Mesdames et Messieurs! Nous revoici devant l’arène avec nos gladiateurs éperdus d’images et de mots. Ces ménestrels du pinceau, architectes d’idées. Iels dépassent la page blanche et la transforment sous nos yeux ébahis.
Mais avant que n’entrent les derniers participants sur le ring, j’aimerais que l’on donne une bonne main d’applaudissement pour le programme de mentorat d’animation Hothouse 14 offert par l’ONF qui en est à sa quatorzième édition. Rien de mieux pour donner un peu plus de visibilité à ces artistes visuels qui s’efforcent encore et toujours à nous épater avec des créations faites de leurs mains à la sueur de leur front.
Alors sans plus attendre, regardons-les répandre leur sang et leurs tripes comme seuls les artistes savent le faire!
Une femme trouve dans l’énergie du tango la voie de la libération intérieure.
Dans LOCA, Véronique Paquette réimagine comment le regard que nous portons sur soi-même transforme et transporte notre être. Elle démontre avec une technique empreinte d’allégresse et de simplicité – mais complexe et profonde dans son exécution – comment l’âme s’enfonce dans la noirceur puis s’en extirpe avec grâce. L’adresse de l’artiste évoque l’intériorité qui évolue avec l’expression de cette dernière.
Le film s’ouvre avec une voix douce qui s’élève sur un fond blanc, car ici c’est la page qui représente le vide; le canevas avant que ne s’y plongent les mains de l’artiste. Un œil esseulé est tapi dans l’ombre. Dans la noirceur de sa tristesse, le regard semble apercevoir au-delà de la lumière une silhouette, une esquisse. Puis, sur une musique suave et entraînante les lignes et les formes se mettent à danser tout en disparaissant L’encre qui inonde la page ou se dilue, s’étend et pâlit. Des traits du crayon jusqu’aux éclaboussures de la peinture à l’eau toujours dans des teintes franches de noir et de blanc continuent d’accentuer les effets de dichotomie à chaque pas de danse effrénés.
Le court métrage se termine et pourtant monte en moi un sentiment léger semblable au renouveau. Une impression d’avoir surmonté une rupture douloureuse après un amour passionné et puissant. Quelle force d’être capable de communiquer avec son âme; abolir toutes les frontières du corps et de l’esprit, puis être capable de ressentir à mon tour. Je souhaite que tous ceux qui l’auront vu se sentiront comme je me suis senti par la suite.
LOCA est présenté aux Sommets du cinéma d’animation, les 8, 10 et 11 mai 2024.
Bande-annonce
Titre original : LOCA
Durée : 5 minutes 19 secondes
Année : 2024
Pays : Canada
Réalisation : Véronique Paquette
Scénario : Véronique Paquette
Note : 8.5/10
Mettant en mouvement les poèmes et les dessins d’Henri Michaux, Misérable miracle nous propulse au-delà de la page, dans un monde fiévreux aux frontières du langage et de la perception.
Misérable Miracle, de Ryo Orikasa, s’avance dans le ring. Il court vers le coin, grimpe et tente un saut du troisième câble! Réussira-t-il? Vous aurez votre réponse en cliquant sur ce lien afin de lire mon précédent article.
Misérable miracle est présenté aux Sommets du cinéma d’animation, les 8 et 11 mai 2024.
Bande-annonce
Titre original : Misérable Miracle
Durée : 8 minutes
Année : 2023
Pays : Canada
Réalisation : Ryo Orikasa
Scénario : Ryo Orikasa
Note : 8/10
Une bataille in utero entre des jumeaux.
Voilà un court métrage d’animation bien surprenant et que j’ai bien aimé. Cameron Kletke amène avec humour une mésentente entre fœtus de jumeaux alors qu’iels sont encore au centre de l’utérus. Lors de mon visionnement, je fus soulagé de voir que le but n’était pas d’aller dans le sombre ou le sanglant (on ne sait jamais sur quoi on peut tomber dans ce genre d’évènement), mais bien d’amuser son public avec humour et légèreté.
Il y quelque chose qui me plaît indéniablement dans la comédie bouffonne — qu’on nomme aussi « slapstick comédie » en anglais — que je ne saurais vraiment décrire. J’avoue (quitte à perdre de la crédibilité) avoir eu depuis toujours un penchant pour les Looney Tunes, The Stooges et même… Spongebob Squarepants (nooon! Ne m’abandonnez pas, cher lectorat adoré!). Le film de madame Kletke en est un du genre, car, en effet, il est difficile de ne pas glousser devant cette animation vive et énergique.
Ce qui m’impressionne c’est le peu de temps qu’il faut pour que l’on s’imagine bien comment certaines images puissent surgir dans l’imaginaire d’une femme qui porte la vie. La vie bouge dans le ventre et on lui attribue naïvement déjà une innocence et une beauté qui ne serait être espiègle, mais qu’en est-il vraiment? Les frères et les sœurs se chamaillent aussi, c’est inévitable. Alors pourquoi quelques-uns de ses jolis coups de pieds ne pourraient-ils pas avoir été destinés au visage de son jumeau? 😉
Un ventre pour deux est présenté aux Sommets du cinéma d’animation, les 8, 9, 10 et 11 mai 2024.
Extrait
Titre original : Not enough womb for the two of us
Durée : 1 minute 49 secondes
Pays : Canada
Année : 2024
Réalisation : Cameron Kletke
Scénario : Cameron Kletke
Note : 8.5/10
Maintenant que les challengers ont tous été annoncés, il ne reste plus qu’à voir si ça passe ou ça casse (quelqu’un se souvient de ça?)! La lutte sera chaude croyez-moi. Rarement, ai-je vu autant de potentiels et de talents tant prometteurs que variés. Aucun doute ne vient obscurcir la certitude que le cinéma d’animation ainsi que les courts métrages gagnent à être connus davantage et obtenir plus d’accessibilité aux plateformes comme le cinéma et les chaînes de divertissements.
Lorsque j’étais enfant, la télévision amenait — au-delà des publicités (qui étaient meilleures d’ailleurs!) — un lot de petits « trous d’horaires ». Ces moments où souvent on y insérait, par exemple, une courte animation de l’ONF ou encore des toiles qui se faisaient peindre. Je sais que cela n’est peut-être pas le plus attrayant pour les jeunes générations qui nagent dans une mer infinie de contenus divers et multiples, mais je continue à croire que ce que l’art peut nous apporter ne s’acquiert pas dans les choses qui nous sont connues. Je crois que la curiosité et la surprise sont deux émotions à la base de l’émerveillement et de la compréhension.
Ah! Et puis regardez-moi. Me voilà encore qui me perds dans mes idées philosophiques et moralisatrices. L’important en ce moment c’est de souligner le travail extraordinaire des artistes qui compétitionnent. Toutefois, ce n’est pas la fin pour moi! Je vous reviens bientôt avec une surprise finale hors concours! À plus, lectorat!
Une musique classique très à propos lorsque l’on se trouve devant l’après d’un combat. Qui d’autre que Samuel Barber et son Adagio?
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