« He is a nightmare… »
[Il est un cauchemar…]
Afin de célébrer la fin du lycée, Tara, Skye et Em s’offrent leurs premières vacances entre copines dans une station méditerranéenne ultra fréquentée. Le trio compte bien enchaîner les fêtes, cuites et nuits blanches, en compagnie de colocs anglais rencontrés à leur arrivée. Pour la jeune Tara, ce voyage de tous les excès a la saveur électrisante des premières fois… jusqu’au vertige. Face au tourbillon de l’euphorie collective, est-elle vraiment libre d’accepter ou de refuser chaque expérience qui se présentera à elle?
Tara, Skye et Em sont trois adolescentes anglaises, souhaitant célébrer la fin de leurs études secondaires en Crète, dans une station touristique où la fête bat son plein. Tel un « springbreak » américain, ces moments entre copines leur promettent un passage vers l’âge adulte décontracté, loin de la pression scolaire et professionnelle. Mais de tels désirs ont leurs limites : parmi elles, celle de parvenir à se protéger des expériences néfastes et destructrices.
Les trois adolescentes et amies ne retiennent pas leur joie de pouvoir profiter de vacances festives au soleil, après une année chargée d’interrogations et de tensions quant à leur avenir. L’énervement de ce trio ne semble pouvoir se calmer qu’après des sorties en boite de nuit emplies d’alcool, alors que les effets post-euphorie se sacralisent en questionnements et affirmations d’une amitié indestructible. La rencontre avec un autre groupe d’adolescents anglais, dont l’hébergement est voisin au leur, va précipiter les souhaits d’émancipation de Tara plus rapidement que prévu.
Parmi eux, elle apprécie la compagnie de Badger, un jeune homme simple et décontracté qui lui voue également de l’intérêt. La première partie du film, euphorisante et rythmée, met en avant la détermination des jeunes filles à paraître plus âgées qu’elles ne sont, afin de vivre de nouvelles expériences. La musique assourdissante martèle les soirées, l’alcool coule à flot, mais les jeux de mauvais goût destinés à détendre l’atmosphère parmi les jeunes finissent par rendre Tara mal à l’aise. Ses désirs semblent se confronter à son jeune âge, et la superficialité rencontrée lors des premiers moments loin de chez elle la fige dans une posture où la possibilité d’accepter ou de refuser peine à trouver sa place.
La rencontre non désirée avec un autre jeune homme de la bande, Paddy, va à deux reprises poser la question du consentement. Comment parvenir à faire entendre sa voix, répondre par la négative alors que la pression sociale entoure la jeune fille? De moins en moins à l’aise au sein du groupe et des soirées en clubs, elle s’isole et ne parle qu’à demi-mot à ses amies, dont la réaction diffère. Skye la pousse à parler, fait des réflexions mesquines et ne perçoit pas la tristesse de Tara. Quant à Em, empathique et proche de son amie, constate le changement sans avoir encore les clés pour le comprendre.
La deuxième partie du film isole la jeune fille dans une posture mélancolique, que parvient à déceler Badger. Aucune confrontation n’aura lieu avec Paddy, et le manque de discernement des uns et des autres ne manque pas de surprendre. Peinant à trouver sa place, Tara parviendra à parler à Em, sa meilleure amie, alors qu’elles sont à l’aéroport vers le chemin du retour.
L’adolescence, un voyage initiatique? Lorsque le moi est encore fragile, l’euphorie peut à tout moment céder sa place à la détresse. Molly Manning Walker parvient parfaitement à représenter cette jeunesse à la fois innocente et décomplexée dont les expériences peuvent s’avérer aussi bien salvatrices que destructrices, dans son prometteur premier long métrage lauréat du prix Un Certain Regard au Festival de Cannes 2023.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième