« Pour combattre le Minotaure, Thésée devra entrer dans le labyrinthe. »

Sur l’île de Crète, chaque recoin est un terrain de jeu pour Icare, le fils du grand inventeur Dédale. Lors d’une exploration près du palais de Cnossos, le petit garçon fait une étrange découverte : un enfant à tête de taureau y est enfermé sur l’ordre du roi Minos.

En secret de son père, Icare va pourtant se lier d’amitié avec le jeune Minotaure nommé Astérion. Mais le destin bascule quand ce dernier est emmené dans un labyrinthe. Icare pourra-t-il sauver son ami et changer le cours d’une histoire écrite par les dieux?

Avec Icare, Carlo Vogele raconte le mythe du même nom, en lui donnant une histoire plus complète que ce que nous en connaissons. Il offre ainsi une œuvre complète et autonome inspirée d’une histoire plus grande que nature. 

Le mythe

Dans les récits mythologiques, Icare est un personnage dont on connaît la chute, mais assez peu l’histoire, au contraire de son père, Dédale. 

C’est cette méconnaissance de l’histoire réelle du personnage qui a créé cet intérêt chez Carlo Vogele, le réalisateur.

« Quand j’ai cherché un héros de la mythologie, Icare m’est apparu comme une page blanche. Le mythe ne tourne que sur l’envol et la chute. Quand on lit les textes chez Ovide, il y a très peu de détails supplémentaires. Alors, Icare s’est imposé naturellement. On ne connaissait pas son enfance. Il y avait tout à construire ». 

Carlo Vogele

C’est avec la complicité de la scénariste Isabelle Andrivet que l’histoire de l’enfance d’Icare prendra vie. Curieux et sans a priori, Icare ne considère jamais Astérion (le Minotaure) comme un monstre, contrairement aux adultes. Comme un écho antique au Petit Prince, les choses ne sont pas toujours ce qu’on voit. Les enfants ont cette ouverture et ne s’arrêtent pas à certains aspects qui peuvent bloquer les adultes. Le monstre n’est souvent pas celui qu’on croit. Mieux, Icare fera du Minotaure son frère, celui qu’il comprend même sans mots.

Un peu comme le tourbillon du nautile qui inspire Dédale pour construire son célèbre labyrinthe, l’histoire connaît une accélération à mesure que l’on s’approche de son milieu. Finis les jeux d’enfants d’Icare, les personnages sont entraînés dans des réalités plus complexes où les destins sont déjà scellés… Un point de bascule qui se fait au moment où Astérion, enfant illégitime de la reine Pasiphaé et d’un immense taureau, est enfermé dans le labyrinthe. Ce changement de rythme s’impose par les problématiques qui deviennent plus adultes – comme les personnages – au fil du récit.

Classique

Le réalisateur a choisi d’utiliser un style d’animation qui rappelle les animés des années 90, laissant de côté la 3D moderne. Pour un récit classique, ce choix est judicieux et je dois admettre que j’aime bien ce rendu qui ne laisse aucun doute sur le fait qu’il s’agit de dessins. 

S’ajoute aux traits de l’image, les couleurs utilisées. De la pierre rouge du palais aux bleus de la mer, Icare transporte le spectateur dans un dédale (oui, c’est un jeu de mots) de couleurs. Et lorsque la lumière s’éteint, on découvre le labyrinthe et son traitement des noirs très impressionnant pour une séquence de combat inoubliable. Les lignes se mélangent et comme le personnage, le spectateur s’y perd. 

D’ailleurs, cette séquence est une autre belle occasion d’apprendre aux enfants quelques détails de la vie de tous les jours provenants de l’Antiquité. Cette notion que nous avons sur le web, qui permet de retrouver notre chemin dans un site en cliquant sur la flèche de recul, ou sur les liens qui apparaissent en haut de page s’appelle le fil d’Ariane. Autre élément intégré au film, alors qu’Ariane, fille de Minos, donne un fil d’or à Thésée pour qu’il puisse revenir en arrière, pour qu’il retrouve son chemin dans le labyrinthe. 

Ce sont ces détails qui rendent un film de famille intéressant pour les adultes. 

Un peu plus…

Les bonnes animations ne sont pas si fréquentes. Divertissantes, oui, mais qui offrent une valeur ajoutée tout en étant divertissantes, ce n’est pas fréquent. Et c’est exactement ce qu’offre Icare.

Les enfants ont aimé. J’ai aimé. Et nous avons eu l’occasion de discuter plus en profondeur de la mythologie grecque. 

Quoi demander de plus?

Icare est présenté au FCMS les 13 et 14 avril 2024.

Bande-annonce