« Je porte ici un mandat d’arrêt pour le dénommé Edmond Dantès. »
Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès (Pierre Niney) est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.
Si Alexandre Dumas est surtout connu pour avoir écrit Les trois Mousquetaires, son autre roman le plus célèbre est sans aucun doute Le Comte de Monte-Cristo. Cette histoire d’évasion et de vengeance, parue de 1844 à 1846 dans les pages du Journal des débats, a connu un grand succès non seulement en France, mais aussi partout dans le monde. À l’instar des Trois Mousquetaires, le roman a connu de nombreuses adaptations, que ce soit au théâtre, à la radio, à la télévision et même en tant qu’inspiration, par exemple le manga Oldboy de Garon Tsuchiya et Nobuaki Minegishi, qui a été adapté en 2004 par le réalisateur Park Chan-wook.
Adaptation au cinéma
Au cinéma, de nombreux acteurs ont interprété le personnage d’Edmond Dantès. On a notamment eu Robert Donat en 1934, Pierre Brasseur en 1948 ainsi que Jean Marais en 1954. La dernière adaptation en date était le film américain de 2002, réalisé par Kevin Reynolds (Robin des Bois : Prince des voleurs, Waterworld) avec Jim Caviezel dans le rôle principal. Jusqu’à ce que le producteur français Dimitri Rassam ait l’idée d’adapter des grandes œuvres littéraires françaises en film à grand budget. Après avoir donné le diptyque des Trois Mousquetaires au réalisateur Martin Bourbelon, il offre cette nouvelle adaptation du Comte de Monte-Cristo, réalisé par le duo Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte (à qui on doit les scénarios des Trois Mousquetaires ainsi que Le prénom) et mettant en vedette l’acteur populaire Pierre Niney.
Et on peut dire qu’à l’instar de ses prédécesseurs, Delaporte et de La Patellière, les grands moyens ont été mis pour raconter la célèbre histoire d’Edmond Dantès qui, après s’être échappé de prison suite à un crime qu’il n’a pas commis, prend l’identité du mystérieux Comte de Monte-Cristo afin de se venger de ceux qui ont détruit sa vie.
De cape et d’épée
Le film est un excellent divertissement. Avec une production design de qualité, de grandes péripéties, des scènes d’action, tout est là pour rappeler les films de cape et d’épée qui ont fait les bonnes heures du cinéma français, dont les précédentes adaptions du roman en ont fait partie. Cette approche du film est même, dans une certaine mesure, meilleure que les deux parties des Trois Mousquetaires, qui s’engouffrent un peu dans leur volonté de placer l’histoire dans un contexte historique.
Même sa durée est conséquente, car comme les films de Mousquetaires de la même équipe qui ont fait le choix de séparer l’histoire en deux, Le Comte de Monte-Cristo fait près de trois heures. Et le film est plutôt bien rythmé, car malgré sa longue durée, on s’ennuie très rarement devant, surtout grâce à la trame du film qui est des plus excitantes.
Mais on sent aussi des lacunes dans le scénario. Certaines séquences sont trop vite expédiées. C’est notamment le cas dans la prison et l’apprentissage d’Edmond qui est à peine montré. Un personnage aussi important dans le roman que l’abbé Faria perd aussi de son ampleur, surtout avec un acteur aussi talentueux que Pierfrancesco Favino. Même si le film fait trois heures, il aurait quand même pu profiter d’un trente à 60 minutes supplémentaires. Et mis à part Pierre Niney qui réussit la lourde tâche de porter le film sur ses épaules et de Laurent Lafitte, parfait en antagoniste, la plupart des acteurs du film ne sont pas autant convaincants et sonnent souvent faux en parlant avec des dialogues très littéraires. C’est surtout le cas d’Anamaria Vartolomei dans le rôle d’Haydée, et c’est d’autant plus dommage pour celle qui a percé dans L’événement d’Audrey Diwan.
Il reste que la version du Comte de Monte-Cristo par Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte est un grand film de divertissement. La preuve que si les moyens et les talents y sont investis, le cinéma français actuel peut être à pied égal, voire dépasser les grands blockbusters hollywoodiens. Le résultat est certes imparfait, mais ça reste un effort louable que l’on souhaite voir plus régulièrement venant de l’hexagone.
Le conte de Monte-Cristo est présenté au Festival Fantasia, le 19 juillet 2024.
