« Il a simplement répondu que, pour lui, il n’y avait que deux constantes : la famille et le changement. »
Benji (Mate Ortega Casillas), Oliver (Leonardo Cervantes) et Salvador (Farid Escalante Correa), trois jeunes frères, vivent dans une cabane au milieu des bois. Et ils cachent un sombre et inquiétant secret dans leur sous-sol.
Avec Párvulos, Isaac Ezban propose une histoire d’horreur dystopique sur le passage à l’âge adulte, qui se déroule dans un futur proche, après une pandémie causée par un virus inconnu.
Encore une histoire de zombies et de virus… On a déjà tout vu dans ce style, non? Hé bien, pas tout à fait. Bien que l’idée de base puisse sembler déjà épuisée, il semblerait que le duo Ricardo Aguado-Fentanes et Isaac Ezban ont trouvé une approche intéressante, et franchement différente malgré ses ressemblances.
Tout d’abord, il y a l’image. Le travail Rodrigo Sandoval Vega Gil à la photographie est simplement époustouflant. Sans oublier le travail au niveau des teintes et de la saturation. Plutôt que de miser sur une image sombre ou de filmer constamment dans le noir, ou encore de mettre le film en noir et blanc, on propose une image qui semble décolorée, ternie, déprimée. J’aurais envie de dire « fade », mais ça ne rendrait pas justice à la beauté du travail effectué. C’est simplement un visuel qui donne un sentiment de mal-être, de tristesse, de non-espoir.
Par moment, on utilise même un genre de fish-eye partiel, créant un effet déstabilisant, inquiétant.
Si on cherche une comparaison, il faudrait regarder du côté de séries plutôt que de celui du cinéma. On pourrait penser aux dernières saisons de Fear the walking dead, où les humains ont appris à vivre avec ces morts-vivants dans un monde sans espoir, violent, et déprimant.
Mais ici, on suit un ado – presque adulte – et deux enfants de 7-8 ans et 11-12 ans. Le réalisateur traite ainsi non seulement du futur déprimant et violent, mais aussi de ce que ce serait que de grandir dans ce nouveau monde. Comment préserver l’enfance alors que rien ne laisse entrevoir un quelconque espoir? À quel moment un enfant devient-il un « adulte » dans cette nouvelle réalité?
On ne peut pas dire que Párvulos fait réellement peur. À part quelques moments au début, on mise plutôt sur l’atmosphère lourde et inquiétante que sur les notions d’horreur traditionnelles du cinéma. Ce qui est effrayant, ce n’est pas les effets, mais plutôt la réalité que nous offre le film.
Évidemment, on ne parle pas de réalisme. Mais un film qui montre une pandémie causée par un virus qui tue une large partie de la population et change le monde, c’est maintenant plus proche de la réalité que ce ne l’était il y a 5 ans. Personnellement, il y a toujours quelque chose qui m’effraie dans ces histoires pandémiques.
Au final, on se retrouve avec un film qui peut captiver un très large auditoire. On peut s’y intéresser pour son image, pour son histoire de zombies, ou même pour nourrir notre sentiment d’inquiétude quant à l’avenir plutôt sombre de notre propre existence.
Quoi qu’il en soit, Párvulos réussit à amener le film de zombies à un autre niveau. Sans vraiment renouveler le genre, il le fait progresser, l’amène ailleurs. Certains diront que des films dystopiques, on en a trop et qu’il faut plutôt des films utopiques pour se doner un peu d’espoir. Je crois, au contraire, que ces films qui présentent un avenir sombre sont exactement ce qu’il faut pour que les gens se questionnent plus sur leurs actes et les répercussions qu’ils ont.
Mais bon… Je m’éloigne du sujet. Ce qui est certain, par contre, c’est que vous devez voir ce magnifique film!
Párvulos est présenté au Festival Fantasia, le 28 juillet 2024.
© 2023 Le petit septième