« When we first arrived in Lemon Creek, there was no running water. I was hired as a waterboy to draw water from a well or spring nearby and carry it to the kitchen. »
[Lorsque nous sommes arrivés à Lemon Creek, il n’y avait pas d’eau courante. J’ai été embauché comme garçon d’eau pour puiser l’eau d’un puits ou d’une source à proximité et la porter à la cuisine.]
Landscapes of Home examines the lives of two doctors in the mid-20th century: Henry Shibata, a Japanese Canadian born in Vancouver, and Stuart Cooper Robinson, a Canadian born in Nagoya, Japan. Their worlds are upended by WWII, with Shibata facing internment in the Rockies, while Robinson is pushed from his lifelong home in Japan amidst growing intolerance.
Avec Landscapes of Home, Alice Il Shin retrace le parcours transformateur des docteurs Henry Ryusuke Shibata et Stuart Cooper Robinson, leur résilience et les marques indélébiles laissées par le déplacement. À travers leurs histoires, elle réfléchit sur la lutte des Canadiens japonais sous un nouvel angle et redéfinit ce que signifie trouver un chez-soi dans un contexte de guerre et de perte.
Saviez-vous que pendant la Deuxième Guerre mondiale, le Canada avait mis en place des camps de travail pour les Japonais et leurs descendants qui vivaient ici? Oui, des camps de travail afin d’enfermer ces indésirables. Moi, je n’en avais jamais entendu parler. Évidemment, ce n’est pas le genre de chose dont un pays se vante par après. Mais c’est tout de même incroyable que ce fait ne soit pas enseigné.
Voici tout l’intérêt d’un film comme Landscapes of Home, qui raconte l’histoire de deux médecins ayant vécu dans les camps d’internement des Canadiens d’origine japonaise qui ont perdu leur maison et leur identité dans les années 1940. La réalisatrice a bien choisi ses intervenants pour raconter cette histoire, puisque Henry Shibata est un homme d’origine japonaise né au Canada, alors que Stuart Cooper Robinson est un blanc d’origine canadienne né au Japon. Ainsi, on peut nous présenter de manière équivalente comment on vivait en tant que minorité dans ces deux pays.
Pour le spectateur, ce choix marque l’imaginaire. Nous, Canadiens, sommes habitués de voir des gens d’origines autres vivre ici, mais de voir un homme d’origine canadienne naitre et grandir au Japon, ça, on ne le voit pas souvent. D’ailleurs, dans les années 1930-1940, il devait réellement être minoritaire au Japon.
Ainsi, avec des entrevues en têtes parlantes et des images d’archives, Alice Il Shin raconte comment la guerre a changé la vie de ces hommes et de leur famille.
En mettant en parallèle l’histoire de ces deux hommes, la réalisatrice amène le spectateur à s’interroger sur le racisme et sur les effets de la guerre. Ainsi que sur la prise de position des gens ordinaires lors d’une guerre.
On se souvient comment la pandémie a créé du racisme envers les personnes d’origine chinoise chez nous – en fait envers toutes les personnes d’origine asiatique puisque pour bien des gens il n’y a pas de différence entre un Chinois, un Japonais ou un Vietnamien. Maintenant, imaginez que plutôt qu’un virus, il s’agit d’une guerre et qu’un des ennemis est facilement reconnaissable de par son origine ethnique…
Ainsi, avant même que les Canado-Japonais se retrouvent dans des camps, le racisme et ses toujours vertueux commentaires s’installaient de façon très prononcée en Colombie-Britannique. Henry Shibata donne plusieurs exemples, alors qu’on entend une chanson de l’époque qui dit en refrain : White Canada forever! » Le docteur explique que dès le moment où la Guerre s’est déclenchée, il se faisait constamment interpeller par un senti « Hey you Japs ».
Avant le déclenchement de la guerre, il y avait déjà du racisme, évidemment. D’ailleurs, si on se fie à ce qu’on entend dans Landscapes of home, Shibata subissait beaucoup plus de racisme que Stuart Cooper Robinson. Les Japonais étaient, semble-t-il, très accueillants et respectueux envers cette famille qui vivait avec eux depuis maintenant 3 générations. Lorsque le Japon est entré en guerre, quelques commentaires du genre « Little spy » commençaient à se faire plus présents. Il explique d’ailleurs que la police est déjà venue les rencontrer pour vérifier si les enfants ne seraient pas, effectivement, des espions…
Ce que cette guerre aura fait, pour ces deux adolescents, aura été de les forcer à quitter leur pays pour retourner à celui de leurs parents. Et une fois la guerre terminée, et la poussière retombée, qu’ont fait ces deux hommes? Je vous laisse deviner, ou simplement regarder le film pour le savoir.
Car Landscapes of home est un film important qui traite d’un sujet qui n’est pas ou peu connu des Canadiens. Et en cette période où l’intolérance et le racisme se fraient de plus en plus un chemin dans notre vie, chaque remémoration des dangers de l’extrémisme est importante afin d’éviter de nouvelles dérives.
Quant à moi, je suis heureux d’en connaître plus sur notre passé, même s’il ne s’agit pas de quelque chose de positif. Il est important de connaître les erreurs du passé afin d’éviter de les reproduire. Non?
Landscapes of home est présenté au TJFF le 18 juin 2024, en présence de la réalisatrice.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième