Léuli Eshrāghi dévoile ses récentes œuvres vidéo explorant la mémoire et la joie autochtoqueers et incarnées, à travers son regard unique d’artiste, poète et commissaire autochtone, sāmoan·e, persan·e, cantonais·e et européen·ne.
La projection était ensuite suivie d’une discussion lors d’un échange bilingue animé par Nayla Naoufal, directrice artistique du festival.
Il est nécessaire de diviser cette soirée en deux parties bien distinctes et bien inégales. Je vais commencer par les projections qui, soyons honnêtes, n’ont pas une grande valeur en tant qu’œuvres cinématographiques, ou vidéos.
Le volet visionnage n’a pas duré plus de 40 minutes et, pourtant, j’ai failli m’endormir à plusieurs reprises. À quoi bon projeter des films si l’image n’a pas été travaillée, que le son n’a pas été pris correctement (disons avec une qualité minimale) et que les prestations semblent ne pas avoir été vraiment travaillées?
La seule partie qui a une certaine valeur, c’est le tout premier segment dans lequel nous avons un groupe de personnes d’origines autochtones d’Océanie qui sont réunies dans ce qui ressemble à un genre de banquet qui n’est pas sans rappeler les orgies de bouffes romaines (dans le style visuel). Mais la suite n’est qu’une succession de séquences ennuyante et sans saveur.
On comprend, bien sûr, que l’artiste tente de partager des bribes de culture samoane. Mais lorsque le son vient et va et qu’on se retrouve donc avec aucun son pendant quelques minutes, puis soudainement on a un son pris de façon amateur dans lequel il y a un gros bruit de fond blanc, puis retour au silence total (un silence causé parce qu’il n’y a pas eu de prise de son), on décroche trop facilement.
Il y a cette autre séquence dans laquelle une personne performe un genre de rituel en lisant un texte qu’il tient en main, sous une pluie d’orage. N’aurait-il pas été possible que la personne qui performe aille appris son texte plutôt que de le lire? Et lorsqu’on prend des images que l’on compte présenter sous format vidéo, il faut absolument mettre un peu d’effort sur la prise de son, encore une fois.
Ainsi se poursuivent les séquences vides, de moments d’observation sans additifs.
Avec de passer au positif, je dois spécifier une chose. L’inclusion, c’est bien, c’est important. Ceci étant dit, nommer Montréal dans tous ces noms autochtones à plusieurs reprises n’est pas nécessaire et plutôt que de faire progresser les mentalités, ça devient agressant et ça risque de causer l’effet inverse. De répéter 4 ou 5 fois que nous sommes en territoire non cédé aussi, ça devient lourd. Finalement, l’écriture non-genrée et super inclusive, c’est lourd, mais nécessaire. Je l’accepte avec tous ces foutus petits points noirs qui rendent la lecture difficile. Mais au parler, c’est carrément pénible. Utiliser le pronom du choix de la personne, c’est parfait. Mais lorsqu’on en vient à mettre chaque adjectif au masculin et au féminin dans chaque phrase, on s’y perd. Je comprends que Léuli Eshrāghi s’identifie d’un genre fluide. C’est bien correct. Mais lors d’une discussion, est-ce possible de s’entendre sur un genre à utiliser lorsqu’on doit conjuguer les adjectifs?
La démarche artistique, critique et commissariale de Léuli Eshrāghi privilégie la visualité internationale autochtone, asiatique et noire, les langues sensuelles et parlées, et les pratiques cérémonielles-politiques. Eshrāghi est également la·e conservateur·trice des arts autochtones au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM).
Lors de la discussion, iel a présenté quelques-uns de ses poèmes et, franchement, une soirée de poésie aurait été beaucoup plus intéressante et aurait certainement été une meilleure façon de faire la promotion des thèmes qui lui sont chers.
Tout de même, la discussion – qui ne portait pas tant sur les œuvres qu’on venait de voir – était enrichissante. La conversation a eu lieu principalement entre Nayla Naoufal et Léuli Eshrāghi alors que seulement deux questions sont venues du public.
Heureusement que l’échange était intéressant, sinon j’aurais vraiment eu l’impression de perdre ma soirée…
Siapo viliata o le atumotu et d’autres récits incarnés du vivant était présenté au Festival Accès Asie le 9 mai 2024.
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